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bdi_burundi_hussein_onu_2016.jpgAvec tout le respect et la considération distinguée qu’on lui doit, par réciprocité ce haut fonctionnaire de l’ONU responsable et spécialiste des droits de l’homme, payé pour le travail qu’il doit accomplir pour le Burundi ne devrait pas se contenter de parler d’allégations de violations graves des droits de l’homme mais devrait plutôt respecter le peuple Burundais en ce mois d’avril où nous commémorons dans un recueillement traumatique la 45ème année après le génocide commis en 1972, en plaidant et en s’impliquant pour la reconnaissance de ce crime odieux contre l’humanité par les instances habilités.

Pendant la longue période que se sont succédés les régimes militaires hima dictatoriaux, des fonctionnaires internationaux indifférents brillaient par leur silence assourdissant. Des pogroms ont été faits en 1965, 1969, 1972, 1988, 1993 avec des centaines de victimes directes et indirectes mais personne ne les a entendu parler. Depuis 2005 que les Burundais démocratiquement se choisissent leurs dirigeants, des fonctionnaires internationaux aidés par leurs suppôts locaux nostalgiques de ce passé douloureux pour le reste des Burundais, produisent pratiquement chaque mois des rapports faisant l’apologie du génocide. S’ils en veulent un, de plus, qu’ils œuvrent d’abord pour la vérité de celui de 1972.

Apparemment, le sang qui a coulé cette année-là, n’est pas digne d’intérêt aux yeux de ce haut fonctionnaire, malgré que les rescapés et les victimes de ces violations massives des droits de l’homme, à ce jour, réclament toujours en vain que justice soit faite. Pour Mr. Zeid Al Hussein il n’y a que les allégations contre les « Imbonerakure », à qui on colle anticipativement des crimes non commis mais faisant déjà l’objet de maintes rapports de milieux spécialisés en droits de l’homme, qui constituent sa préoccupation sérieuse. On n’est passé du fameux « câble à l’ONU » des supposées distributions des armes, qui s’est avéré faux, aux allégations de futurs viols massifs d’opposantes par les « Imbonerakure ».

Tous ces fonctionnaires internationaux ne sont payés que grâce aux crises dans les pays du tiers monde, leurs rapports ne seront jamais différents quelle que soit la nature et/ou le contexte d’une situation. Ils n’ont pas besoin d’effectuer un travail de terrain de vérification, ils ont juste besoin de trouver les justificatifs pour assurer leur existence. La fin des crises dans le monde signifierait la fin de leur job. Rien d’étonnant qu’ils sont toujours à l’affût de la moindre faille dans un pays pour y trouver une opportunité de financements. Le terme « Imbonerakure » est devenu une source d’espoir pour tous ceux qui ne font que récolter là où ils n’ont pas semé.
Pourtant, ce qualificatif « Imbonerakure » ne désigne et n’est utilisé que pour les membres du Parti CNDD-FDD dont l’âge est inférieur à 35 ans (Hutu, Tutsi et Twa, filles et garçons), mêmes les filles « Imbonerakure » s’adonneraient aux futurs viols d’opposantes ? Le ridicule ne tue pas. Ceci dit en passant, tous les Partis politiques au Burundi ont une composante jeune.

Le Burundi membre des Nations Unies depuis son accession à l’indépendance en 1962 a connu un cycle de violence sans précédent en 1965-1966, 1968-1969, 1971, 1972, 1988, 1991, 1993 à nos jours, si l’efficacité de ces fonctionnaires était réelle et prouvée on ne compterait pas au Burundi autant de victimes, d’orphelins, de veuves, de veufs, des traumatisés ainsi que des tensions sociales que certains cherchent à amplifier pour les raisons explicitées plus haut.

Notons au passage la note de Mr. Vircoulon Thierry, publiée ce mois-ci, qui affirme que de l’exil la bataille des droits de l’homme a été gagnée par la société civile et ses alliés (occidentaux). Que chacun comprenne bien qu’il parle de bataille, de guerre contre le gouvernement du Burundi, de là, le peuple burundais dans son ensemble. Par ailleurs, il sous-entend exprès que tous les Burundais vivants à l’étranger sont des opposants, ce qui est archifaux. Il oublie sciemment que la plupart de ces apatrides Burundais avaient fui le pays à l’époque de la dure dictature hima militaire, qui avait duré plus de 40 ans, alors que lui dit qu’ils sont partis majoritairement en 2015.

Quelle est la responsabilité de ces hauts fonctionnaires, surtout quand ils provoquent des crises humanitaires au lieu de les obvier ? Cette période d’avril et mai est douloureuse pour bon nombre de familles burundaises qui portent gravée dans leurs cœurs la souffrance endurée suite aux massacres d’avril-mai 1972.
Aujourd’hui et afin de nous détourner, plus que jamais, de l’attention qu’il faut porter à ce premier génocide commis sur le continent africain, une médiatisation particulièrement agressive et atypique menée par des professionnels des médias par une écriture fictionnelle, d’une certaine société civile incivique, de l’opposition irresponsable et non patriotique, d’universitaires peu regardants, de fonctionnaires internationaux peu scrupuleux, d’ONGE et de milieux néocolonialistes se rejoignent dans une démarche de pseudo-analyses et mettent en commun des points de vue et des réflexions qui offrent au lecteur non averti une diversité d’angles de lecture biaisée de l’histoire passée et récente du Burundi, compromettant ainsi les acquis de la paix retrouvée malgré tant de souffrances endurées.

La démarche de Mr Zeid Al Hussein et d’autres qui vilipendent les « Imbonerakure » s’inscrit dans cette chaîne de faits tendant à dévier le processus de reconstruction en favorisant l’éruption d’un chaos tant attendu depuis 2014 mais en vain. Pour tout ce monde, le terme « Imbonerakure » leur donne un nouveau souffle et ils vont essayer de l’exploiter jusqu’à épuisement. Il en va de la pérennisation de leur emploi.
Que le tout-puissant préserve le Burundi et les Burundais de tous ces projets abjects ourdis par ceux qui ont troqué leur honnêteté pour l’amour du lucre. Paix aux âmes fauchées pendant le génocide d’avril-mai 1972.

Ruvyogo Michel