Pancrace Cimpaye : «  Je rentre pour parler à la pauvreté »
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L’ancien porte-parole de la plateforme de l’opposition CNARED, membre du MSD, avant d’être remercié il y a plus d’une année, rentre au pays. Dans ses bagages BEL-BURUNDI. Une association pour développer Bubanza, sa province natale. A 24 heures de son départ, il a accepté de répondre à Iwacu.

Lundi 5 juillet, l’information lancée sur les réseaux sociaux burundais fait le buzz. « Pancrace Cimpaye retourne au Burundi ce mercredi ». L’homme est en effet une figure connue de la politique burundaise. Membre du Frodebu, ancien porte-parole du Président Ndayizeye, en 2010 il prend la route de l’ exil et rejoint le MSD avant d’être éjecté (avril 2020) .

Mardi matin, Pancrace Cimpaye a confirmé l’information à Iwacu. « Oui, mercredi 7 juillet je prends l’avion pour Bujumbura, j’ai déjà mon visa ». ll est citoyen belge. Serein, M. Cimpaye dit qu’il ne comprend pas pourquoi « le retour d’un Burundais dans son pays crée autant de bruit ». Pour lui, c’est l’inverse qui devrait choquer : qu’un citoyen soit obligé de rester en exil.

Pancrace Cimpaye explique qu’il ne rentre pas pour « faire la politique au Burundi. » Mais pour se consacrer à un projet de développement dans sa province natale de Bubanza. « Avec des amis et le soutien de plusieurs partenaires, nous avons initié BEL-BURUNDI, une association sans but lucratif de droit belge. Nous avons des projets pour promouvoir l’éducation, le tourisme, la mobilisation des investisseurs . »

Pédagogue de formation, un projet lui tient spécialement à cœur : la création d’une école d’excellence à système d’internat à Bubanza, et d’après lui, le projet est avancé . Il devient intarissable sur le sujet. « Nous allons renouer avec l’excellence, des classes de 25 élèves au maximum, une école à régime d’internat . Le cursus mènera à l’université, avec des professeurs performants, du matériel didactique, etc. Des partenaires sont prêts à soutenir notre projet, BEL-BURUNDI. » Son association, dit-il, est déjà active dans le soutien des étudiants de l’université démuni. « Nous le faisons discrètement, sans ameuter les médias ».

La page politique est tournée

Pancrace Cimpaye n’esquive aucune question. Concernant son positionnement politique, il affirme qu’il n’ est membre d’ aucun parti aujourd’hui. « J’ai fait la politique, j’ai tourné la page. » Il rappelle qu’il vient de passer « une année à enseigner la religion catholique à des élèves du secondaire ». L’ homme qui a été plusieurs années porte-parole des partis politiques de l’opposition veut désormais « parler à la pauvreté  à travers un projet de développement». Interrogé si son passage en politique lui a laissé un goût amer, il est quelque peu hésitant : «  Un goût amer, certainement, car j’ai vu le grand fossé qu’il y a entre les discours politiques et la réalité ». Il regrette aussi l’ethnisme qui gangrène « certains partis politiques. »

Néanmoins, il estime que son passage en politique a été aussi « une grande école ». Un brin philosophe, il lâche : « Pendant longtemps, en tant que porte-parole, j’ai parlé pour les politiques, je vais parler à la misère ». Pancrace Cimpaye est convaincu qu’il sera plus utile en se consacrant au « développement de la population », conclut-il.

Par Antoine Kaburahe (Iwacu)