Burundi : Quelles stratégies pour rendre les coopératives agricoles rentables ?
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A l’heure actuelle, au Burundi le développement des coopératives bat son plein. Cependant il est d’autant plus important d’intégrer l’activité et le rôle de ces coopératives dans le circuit économique du pays. Pour cela il ne suffit pas d’investir pour recevoir des dividendes de la part de celles-ci mais aussi un suivi strict et rigoureux dès le décaissement.

C’est dans cette optique que dans cet article on va essayer de décrypter quelques stratégies mises en place par le Gouvernement et donner des suggestions pour améliorer la rentabilité des coopératives.

Analyse et adoption des projets

Selon les avis des uns et des autres, le décaissement des fonds devrait se faire après une évaluation des projets remplissant les conditions d’analyse appelé SMART : Un projet doit être spécifique, mesurable, atteignable et réalisable dans le temps. Le constat est qu’une somme octroyée à un individu qui n’est pas suffisamment préparé peut ne pas être rentable.

De plus les dits projets devraient associer au premier plan un personnel technique dynamique et compétent. Dans cette optique la nécessité des agronomes qualifiés s’impose car ils sont les mieux indiqués pour conseiller et donner des expertises fiables pour le développement des cultures en fonction des particularités de chaque province ou région en tenant compte des propriétés du sol, de l’aptitude des terres et des conditions climatiques favorables. Ainsi donc une utilisation minutieuse des cartes pédologiques existantes pour les études et l’exécution de projets, la bonne gestion des terres cultivables et des études météorologiques précises s’avèrent nécessaires.

Cependant des écologistes experts dans la gestion de l’environnement pourraient apporter leur touche sur le plan de gestion environnementale en ce qui concerne l’application des méthodes de lutte contre l’érosion hydrique et la pollution. Le travail d’un agronome ne doit pas être confondu à celui d’un environnementaliste. Toutefois une collaboration entre les deux donnerait un meilleur résultat.

En ce qui concerne les finances, notamment la gestion de l’argent qui leur a été prêté ; les comptables des coopératives devraient effectuer la comptabilité et un suivi régulier lors de la réalisation de ces projets. On ne devrait pas attendre l’échéance pour constater que telle ou telle autre association est tombée en faillite alors que rien n’a été fait afin qu’elle soit relevée à temps.

Défis à relever

Constatant le faible rendement dû aux techniques d’agriculture obsolètes, la mise en place d’une technique favorisant une agriculture intensive utilisant des techniques modernes sur des superficies considérables et sécurisées serait aussi un atout pour l’amélioration des rendements car dans la plupart des régions on ne pratique qu’une agriculture traditionnelle de simple subsistance sur de petits lopins de terre.

Le rôle de l’État est incontournable en ce qui concerne la disponibilité et l’approvisionnement en intrants agricoles notamment les semences améliorées ou sélectionnées, les engrais et les pesticides remplissant les normes nationales et internationales dans les proportions suffisantes pour couvrir toute la demande. La problématique liée à l’irrigation constitue aussi l’un des défis à relever dans certaines régions.

Dans le cas où il s’avérerait que telle coopérative n’a pas pu proposer un projet réalisable ; l’Etat devrait prendre les choses en main et proposer une autre alternative comme par exemple la création des entreprises publiques exploitant les terres domaniales. L’Etat pourrait ainsi donner du travail en utilisant les membres des coopératives comme main d’œuvre tout en leur garantissant un salaire décent afin d’éviter des disparités sociales.

De plus il faudrait penser à diversifier les produits cultivés et mettant aussi l’accent sur la culture des produits agricoles d’exportations.

Gestion de la récolte

 A une certaine époque il y a eu un fort rendement des patates douces de telle façon qu’elles étaient appelées « Ingorane » (les problèmes, traduction libre). Leur forte abondance avait provoqué une baisse de leurs prix. Cette situation a entrainé une tendance chez les agriculteurs à s’en débarrasser à des prix indécents de peur qu’ils subissent des détériorations par manque de moyens de conservation.

C’est pour cela qu’une proposition de la création de hangars de stockage équipés d’appareils modernes pour une bonne et longue conservation par localité ou à défaut par commune est nécessaire.

On pourrait pousser loin en transformant les produits agricoles et en cherchant un marché extérieur d’écoulement dont la recherche engagerait l’Etat ou les businessmans privés. De cette manière on ferait d’une pierre deux coups car en assurant la sécurité alimentaire, on se procurerait aussi des devises.

Le marché interne devrait être protégé en interdisant l’importation des produits que nous produisons déjà.

Usines de transformations

La création des usines de transformation serait un atout majeur car il y aurait un accroissement des produits transformées localement avec comme avantage ; la substitution aux produits importés auparavant.

 Néanmoins une usine aux Standards internationaux ayant une grande capacité de production serait la mieux appropriée en vue de produire des produits de qualité pouvant faire objet de concurrent sérieux sur le marché international et en particulier de la sous-région.  

Ainsi donc il y aura une pérennisation d’un sentiment patriotique à travers l’esprit de Produire et de consommer Burundais. Pour ce, l’Etat devrait s’investir en sensibilisant la population.

Pour clore, le gouvernement a déjà entamé le programme de redynamisation des coopératives et songe à les rendre rentables en achetant leur production comme les grains de maïs produits par les dites coopératives. Ces efforts encourageront les communautés locales à s’investir davantage et d’ici quelques années elles pourront atteindre une autonomie alimentaire et économique.

*Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que leur auteur.