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Véritable pomme de discorde à ce site des déplacés entre l’administration et les jeunes. L’administration ne voit pas comment y faire face.

Mamerte Birukundi : « Nous devons mettre tout le paquet pour bannir cette pratique. » Mamerte Birukundi : « Nous devons mettre tout le paquet pour bannir cette pratique. »
Arrivé au site de Ruhororo le matin comme au crépuscule, un phénomène bizarre vous accueille. Des groupes de jeunes gens s’entassent le long de la Route Nationale 15 menant vers Gitega. Les uns jouent aux cartes, d’autres se lancent des blagues (pratiques appelées communément ligalas). Visiblement, ces jeunes n’ont pas ou ne veulent pas de travail.

Cette situation constitue ces derniers jours une pomme de discorde entre les jeunes et l’administration. Mamerte Birukundi, administrateur de la commune de Ruhororo promet de mettre tout le paquet pour bannir cette pratique. « Les jeunes doivent de gré ou de force quitter les ligalas pour les travaux d’auto développement ou le travail communautaire.»

Du côté des parents, le problème est aussi appréhendé de la même manière. Claudine Nahayo, une maman du site des déplacés de Ruhororo note que les ligalas constituent la source de tous les maux que connaît actuellement le site.
« C’est de là que tous les mauvais comportements s’acquièrent : banditisme, consommation des drogues et des boissons fortement alcoolisés. Les grossesses non désirées proviennent de ces ligalas étant donné que le site observe une grande promiscuité. » Elle demande à l’administration de les faire disparaître.

Les jeunes du site ne nient pas l’existence des ligalas. Pacifique Niyonkuru regrette que les jeunes soient inoccupés et s’entassent le long de la route pour « tuer le temps ».

Plus d’attention aux jeunes des sites des déplacés

Les jeunes du site de Ruhororo sollicitent encore plus d’attention de la part des pouvoirs publics. Au cours d’un atelier organisé ce mardi 7 mars sur la consolidation de la paix et la résilience communautaire au site des déplacés de Ruhororo, les jeunes sont restés unanimes : « On est comme des laissés pour compte, des enfants abandonnés ». Pour eux, le chômage, le manque d’activités pouvant les occuper les poussent à faire des ligalas. Ils proposent à l’Etat d’investir dans des projets pouvant générer des emplois aux jeunes comme moyen efficace de lutter contre l’oisiveté.

Interviewée sur la manière de bannir les ligalas, l’administrateur Birukundi n’y voit pas clair : « Nous avons commencé à interdire les regroupements. C’est aussi pour la sécurité du site. Mais il n’y a véritablement pas de projets promoteurs d’emplois pour les embaucher. » Selon elle, l’administration doit cependant s’investir pour la construction d’un Centre de lecture et d’apprentissage culturel (CLAC) dans le site. Cela permettra tout au moins d’occuper les jeunes par la lecture et d’autres activités culturelles et les retirer de la rue.
Le site des déplacés de Ruhororo a été créé en 1994 et compte plus de 15 mille habitants à majorité jeunes.

Par Cyrille Niyongabo