Le Burundi sur la voie de l’école de demain
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Le 7 septembre 2020, c’était la rentrée des classes au Burundi. Contrairement à beaucoup de pays dans le monde, les écoles n’ont pas fermé pendant la pandémie. Les élèves ont terminé l’année scolaire précédente normalement, puis sont retournés en classe à la rentrée. Officiellement, le Burundi comptait 606 cas de Covid19 et un seul décès au 4 novembre 2020.

Le Burundi a compris avant bien d’autres pays qu’investir dans son capital humain serait un levier majeur de sa transformation.L’instauration de la gratuité de l’école primaire en 2005 a abouti à une augmentation significative des taux de scolarisation et d’achèvement des études, en particulier dans les premières années de scolarité. Grâce à la volonté affirmée de donner aux filles les mêmes chances qu’aux garçons et de favoriser leur scolarisation dans les petites classes, la parité est une réalité dans le primaire depuis 2012.

Par ailleurs, la qualité des apprentissages s’est aussi considérablement améliorée. Les résultats du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC) pour l’année 2014 sont éloquents : non seulement les enfants burundais obtiennent de meilleurs résultats que leurs pairs  d’Afrique francophone en lecture (en 2e année de scolarité) et en mathématiques (en 2e et 6e année), mais le Burundi est le seul pays affichant un score national élevé et un faible écart de performances entre les meilleurs élèves et les moins avancés en fin de primaire. Ces résultats sont cohérents avec ceux de l’évaluation des compétences fondamentales en lecture (tests EGRA) réalisée en 2011, qui a révélé que 40 % des élèves de 2e année étaient des lecteurs autonomes et 40 % des lecteurs partiels, tandis que 20 % seulement ne savaient pas lire.

Les élèves du primaire au Burundi obtiennent de meilleurs résultats que ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne  : selon le classement issu des tests harmonisés de l’indice de capital humain, le Burundi est le sixième pays le plus performant sur 42. Depuis que l’école primaire est gratuite, le taux d’alphabétisation a fortement progressé, notamment chez les jeunes, passant de 62 % en 2008 à 88 % en 2017, ce qui place le Burundi parmi les 20 premiers pays d’Afrique. Ces résultats spectaculaires sont dus en partie au fait que les enseignements sont dispensés en kirundi (la langue locale parlée par 98 % de la population) pendant les premières années scolaires, mais aussi à un corps enseignant qualifié, dévoué et expérimenté, et à une communauté engagée qui accompagne les efforts du gouvernement au niveau local.

Le projet d’appui à  l’amelioration de la lecture au primaire, soutenu par la Banque mondiale, contribue à ces avancées par l’amélioration des programmes, des ressources pédagogiques et des outils d’apprentissage, mais aussi en développant la restauration à l’école et en fournissant des kits scolaires. Conçu avant la pandémie de COVID-19, ce projet s’est révélé visionnaire puisqu’il visait notamment à sensibiliser les parents à l’importance de leur rôle pour veiller à la scolarisation de leurs enfants en temps voulu ainsi qu’à leur assiduité et leur progression.

Il reste néanmoins des défis considérables à relever. Si la gratuité a sensiblement amélioré les taux d’achèvement du cycle primaire, ils sont encore inférieurs à la moyenne de l’Afrique subsaharienne et des autres pays à faible revenu : quatre enfants sur dix ne terminent pas l’école primaire et sept sur dix n’achèvent pas leurs études secondaires. La pression démographique est en partie responsable, car de plus en plus d’enfants intègrent le système scolaire. L’afflux d’élèves a mis à rude épreuve les ressources d’enseignement, en particulier dans des matières fondamentales comme le français, autre langue officielle du Burundi avec le kirundi. Alors que le pays compte en moyenne 4,8 personnes par ménage et que le taux de fécondité avoisine 5,9 enfants par femme, la population devrait plus que doubler d’ici 2050. Pour répondre au défi que pose cette démographie galopante pour l’offre de services d’éducation de base, les autorités ont pris des mesures concertées de manière à satisfaire la demande, notamment en recrutant des enseignants et en mettant en place un nombre suffisant de salles de classe.  

Pleinement conscient de ces difficultés, le gouvernement a adopté des politiques destinées à atténuer l’impact de la pression démographique sur le système éducatif. Leur mise en œuvre exigera notamment que les secteurs de la santé et de la protection sociale se mobilisent pour jouer leur rôle d’appui à une stratégie à long terme de « parentalité responsable » qui favorise une planification familiale éclairée.

Le développement de compétences essentielles, numériques en particulier, favorisera la participation au marché du travail, la création d’emplois et l’innovation dans les secteurs formel et informel ,tandis que les compétences entrepreneuriales aideront les jeunes du Burundi à utiliser les savoirs et savoir-faire qu’ils maîtrisent pour créer des emplois. Donner la priorité au renforcement des compétences des jeunes Burundais d’aujourd’hui permettra de garantir que, demain, cette jeunesse sera compétitive et productive.

En soutenant la poursuite des apprentissages à l’école et à la maison, en donnant aux parents les moyens d’aider leurs enfants et en formant aux compétences numériques, le Burundi est déjà en phase avec la vision pour l’école de demain. Alors que les applications numériques s’imposent dans les systèmes éducatifs de nombreux pays du monde, leur développement au Burundi permettra aux élèves du pays de bénéficier des ressources et des solutions les plus récentes qui renforcent l’enseignement et l’apprentissage. Les technologies de l’éducation peuvent capitaliser sur les activités déjà en place dans le pays pour intensifier la dynamique des réformes.

Par exemple, parallèlement aux émissions pédagogiques diffusées par la radio en classe et dans les foyers avec le soutien du projet d’appui à l’amélioration de la lecture au primaire, il est aussi possible d’utiliser la téléphonie mobile pour accélérer les apprentissages, en complétant les leçons par des évaluations formatives envoyées à la maison par SMS. De même, la formation continue des enseignants pourrait être largement renforcée par des méthodes mixtes, telles qu’une combinaison de cours traditionnels en face à face et de modules en ligne, et par un encadrement et un mentorat par voie numérique. Ces applications et innovations technologiques permettront non seulement de soutenir les élèves et les enseignants du primaire et du secondaire, mais aussi de valoriser l’atout le plus précieux du Burundi : sa jeunesse.

 

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