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C’est avec stupéfaction et consternation que je viens de lire l’analyse signée David Gakunzi publié sur le journal en ligne de Jeune Afrique. C’est cela donc qui me pousse à réagir en tant que citoyen burundais. Pour commencer, je dois d’abord préciser que David Gakunzi est un compatriote que je respecte. Seulement, cette fois-ci, je ne suis pas d’accord avec son point de vue. Voici pourquoi.
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À l’Instar d’autres pays du monde entier, le gouvernement burundais a le droit de protéger ses citoyens.

Aujourd’hui, le Burundi ne va pas aussi mal que David Gakunzi et d’autres Burundais de la diaspora tentent de le faire croire. Ce ne sont pas les différents diplomates basés au Burundi ou bien ceux qui ont l’habitude d’y faire des navettes qui me contrediraient.

Il est vrai qu’en 2015, le Burundi a connu une crise socio-politico-économique pendant près de 6 mois et qui a couté la vie à des centaines de filles et fils du pays. C’est déplorable et fort regrettable ! Mais est-ce que pour autant faut-il alarmer le monde entier et en faire toute une histoire? Je ne suis pas certain.

À voir la manière dont elles s’acharnent aux autorités burundaises et particulièrement au numéro un Burundais, l’on aurait l’impression que la société civile et la plateforme CNARED (toutes en exil) comptent récupérer le pouvoir qu’ils ont perdu via les urnes, par le truchement de la CPI.

Mais, ce qui est encore choquant, c’est la manière dont la CPI agit de façon tendancieuse. Par exemple, en 2015, il y a eu plus de 567 Burundais appartenant aux forces de l’ordre et au Parti au pouvoir qui ont été tués par des ennemis de la paix. Mais, la CPI ne fait jamais allusion à ces cas. Si le gouvernement burundais n’a pas voulu porter plainte auprès de la CPI, c’est tout simplement parce qu’il croit encore en la justice burundaise et privilégie la réconciliation plutôt que la sanction.

Le gouvernement burundais comme d’ailleurs tous les gouvernements du monde entier ont le droit de protéger leurs citoyens. Le 11 septembre 2001, environ 3.000 Américains ont perdu la vie dans un attentat terroriste perpétré par le groupe terroriste Al-Qaïda. Juste après, la riposte du président de l’époque, George W Bush, ne s’est fait pas attendre.

Aujourd’hui l’on ne dénombre pas moins de 50.000 morts dans les pays arabes suite à cet attentat. Et pourtant, l’on n’a jamais entendu la CPI évoquer ce cas.

Au Burundi aussi, lorsque les ennemis de la paix ont voulu déstabiliser le pays prétextant que Pierre Nkurunziza a violé la constitution, les forces de l’ordre ont eu recours à la force. Mais, comme c’est au Burundi (un pays pauvre) l’on parle d’une répression aveugle.

Il y en a même qui disent qu’il y a eu génocide, tout en avançant un chiffre de 1.200 morts, mais sans pour autant apporter des preuves palpables et tangibles ! C’est d’ailleurs pourquoi le gouvernement burundais refuse de collaborer avec la CPI et les autres instances similaires.

Le 3e mandat de Nkurunziza a été un prétexte pour les fauteurs de troubles de déstabiliser le Burundi.

Permettez-moi de rappeler que le Burundi n’est pas le premier pays, encore moins le dernier où un chef d’État dépasse les limites de mandats constitutionnels autorisés par son pays. En Afrique, aujourd’hui l’on ne dénombre pas moins de quinze chefs d’État qui sont au pouvoir depuis plus de 10 ans. Il y en a même qui ont transmis le pouvoir à leurs enfants ! D’autres encore ont changé leurs mandats présidentiels en septennat. Inutile de rappeler que la longévité au pouvoir n’est pas une particularité africaine.

Ce n’est pas Vladimir Poutine ou les dirigeants de certains pays arabes et asiatiques qui me contrediraient. Par là, je veux dire que le président Nkurunziza Pierre n’a pas inventé la roue en briguant un troisième. Il n’a fait que copier ce qui se fait dans plusieurs pays du monde.

Il n’y avait donc aucune raison à ce que les ennemis de la paix en profitent pour déstabiliser le pays. N’eurent été des actes de déstabilisation du pays perpétré par les ennemis de la paix, il ne se serait rien passé en 2015, au Burundi.

Les positions de Museveni et Magufuli.

Les deux chefs de l’État dirigent des pays qui sont membres de la communauté est-africaine. De plus, ce sont leurs pays qui ont parrainé les fameux accords d’Arusha. Cela veut tout simplement dire qu’ils sont bien placés pour donner un point de vue, juste et équitable, sur ce qui se passe au Burundi.

Lorsqu’ils disent que poursuivre juridiquement Pierre Nkurunziza risque de saper les efforts de la médiation régionale, ils ne savent pas bien dire. Moi, j’ajouterais que ça risque de déstabiliser toute la région. Pour rappel, si en 2003 le CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza n’avait pas signé le cessez-le-feu, sans nul doute que le Burundi serait peut-être encore en guerre jusqu’aujourd’hui.

Cela prouve à suffisance que Pierre Nkurunziza est un homme qui milite en faveur de la paix, contrairement à ce que tente de faire croire le CNARED et la société civile burundaise en exil. Il l’a déjà prouvé à plusieurs reprises.

Conclusion

Il serait absurde de dire qu’il ne s’est rien passé en 2015 au Burundi. Mais, il serait aussi irresponsable d’aggraver les faits, juste dans le but d’attirer l’attention de la communauté internationale.

Les problèmes du Burundi ont débuté à la veille de l’indépendance. Pierre Nkurunziza n’était même pas encore né. Ceci pour dire que s’attaquer aux autorités burundaises et particulièrement à Pierre Nkurunziza ne pourra rien arranger. Au contraire ça risque d’aggraver la situation. La solution à la crise burundaise ne viendra pas de la CPI ou encore de l’Union Européenne. Elle viendra plutôt des Burundais eux-mêmes. Heureusement que certains diplomates ont déjà commencé à le comprendre.

Au Rwanda voisin, l’ONU a dit qu’il y a eu 1 million de morts, au mois d’avril 1994. Aujourd’hui, la Cour Pénale Internationale parle d’un millier de morts, au Burundi. La CPI devrait être vigilante et surtout éviter de tomber dans le piège des ennemis de la paix au Burundi. Il y a plusieurs cas qui méritent plus d’attention de la CPI que celui du Burundi. C’est notamment celui de la Libye ou l’on parle aujourd’hui d’esclavage en 2017 !

La justice burundaise a déjà ouvert un dossier sur ce qui s’est réellement passé en 2015 dans le pays de Samandari et Inarunyonga.

Le peuple burundais, le CNARED, la société civile burundaise, la Cour Pénale Internationale, l’Union Européenne ou encore la Communauté Internationale devraient prendre leur mal en patience et attendre les conclusions de la justice burundaise. C’est le seul moyen de contribuer à ramener la paix durable, la stabilité et le développement au Burundi.

Miburo Athanase (Canada)