Le Gouvernement appelé à qualifier les massacres de 1972
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Le Sénat burundais a organisé ce vendredi 14 Mai 2021 la deuxième conférence de témoignage et de réflexion sur les événements de 1972 sous le thème : Se souvenir et bien qualifier les “Evénements de 1972” au Burundi.

Cette deuxième conférence animée par l’ancien Président du Burundi Sylvestre Ntibantunganya était intitulée : L’avènement de la République génocidaire de Michel Micombero; avec un sous titre: Charles Ndizeye, un prince qui saborde une monarchie dont il est l’héritier.

Dans sa présentation, Sylvestre Ntibantunganya montre en détail toute la stratégie engagée pour la conquête du pouvoir par les responsables politiques et militaires issus essentiellement du groupe clanique des Bahima. Cette stratégie, précise l’orateur, a abouti au coup d’État du 28 novembre 1966 qui a renversé le jeune roi Ntare 5, dernier monarque du Burundi.

Et d’ajouter que cette date marque la fin de la monarchie et l’avènement de la République avec à la tête de l’État, le capitaine Michel Micombero.

Selon Sylvestre Ntibantunganya, Le pouvoir de Micombero a été marqué par des pratiques d’exclusion sur des bases ethniques, des dérapages qui ont d’ailleurs été dénoncés par des collaborateurs immédiats du Président de la République de l’époque et l’Eglise catholique.

Alors que Charles Ndizeye se trouvait en exil en Ouganda, explique l’ancien Président Sylvestre Nibantunvanya, Michel Micombero a usé de tous les moyens pour obtenir son extradition vers Bujumbura. Le 30 mars 1972, Charles Ndizeye est expédié à Bujumbura RSS et est conduit à Gitega par un hélicoptère des Forces armées burundaises. Le conférencier ajoute qu’en date du 29 avril 1972, Charles Ndizeye est assassiné au camps commando de Gitega.

Selon l’ancien Président Ntibantunganya, Charles Ndizeye est assommé de coups de baïonnette; mais il ne meurt pas directement. Agonisant il est achevé par le capitaine Onesphore Ntabiraho, commandant en second du camp, qui lui tire des balles de revolver. Pour Sylvestre Ntibantunganya, Charles Ndizeye est la première victimes des événements de 1972.

Le conférencier poursuit en disant que les témoignages des burundais de la diaspora et de ceux résidant dans le pays ont montré combien le pouvoir de Michel Micombero a organisé les massacres de l’élite hutu ou des commerçants et des élèves hutu dans tout le pays. Ils disent avoir vu comment les leurs étaient enlevés pour être tués sous prétexte qu’ils étaient des Bamenja c’est-à-dire des traîtres.

Comme l’indique le Président Ntibantunganya, les témoins se rappellent avoir vu des camions transportant les outils de la morts, les personnes à tuer, les cadavres ou les personnes encore dans l’agonie et les fosses communes. Ils affirment être des témoins de l’élaboration des listes de gens à massacrer et bien d’autres scènes macabres minutieusement orchestrées par l’administration du pouvoir de Michel Micombero.

Les participants à cette conférence déclarent que les événements de 1972 constituent un génocide au sens onusien du terme. Ils déclarent également que le pouvoir de Micombero a présenté au monde un grand mensonge faisant état d’une rébellion hutu.

Dans leurs interventions, les participants à cette conférence demandent au gouvernement du Burundi de prendre les choses en mains, d’accepter de reconnaître ce génocide des hutu de 1972, d’organiser une semaine de souvenir de ces événements et de déclarer solennellement qu’il n’y pas eu de Bamenja (traîtres).

Les témoins des massacres de 1972 demandent à l’État burundais de les qualifier, et à l’Onu de proclamer ce génocide contre les hutu. Pour eux les faits sont évidents, et ils expliquent qu’ils ont été témoins des tueries de leurs proches, des enlèvements, des camions transportant les cadavres, les victimes agonisant, la spoliations des biens des victimes, etc..

Selon les témoins, les événements de 1972 remplissent les conditions pour être qualifié de génocide. Ces conditions sont : la planification préalable, le ciblage d’un groupe ethnique, l’utilisation des institutions et des moyens de l’état.

Les témoins qui se sont exprimés dans cette conférence demandent aux auteurs de ces massacres qui seraient encore en vie, de sortir du silence, de reconnaître les faits, d’accepter de demander pardon et de remettre les biens spoliés.

Avaient pris part à cette conférence, le Vice-président de la République Prosper Bazombanza, le Président du Sénat, Emmanuel Sinzohagera, le premier Vice président du sénat, Spès Caritas Njebarikanuye, le 2ème Vice-président du Sénat, Cyriaque Nshimirimana, le Président de la Cour suprême, les hauts gradés de l’armée et de la police, les membres de la Commission Vérité et réconciliation et d’autres autorités du pays.

 
Par BARANGENZA Laurent