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Point de vue des organisations des droits humains œuvrant au sein de la Diaspora Burundaise sur le Rapport de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies sur le Burundi.

Les organisations de la Société Civile membres de la Diaspora Burundaise, considérée elle-même comme victime des conflits au Burundi, ont lu avec une très grande attention le rapport des enquêteurs de l’ONU du 11/08/2017 sur le Burundi.

Une forte délégation des membres de la Diaspora Burundaise provenant de 25 pays des quatre coins du monde vient de visiter le Burundi tout le mois de juillet 2017 pour se rendre compte de la situation qui y prévaut au niveau des droits de l’homme, de la réconciliation et de la sécurité, et nous concluons ce qui suit :

Le rapport de l’ONU porte des accusations injustes et discriminatoires par rapport aux événements qu’a connus le Burundi. Le rapport s’est intéressé aux seuls événements de 2015, alors que le Burundi a connu plusieurs massacres depuis l’indépendance du Burundi.

En ignorant d’autres victimes, des années précédentes, parmi eux les orphelins des massacres à grande échelle de 1972, les enquêteurs de l’ONU risquent de créer un conflit du siècle plus compliqué et difficile à gérer, car toute la Région des Grands Lacs d’Afrique risque d’être contaminée. Ici les membres de la Diaspora Burundaise, rappelle que le Burundi a un passé douloureux à revisiter avant d’agir.

Même pour la crise de 2015, la Diaspora Burundaise ne tolère pas le silence délibérée des enquêteurs sur les crimes commis au grand jour par les insurgés, comme les traitements inhumains et assassinats des membres des forces de l’ordre et de sécurité et des citoyens innocents, à l’instar du jeune MISAGO Léonidas brulé vif devant des caméras des journalistes locaux et internationaux au quartier Nyakabiga, et HAKIZIMANA Jacqueline violée avant d’être sauvagement assassinée au quartier Musaga.

Le rapport reste bouche-bé sur les jets de grenades qui ont emportés plusieurs vies humaines dont des femmes-vendeuses de tomates et fruits en Mairie de Bujumbura, alors qu’ils ont été revendiqués sur une chaine de télévision kenyane par le Général Léonard NGENDAKUMANA, un des promoteurs du putsch manqué du 13 mai 2015.

Le rapport est inéquitable et non-professionnel car la plupart des informations qu’il donne ne sont pas vérifiables. Un rapport dit de l’ONU ne peut pas être crédible sur base des informations provenant uniquement de l’opposition radicale, et encore moins des pays voisins dont certains ont joué un grand rôle dans les tentatives de déstabilisation du Burundi pendant la crise de 2015, y compris les recrutements, entrainements militaires et armement des réfugiés pour attaquer le Burundi.

Excellence Monsieur le Haut-Commissaire,

La Diaspora Burundaise regroupe les Organisations de toutes les sensibilités : Hutu, tutsi, twa, opposition, mouvance, religieuses, partis politiques. Paradoxalement, en dehors du Burundi, les enquêteurs n’ont contacté que ceux qui épousent la cause de l’opposition, alors que les victimes n’ont pas de couleurs. A titre d’exemple, la victime Olivier Nkundabashaka traité injustement d’Interahamwe a été secouru par l’Ambassadeur de France au Burundi à l’époque du mouvement insurrectionnel, par un seul coup de téléphone. Il est aujourd’hui sous traitement à Paris et non au Burundi, mais il n’a jamais vu ces enquêteurs de l’ONU.

A ce qui concerne la situation au Burundi, la délégation de la Diaspora Burundaise a constaté que la paix et la sécurité règne sur tout le territoire national. Ses membres ont pu sillonner plusieurs provinces du Burundi, même pendant la nuit (Makamba, Mwaro, Bururi, Rutana, …). Ils ont rencontré les jeunes qui ont pris part aux manifestations violentes de 2015, mais qui sont devenus aujourd’hui des acteurs de la paix et de la réconciliation.

Excellence Monsieur le Haut-Commissaire,

Après analyse du Rapport des enquêteurs de l’ONU du 11/08/2017 sur le Burundi par les organisations de la Société Civile membres de la Diaspora Burundaise, nous concluons ce qui suit :

Nous rejetons le Rapport des enquêteurs de l’ONU sur le Burundi et dénonçons ses conclusions mensongères et discriminatoires.

Nous dénonçons toute démarche visant à changer le pouvoir par la force. La voie des urnes reste le seul moyen démocratique pour opérer un changement dans la gouvernance du pays. Nous exhortons :

A l’Opposition radicale :

– De mettre en avant l’amour de la patrie;

– De mettre fin à la violence et aux assassinats ciblés qui endeuillent le Burundi.

Aux autorités burundaises :

– De poursuivre le dialogue inclusif, avec la participation des membres de l’opposition se trouvant à l’étranger qui n’ont aucune poursuite judiciaire liée aux crimes perpétrés pendant l’insurrection et au coup d’Etat avorté du 13 Mai 2013;

– De faire respecter les lois et règles en vigueur;

– De prendre toutes les mesures qui s’imposent pour assurer la paix et la sécurité des citoyens sans exclusion aucune.

A la Communauté Internationale :

– De soutenir les efforts de la Commission Vérité et Réconciliation;

– D’arrêter de soutenir les actes barbares de ceux qui ont choisi la voie de la guerre;

– D’arrêter le harcèlement politique et diplomatique exercé sur le Burundi;

– De soutenir les initiatives de consolidation de la paix et de la sécurité au Burundi dans le strict respect de sa souveraineté;

– D’encourager les réfugiés burundais résidant dans les pays limitrophes au rapatriement volontaire.

Les organisations de la Diaspora Burundaise signataires de la présente lettre voudraient aussi exprimer leur envie de collaboration avec le Bureau du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme pour que dans l’avenir, la contribution de la Diaspora Burundaise soit une valeur ajoutée dans la promotion de l’Etat de droit, de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale au Burundi.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Haut-Commissaire, les assurances de notre très haute considération.________________________

Japhet Legentil Ndayishimiye

Président de la Diaspora Burundaise