Burundi : Juru ryi kagongo ou Mukasato, la femme du python sacré Bihiribigonzi
Partage

Le couple python Mukasato -Bihiribigonzi montre l’étoile, la destinée du Mwami

Gitega, 02/08/2022 – Les Barundi.kazi sont un peuple de l’Ubuntu. Ainsi dans leurs habitudes cultuelles quotidiennes, elles/ils invoquent – Ma – que l’on retrouve dans le mot – KaMa, nom de l’Afrique -, qui n’est autre que MuKaKaryenda, la femme tambour, mère primordiale, porteuse de notre vitalité. Pour rappel, c’est le couple MukaKaryenda-Karyenda qui a mis au monde – Imana – la divinité suprême portée par toutes les créatures vivant dans notre univers -uburemagi-. Passant par Imana, grâce au couple MukaKiranga – Kiranga, il est permis de voyager dans les 2 mondes visible et invisible. Ainsi les Barundi.kazi peuvent aisément communiquer quotidiennement avec leurs ancêtres – abasogokuruza -.
           Ce mardi, Agnews a tenté de comprendre qui était/est – Juru ryi kagongo – ou – Mukasato – , la femme python, dans le contexte de l’Ubuntu. Au Burundi,  – isato –  peut être le petit python royal ou le grand python ( python de seba). Le python peut être dit aussi -(in)shoro / (ubu)shoro -.
Juru ryi kagongo ou Mukasato est la femme ( genre féminin ) du python sacré Bihiribigonzi ( genre masculin ) .
A l’époque d’ – ingoma y’uburundi -, dans les enclos à Kirwa, Juru ryi kagongo – ou Mukasato ( la femme du python ) était une institution. Ayant pour fonction de nourrir le python sacrée Bihiribigonzi ( genre masculin ).
Barahemana (1935), une femme choisie parmi les grands -imiryango- Barundi de l’alliance – ganwa -, fut, à cause de la Colonisation ( Crime contre l’Humanité ),  la dernière Juru ryi kagongo. Elle habitait à l’enclos rituel de Kagongo, près de Kiganda à Muramvya.
Isato, chez les Barundi, le python, est d’abord un serpent – inzoka / ikiyoka -. Le serpent, étant en contact permanent avec la terre – isi -, porte – la vérité de la vitalité – ou – le caché de la vitalité – , permettant de sentir ou de savoir si une chose ou un individu est dans le vrai ou le faux, car dégageant une énergie vitale particulière. Par exemple, le serpent qui habite dans la parcelle –itongo– connait ses habitants. Si un étranger s’en approche, le serpent le sait. Le serpent peut être utilisé comme un protecteur de – matongo -,s’attaquant uniquement aux étrangers.
            Isato, le python, ajoute à cette qualité de pouvoir sentir – une énergie vraie ou évoluant dans le bon sens -, celle de pouvoir donner une forme ou de transformer la vitalité d’une chose ou d’un être, en la métamorphosant en une destinée ou un destin -ikibariro-.
Chez les Barundi, la destinéeikibariro – d’une personne ou d’une chose est le feu porté par cette entité. Les Bahanuza/ Bahanuza Barundi , eux, y voient une étoile -umunyenyeri-,soit la part de divinité naissante propre rayonnante c’est à dire – l’ imana – portée par cette entité.
               Ainsi le couple Juru ryi kagongo – Bihiribigonzi transformait ou faisait grandir l’individu choisit comme – Mwami – en un Mwami, endossant sa véritable destinée, en se dirigeant vers sa véritable étoile.
De même pour les autres fonctions, la proximité du python était efficace pour transformer positivement un individu.
Juru ryi kagongo , en allant nourrir Bihiribigonzi, savait oui ou non si le Mwami évoluait dans le sens véridique de sa destinée, de son étoile ou pas, permettant d’agir en fonction en rectifiant la trajectoire.
En fin de journée, dans la nuit de notre ciel, le couple python Bihiribigonzi – Jururyikagongo est observable en action. Il suffit d’observer le cheminement de – la vie portée – dans le ventre de Mukakaryenda -Ma- jusqu’à sa sortie ou naissance, entrain de prendre forme, entrain de devenir -la destinée-, soit entrain de devenir une étoile.
Parmi les Bagumyabanga, notamment les Bapfumu Bahanuzi / Bahanuza, ces derniers font recours aux serpents pour connaître la véritable destinée des Barundi le souhaitant. Par exemple, lorsqu’un(e) orphelin(e) était perdu(e) ou confus(e), les Bapfumu Bahanuzi / Bahanuza faisaient recours particulièrement aux pythons vivant dans la proximité de l’itongo de la personne pour révéler la destinée de sa vitalité l’aidant de la sorte à réaliser sa vie. Les Bapfumu Bahanuzi / Bahanuza lui montraient dans le ciel l’étoile qui allait guider sa vie. Quand au couple Jururyikagongo – Bihiribigonzi, ce dernier portait la véridique destinée de la vitalité du Mwami et de sa famille.
       Les pythons, étant très utile, on en trouvait dans les divers domaines à rituel ( Kirwa, Nkoma, Magamba, Kigonge … ). Certaines personnes prennent des habits en peaux de pythons vivant prés de chez eux pour s’assurer de réussir leur vie. La bouillie – umusururu – de farine de sorgho – ifu y’amasaka – permettait de conserver sa trajectoire de vie, sa destinée, son étoile dans le ciel.
A l’époque d’ingoma y’uburundi, ceux qui devaient initier le futur mwami utilisaient le python sacré de Nkoma. Ce python permettait de mieux connaître avec certitude le futur mwami. A Nkoma, on tuait le taureau –imfizi– de l’individu choisi en étendant sa peau par terre, contre le sol. Puis le python sacré de Nkoma sortait du sol vérifiant d’abord, par un sens –inkenuzo-, -le véridique de la vitalité – porté par la peau du taureau de cet individu, puis révélait – la destinée de cette vitalité – . Ainsi, le python sacré, avec sa tête, frappé la peau du taureau. La mélodie produite par les battements de la tête du python contre la peau du taureau mort de ce dernier indiquait la – véritable destinée de la vitalité – portée par le futur Mwami, permettant de la sorte de pouvoir baptiser son futur tambour -ingoma- en tant que Mwami , en donnant un nom à son futur tambour. Au passage, ceux qui initiaient le futur mwami lui octroyé son – muhanuzi – ( un institution , soit un fonctionnaire veillant à la réalisation de la destinée du Mwami ) qui était son bras droit tout au long de sa vie ou de son règne.
Chaque mwami murundi avait son muhanuzi.

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mardi 27 juillet 2022 | image : bdiagnews