Gaston Sindimwo : « Le dialogue inter-burundais n’est pas incompatible avec le processus référendaire »
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Deux jours après son retour du 19ème Sommet des Chefs d’États de l’EAC, le 1er Vice-Président Gaston Sindimwo a tenu une conférence de presse à Bujumbura. L’occasion de préciser la ligne gouvernementale face au dialogue inter-burundais. 

La presse a voulu savoir la position officielle du gouvernement quand des voix, comme celle de Michel Kafando, s’élèvent pour dénoncer le processus référendaire en cours, « un paradoxe par rapport au dialogue sous l’égide de l’ancien président tanzanien Benjamin William Mkapa dont le mandat comme facilitateur vient d’être renouvelé par le 19è Sommet des Chefs d’Etat de l’EAC ».

Le 1er Vice-Président a précisé: “Le dialogue inter-burundais n’est pas à l’antipode du processus référendaire en cours car, la révision de la Constitution ressort d’une vaste consultation de la population à travers la Commission Nationale du Dialogue Inter-burundais, CNDI, et de ce fait, elle est géré par le gouvernement. Quant au dialogue inter-burundais, il concerne les partis politiques, le gouvernement ne fait que l’accompagner”.

Pour le Vice-Président Sindimwo, l’autre élément militant pour la poursuite du processus référendaire sans attendre la conclusion du dialogue extérieur est que les deux ne vont pas à la même vitesse: “Le dialogue inter-burundais externe ou interne prendra le temps qu’il prendra pour se conclure. Si les protagonistes qui sont les partis politiques le concluent vite, le gouvernement prendra acte de ce que les politiciens se seront convenus pour l’appliquer. Mais combien de temps que les Israéliens négocient avec les Palestiniens par exemple?”.
Avant de souligner  que “ce dialogue ne peut être en aucun cas un frein au référendum en cours”.

A l’opposition de faire la promotion du Non, le moment venu

Le Vice-Président s’inscrit en faux contre ceux qui disent que la nouvelle Constitution vient pour enterrer l’Accord d’Arusha: «Quelle disposition essentielle de l’Accord d’Arusha enterrée dans la nouvelle Constitution?» Et de répéter à qui veut l’entendre: “Au niveau du gouvernement, nous allons, le moment venu, appeler la population à voter pour la nouvelle Constitution. L’opposition qui se dit très forte n’aura qu’à faire la promotion du non. Si le non l’emporte, le gouvernement se soumettra au verdict des urnes”.

Au sujet de la reconduction du mandat du facilitateur et surtout de ce que sera son rôle de quand le gouvernement fonce tout droit vers le référendum et les élections de 2020, le Vice-Président a martelé que « son rôle de Mkapa reste encore primordial: il peut participer à la supervision du processus référendaire et convaincre les politiciens encore en exil à rejoindre le processus pour les élections de 2020 ». Une occasion de donner une leçon du réalisme politique: « La politique de la chaise vide n’est pas payante: si tu peux t’empêcher de participer aux élections, tu ne peux pas par contre empêcher que les institutions issues de ces élections aient une emprise sur toi. Ce fut le cas pour mon parti, l’Uprona qui en 2005 n’a pas voté pour l’actuelle Constitution. Mais cela n’a pas empêché que c’est cette même Constitution qui gère le pays depuis lors ».

Le gouvernement “accompagnera le facilitateur, peu importe le lieu du dialogue”

A la question si le gouvernement burundais qui prône le rapatriement du dialogue inter-burundais répondra aux invitations du facilitateur Mkapa à l’extérieur du pays, le Vice-Président indique que “le rapatriement du dialogue est un souhait du gouvernement burundais”. Et aussitôt de préciser  que le Burundi a adhéré à la reconduction du président Mkapa lors du 19è Sommet des Chefs d’Etat de l’EAC à Kampala. Et de ce fait, « s’il advenait que le facilitateur convoque une séance à Arusha ou ailleurs, le gouvernement sera présent pour accompagner la facilitation, surtout que le gouvernement n’est pas négociateur ». Et de lâcher: “Il appartient à Mkapa de juger s’il faut inviter toutes la classe politique burundaise à l’extérieur du pays ou inviter le peu de politiciens encore en exil à venir au Burundi”.

La presse a voulu savoir les faits remarquables à mettre à l’actif du président Mkapa justifiant la confiance que les Chefs d’Etat de l’EAC ont encore placé en lui comme facilitateur dans le dialogue inter-burundais , surtout au moment où il y avait des rumeurs de sa démission: «C’est grand-chose que le facilitateur ait réussi à faire asseoir ensemble les responsables de plus de 40 partis politiques. Ils se sont salués, ils logeaient et prenaient les repas ensemble : ce qui était impensable il y a quelques temps “, a-t-il répondu.

Au sujet du rapport du dernier rapport de la FIDH qui peint en noir la situation des droits de l’homme au Burundi, lequel rapport a été hier appuyé par Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, actuel Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme caricaturant le Burundi comme un “abattoir”, Monsieur Sindimwo s’en moque: “Pas de commentaire sur les propos de Zeid et de la FIDH.  Zeid fait partie des fonctionnaires onusiens qui lancent de fausses alertes aux Nations Unies mais qui en même temps sont destinés à faire peur aux Burundais. Il est dépassé sur les questions de paix, de sécurité, de justice au Burundi. Nous l’invitons à visiter notre pays”. Et d’ironiser: “Depuis 2012, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein alerte sur un génocide au Burundi. Mais où arrive ce génocide? C’est le même Zeid qui a toujours été dernière les détracteurs du Burundi qui, il n’y a pas longtemps parlaient des criminels dits “Rugoti, et d’autres fausses alertes sur le Burundi”.

A ceux qui estiment que le manque à gagner pour le Burundi serait inestimable si le pays ne signe pas l’Accord de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne, Gaston Sindimwo est catégorique: “Le Burundi ne négociera jamais d’APE avec l’UE tant que cette dernière n’aura pas levé ses sanctions contre notre pays. Nous ne perdrons rien car la levée des sanctions est plus importante que la signature en elle-même”.

By Philippe Ngendakumana