La CVR au centre de la réconciliation du peuple burundais
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La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a organisé une série de conférences dans deux universités de Gitega, notamment au Grand Séminaire de Gitega et à l’Université polytechnique de Gitega (UPG) respectivement en date du 10 et du 11 mars 202é, sous le thème : « La CVR au centre de la recherche de la vérité et de la réconciliation du peuple burundais ».

Au Grand Séminaire J Paul II de Gitega, le Président de la commission vérité et réconciliation (CVR), M. Pierre-Claver Ndayicariye a fait savoir que cette institution vise à ce que tous les Burundais sachent vivre et survivre ensemble. « C’est donc le contraire de ce que propagent les détracteurs de la CVR quand ils disent que celle-ci cherche à déterrer la hache de guerre inter ethniques », a-t-il déploré.

A cette occasion, le président de la CVR a déclaré que pour réconcilier les burundais, cette commission procèdera par le mécanisme d’une justice transitionnelle qui prône la vérité sur les personnes assassinées, sur les auteurs des violations de Droits de l’Homme, les sauveteurs éventuels et les circonstances des tueries massives et généralisées) et la réparation des douleurs des victimes des événements tragiques. Et de préciser que la recherche de la vérité est un préalable à la réconciliation.

Pour réussir cette mission, M. Ndayicariye a expliqué que la CVR a entamé un vaste programme de pardon, de réparation, de réconciliation de réhabilitation, de l’éducation à la paix, la réécriture de l’histoire et la gestion des traumatismes, un programme qui demande la participation de plusieurs parties prenantes.

Aloys Batungwanayo, historien et membre de la CVR quant à lui, a présenté son exposé sur les étapes du génocide . Il en a citées 10, notamment la catégorisation des gens, la symbolisation, la discrimination, la déshumanisation, l’organisation, la polarisation, la préparation, la persécution, l’extermination et le déni ou la négation des faits.

Au chapitre des échanges, un grand séminariste a voulu savoir pourquoi la CVR a sauté sur les événements tragiques de 1972 alors qu’elle a le mandat de mener des investigations sur la période de 1885 à 2008. Il a émis des doutes sur la démarche amorcée par la CVR de qualifier ces événements de “génocide des Hutu”, arguant que cette démarche risque de porter préjudice sur les résultats des investigations sur la période d’avant et d’après 1972.

A ce sujet, M. Ndayicariye a répondu que l’on a commencé par l’année 1972 parce que cette époque a été caractérisée par une crise ravageuse qui a affecté le Burundi dans toutes ses provinces et communes. “Elle affecté aussi la population de l’ethnie Hutu de toutes les couches sociales, celle d’un niveau matériel confortable”, a-t-il ajouté. Pour le président de la CVR, il s’avérait aussi nécessaire de débuter par l’année 1972 pour profiter des bourreaux et témoins encore en vie pour leur soutirer des témoignages, précisant que toutes que toutes les périodes tumultueuses seront couvertes.

Concernant la qualification du génocide des Hutu en 1972, les deux orateurs précédents ont indiqué que c’est l’opinion dominante parmi la population en ce qui est des atrocités qui ont endeuillé le Burundi. Ils ont également laissé entendre que la CVR s’est référée aux témoignages écrits, aux témoignages des survivants, des bourreaux, des victimes et des témoins oculaires pour arriver à cette conclusion.

Une conférence pareille a été organisée le lendemain 11 mars à l’Université polytechnique de Gitega (UPG). Un professeur de cette université a posé la question de savoir pourquoi la CVR prône la vérité et la réconciliation seulement sans inclure la justice classique pour punir les auteurs de ces tueries et leur exiger la restitution des biens spoliés.

A cette question, Me Déo Ndikumana et Pasteur Elie Nahimana membres de la CVR ont répondu que la justice classique ne peut pas trancher sur de tels cas car elle se heurterait à des blocages. Ils ont également expliqué que dans les mécanismes de la justice transitionnelle, la formule est : la vérité et la réconciliation. « Cette formule permet aux victimes et aux témoins de dire ce qu’ils connaissent, et aux bourreaux de faires des aveux et de demander pardon. Pour les deux commissaires, le pardon et la réconciliation favorisent la cohésion sociale, qui est le but ultime de la mise en place de cette commission.

A la question de savoir comment la CVR parvient-elle à différencier les ossements de 1972 et ceux des autres époques, les membres de la CVR ont fait savoir que ce sont les témoins oculaires, survivants de ces tueries et même certains bourreaux qui montrent les fausses communes de 1972.

« Est-ce que la réconciliation est-elle obligatoire », demande un professeur de l’Université Polytechnique de Gitega. « Juridiquement, la réconciliation n’est pas obligatoire », lui rétorque un membre de la CVR, Me Déo Ndikumana, qui invite plutôt les burundais, les victimes et les bourreaux à se rapprocher et à se pardonner mutuellement.

Au Grand séminaire J Paul II comme à l’UPG, les professeurs et étudiants ont été informés qu’un recensement des victimes péries dans les événements tragiques qui ont endeuillé le Burundi et des sauveteurs éventuels est prévu dans tout le pays dès le mois d’avril prochain.

Par NYANDWI Dieudonné