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Kira Burundi, la grandeur des petits gestes (Iwacu 6/7/2014)

Kira Burundi est né d’un rêve partagé entre un groupe d’amis : redonner amour et avenir aux enfants de la rue dispersés au marché central de Ngozi. Un rêve devenu réalité.

Ngozi, 23 juin 2014. C’est un matin frileux bien que le soleil soit au zénith. A la stationde lavage de voiture, des jeunes s’activent. Savons et eaux passent des mains gaiement. « Ça fait 4 mois que nous sommes là, et les affaires se passent plutôt bien », informe Vianney.
Ils sont une dizaine à travailler dans cette station. De jeunes hommes qui sortent fraîchement de la rue. « Aujourd’hui, je suis indépendant, j’ai un logement, un salaire… », raconte Elvis non sans fierté. Et, clin d’œil à l’appui, il ajoute : « Je pourrais même me marier, si je voulais. » Fou rire général dans la station.

Peu de moyens, mais la main sur le cœur

Rukundo, 12 ans, est troisième de classe en 4ème primaire. « C’était mon rêve de retourner à l’école », confie timidement l’enfant. Rêve qui s’est concrétisé il y a un an. Après deux ans dans la rue, il a rencontré, un soir dans un bistrot où il mendiait, un groupe de jeunes hommes. Après quelques rencontres, ils lui ont demandé pourquoi il était dans la rue. Et ils lui ont dit ce qu’il pourrait faire pour que cela change. « Je n’ai plus de famille à part une amie de ma défunte mère que je croisais de temps en temps au marché ».
L’amie, c’est Césarie Niyongere, mère de 9 enfants. « Malgré mes moyens modestes, j’ai accepté d’accueillir Rukundo chez moi. Et Kira Burundi me soutient financièrement. Ils m’ont même donné une vache ».

Rukundo n’est pas le seul à avoir trouvé une famille. Emery, Claudine, et trois autres ont aujourd’hui des familles d’accueil. Certains ont encore leurs familles, mais ces dernières n’étaient plus en mesure de les élever ou les avaient abandonnés tout simplement. « Après l’école, je vendais des arachides pour payer mes frais scolaires et subvenir aux besoins de ma famille », un mauvais souvenir qu’Emery tente d’effacer en se consacrant de plus bel à ses études.

Et de grands résultats

« Nous défions en fait le fonctionnement des ONG », soutient fièrement Diomède Niyonzima, le président de Kira Burundi. Et pour cause, la petite association fonctionne avec ses propres moyens, certes modestes. Différentes activités sont organisées pour la collecte de fonds au Québec, où vit ce dernier (compétitions, courses de ski, ventes de biscuits, de CD de musiques burundaises, soirées de Gala, des dons des artistes, etc.) « Cet argent nous permet d’organiser des repas hebdomadaires et des activités psychosociales », fait-il savoir.

C’est lors de ces rencontres hebdomadaires, nous dit Alphonse Ndagijimana, représentant de Kira Burundi à Ngozi, que les problèmes des enfants sont identifiés et des solutions envisagées. Ainsi 6 enfants sont réinsérés scolairement et s’épanouissent aujourd’hui dans des familles d’accueil. La station de lavage, quant à elle, ne désemplit pas. Même un bistrot a été ouvert sur place, pour grandir l’autonomie de l’association. « Le but, c’est de permettre à ces enfants de se tailler une place dans la société, d’y grandir et de s’épanouir.», conclut le Président de Kira Burundi, Diomède Niyonzima.