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«La coopération entre nos deux pays repose sur le respect de la souveraineté nationale»
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Le quotidien burundais d’informations « Le Renouveau» s’est entretenu avec l’ambassadeur de Russie au Burundi sur diverses questions concernant les relations diplomatiques du Burundi avec d’autres pays et ce qu’il pense de la situation au Burundi qui préoccupe le monde entier. Pour lui, si on cherche à imposer une coopération, cette dernière devient difficile.

A propos de ce que pense la Russie des résolutions et rapports incessants et surtout du récent rapport de la Commission d’enquête sur le Burundi qui fait écho ces derniers temps, l’ambassadeur de la Fédération de Russie au Burundi, Georgy V. Todua dit que la Résolution 33/24 qui créa la Commission n’a pas été consensuelle. La Russie, elle, et la Chine, avons été contre. Nombreux de pays africains se sont abstenus. Pour dire que la Résolution n’a pas été appuyée par les pays d’Afrique qui connaissent mieux la situation au Burundi. Ce qui signifie que le mandat de la Commission est déséquilibré.

Ce diplomate russe affirme que si on cherche à imposer une solution sans consensus, il devient difficile de parvenir à la coopération. Et d’ajouter qu’il y a toujours des mécanismes pour trouver des solutions aux problèmes. On doit chaque fois, collaborer, parler avec le gouvernement concerné sur ce qu’il faut faire. C’est pourquoi, la Russie, dans ses habitudes, ne peut pas appuyer certains mécanismes qui cherchent à imposer d’une manière unilatérale ses appréciations. Pour lui, s’il s’agit de continuer cette enquête, il y a quelque chose à négocier. Sinon un déséquilibre s’est observé depuis la mise en place de la Commission. Et de dire « Si vous commencez par accuser quelqu’un sans établir le dialogue, cela ne peut pas améliorer la situation. Il faut plutôt trouver un cadre de dialogue pour résoudre le différend ».

Concernant la période à enquêter, Ambassadeur Todua se demande pourquoi à partir de 2015 alors que le Burundi a toujours traversé des moments de troubles et souhaite de revisiter l’histoire du Burundi et de revoir les statuts des réfugiés burundais car il se remarque que parmi eux, nombreux sont des migrants économiques.Il appelle par là les spécialistes à changer de mécanismes de travail et opter pour ceux qui puissent permettre d’améliorer la coopération du Burundi avec d’autres pays. Mais malheureusement, dit-il, beaucoup d’accusations se penchent sur les droits de l’Homme mais avec des raisons purement géopolitiques.

Une coopération basée sur un respect mutuel

Sur la coopération entre le Burundi et la Russie qui connaît une évolution toujours positive, Ambassadeur Todua dit qu’elle repose sur une base solide ; une base de respect mutuel, de la compréhension des intérêts des uns et des autres, la non intervention dans les affaires intérieures, le respect de la souveraineté nationale, qui aboutissent à une bonne coopération. Ce n’est pas seulement la Russie qui appuie le Burundi, dit-il, le Burundi lui aussi soutient la Russie dans certaines circonstances. Dans cette coopération, l’ambassadeur de Russie informe qu’on cherche actuellement à approfondir les relations russo-burundaises. Ainsi, il y a amélioration des relations commerciales. Et dans ce domaine, des hommes d’affaires russes ont visité le Burundi et ont constaté que le Burundi n’est pas celui des médias internationaux, et veulent investir dans le pays. « Nombreuses actions sont en train d’être menées dans les domaines de l’éducation et de la sécurité », a-t-il souligné.

Il faut travailler dans le respect du Droit international

Concernant la 72e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, Ambassadeur Todua précise que le monde actuel nécessite une coopération reposant sur le respect des intérêts des uns et des autres. Il ne faut pas chercher une coopération imposée mais, il faut dialoguer, chercher des moyens diplomatiques pour résoudre les problèmes. «Nous croyons que les actions unilatérales sont illégales, que cela ne correspond pas au Droit international. Mais, nous sommes prêts à collaborer avec tous les Etats qui sont intéressés d’améliorer leur coopération. Nous sommes prêts à travailler dans ce format de l’Onu qui peut aider beaucoup à résoudre pacifiquement les problèmes. Il faut travailler sur une base légale, il ne faut pas créer de nouveaux précédents, il faut travailler dans le respect du Droit international.

Qu’il soit petit ou grand, il faut viser les intérêts de tous, il faut privilégier un consensus », précise-t-il. De ce qu’il pense de la paix en Syrie au moment où la Russie y intervient beaucoup pour ramener la paix, Georgy V. Todua rappelle que la Russie a été invitée par le gouvernement syrien dans le but de lutter contre le terrorisme. Il affirme en outre qu’actuellement, la situation a changé et évolue positivement et qu’elle est meilleure qu’avant. Car 85% du territoire syrien sont libérés des terroristes. Il ajoute néanmoins que ce sont les Syriens eux-mêmes qui doivent décider de leur avenir. S’il y a des groupes d’opposition, ils doivent dialoguer avec le gouvernement.

La Corée du nord est fort préoccupée par son avenir

Le Renouveau a aussi voulu savoir ce que la Russie serait en train de faire pour éviter l’escalade entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. L’ambassadeur de la Fédération de Russie au Burundi dit qu’il faut être conscient de la situation. « Nous ne sommes pas pour le projet des armes nucléaires de la Corée du nord mais nous savons d’où provient le problème : les dirigeants sont fort préoccupés de leur sécurité. Ils ont vu ce qui s’est passé en Libye, en Irak ; c’est pourquoi ils ont pris cette décision et cherchent à développer leurs armes. Si cette préoccupation s’arrête, on peut faire quelque chose», fait-il comprendre. Il dit aussi que la Russie a appuyé quelques sanctions contre la Corée du nord. Mais il ne manque pas de dire aussi qu’il s’agit d’un différend diplomatique et qu’il faut le résoudre de façon diplomatique. Concernant le certificat de mérite qu’il a reçu lors de la célébration du 55e anniversaire de l’indépendance du Burundi, Ambassadeur Todua rapporte qu’il le considère comme un geste pour la Russie. « La Russie a apprécié ce geste et moi personnellement je l’ai apprécié. Il va m’encourager à mieux faire et je suis prêt à travailler dix fois plus », a-t-il indiqué.

Amédée Habimana, Jean Bosco Nkunzimana, http://www.ppbdi.com