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Le gouvernement du président Nkurunziza vient d’adopter une réforme du système d’attribution de l’aide financière destinée aux étudiants dans l’enseignement supérieur. Alors que par le passé, la bourse d’études était octroyée sous forme de don, elle deviendra bientôt un prêt remboursable.

Une fois cette réforme adoptée, la réaction des étudiants ne s’est pas fait attendre. Ils rejettent la réforme, s’accrochent désespérément à l’ancienne formule d’aide et don non remboursable ! Ces aides qui tuent l’esprit créatif ou la personnalité ? Ils menacent d’arrêter les cours et de descendre dans la rue. Drôle de manifestations quand on sait que c’est devenu la mode du régime d’inciter les foules a se déverser dans les rues, à bloquer l’activité économique et à tuer le temps: pourrir l’environnement au propre comme au figuré !

J’ai eu à lire le décret qui a introduit la restructuration de la bourse d’études au Burundi. Je dirais que la réforme tombe à pic. Il ne s’agit pas de supprimer ladite aide mais de souligner que ces investissements de la nation dans ses enfants doivent profiter aux étudiants travailleurs, déterminés à jouer leur rôle de bâtisseur dans la société, aux compatriotes qui croient dans leurs capacités à fructifier un jour l’investissement placé en eux ou qu’ils sont. Cela incite ou invite à travailler sans relâche, à accorder la priorité à ses études et à l’esprit de compétition, à sortir du carcan de l’enfant pleurnichard, victime du système rouleau compresseur.

Un ami camerounais qui ne cache pas son administration pour le président Nkurunziza m’a dit hier que les étudiants burundais devraient comprendre plutôt qu’ils sont chanceux de bénéficier des prêts bourses ! Et d’ajouter : » Chez nous au Cameroun, la bourse d’études, c’est uniquement pour partir à l’étranger faire le doctorat ! Pour la licence, la maîtrise ou le DEA, l’étudiant compte sur sa famille et surtout ses propres moyens! Et comment parvient-il à trouver des moyens si sa famille est aussi pauvre que Lazare de la Bible? Il s’organise : il est étudiant la journée, employé ou débrouillard le soir ou le weekend. C’est vraiment un combat car la vie ne nous fait pas de cadeaux comme ces prêts bourses chez vous! Vous savez même ici aux Pays-Bas, l’étudiant est tenu de rembourser une partie des dépenses occasionnées par ses études ! Et on parle exactement de prêts bourses ! »

On ne peut pas comparer le Burundi ni avec les Pays-Bas (17ème économie dans le monde) ni avec le Cameroun (ce pays n’a pas connu de guerre, de génocides ni de résistance aux visées impérialistes pour ne pas parler de son confort dans le pré-carré français).

Disons que pour le Burundi, la bourse d’études gardait le statut de droit acquis. Y retoucher devient un crime grave. Or, le monde change, ceux qui ne s’adaptent pas disparaissent.

Ce droit acquis, vestige de la colonisation belge, est devenu anachronique. C’est la place à l’investissement, à la planification stratégique. Ce changement fait peur aux esprits faibles ou naïfs. Ils croient que faire du bruit, recourir aux chantages de grève et faire chanter les sirènes de certains médias ou faire les oeillades aux détracteurs du régime à l’étranger va bloquer la réforme. Que nenni.

Personnellement je soutiens cette réforme. On ne va pas à l’université pour jouer les enfants gâtés mais plutôt pour ménager sa monture car l’on connaît déjà ce que l’on aimerait devenir à la sortie de cette citadelle des lumières. Si vous estimez que l’enseignement est au rabais, qu’il ne sert qu’au passe-temps, n’y investissez ni votre temps ni l’argent du contribuable. Oubliez cette université et agissez autrement comme d’autres « self made men » dans le monde!

Parce-que ce n’est pas le président Nkurunziza qui vous verse cette petite manne financière !

Il se raconte que la réforme va bloquer l’accès aux études aux enfants de familles pauvres.

Au contraire, il faut se féliciter que des enfants aussi pauvres que leurs familles accèdent à des prêts d’argent grâce aux prêts bourses ! Parce que derrière cette pauvreté se cache une richesse : l’intelligence, le génie ou le talent ! Et on ne prête qu’aux riches !

Aux étudiants qui menacent de combattre la réforme, combattez plutôt ce démon de la facilité qui vous empêche de sortir de l’ornière : l’heure est venue de fructifier vos cervelles dans votre intérêt et celui de la nation qui vous demandera des comptes. Harya ivyagusa bitera ubwenge buke?

Daniel Kabuto