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On peut poser la question de savoir pourquoi ce dialogue à l’extérieur du Burundi ? Le détracteur du pouvoir à Bujumbura répondra comme les médias occidentaux ont l’habitude de le dire et écrire : « Le Burundi est plongé dans une crise profonde depuis que le président Pierre Nkurunziza a manifesté sa volonté de se représenter pour un troisième mandat en avril 2015….. ». C’est cette fameuse phrase qui constitue la « chute » de leurs articles quand ils parlent du Burundi. Et quand on parle de la crise devant les sympathisants du président Pierre Nkurunziza, ils rigolent : « Crise ? Depuis avril 2015 jusqu’à quand ? 5 quartiers sur 3002 collines et pendant deux mois vous parlez du Burundi ? ». Ceux qui sont au gouvernement quant à eux disent : « Seules 37 personnes sont recherchées par la justice, les autres peuvent regagner le bercail et nous demandons aux pays qui les ont accueillis de faciliter leur rapatriement »

Revenons au dialogue qui a suscité des réactions. Il y’a d’abord, celle de la sénatrice Honorable Evelyne Butoyi élue dans la circonscription de Bujumbura, celle-ci a été la première à déclarer à haute voix devant les caméras qu’il n’y’a pas de génocide en préparation contre son ethnie « Tutsi ». Pour elle il est hors de question d’inviter des personnes qui ont commandité l’insurrection violente et qui était derrière le coup d’Etat manqué du 13 mai 2015. Tout comme il n’est pas question qu’elles soient amnistiées provisoirement. Pour elle, même si elle ne l’a pas mentionné, le fait d’inviter les putschistes pour le président Mkapa, le geste a eu un impact négatif en termes d’image et risque de jeter un discrédit sur sa personnalité s’il les invite encore une fois. La question qui se pose : « Est-ce le président Mkapa qui a établi la liste des personnes à inviter ? Celui-là qui avait été récusé par l’opposition radicale ? Ce qui se murmure dans les coulisses, c’est qu’il y aurait eu des contacts entre Jamal Benomar, représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies dans la Région des Grands Lacs et le Médiateur en vue de sauver la face des putschistes.

Le deuxième intervenant c’est le président du parti PARENA Zénon Nimubona qui se dit satisfait du pas franchi. Tandis que le MSD accuse le facilitateur. Dans un communiqué qu’il a rendu public ce vendredi 24 février 2017 et signé par Me François Nyamoya à son troisième paragraphe il dit : « En substance, le parti MSD a observé que le contenu de la déclaration du Facilitateur témoigne dans le meilleur des cas d’une ahurissante méconnaissance de la nature de la « crise » actuelle et d’une appréciation erronée des sentiments des protagonistes dans la crise et dans le pire des cas d’un penchant mal caché pour le régime de Pierre Nkurunziza » Le parti Msd demande au Facilitateur de bien vouloir soumettre ses observations aux Chefs d’Etat de la communauté de l’Afrique de l’Est à l’occasion de leur prochain Sommet Extraordinaire que le Facilitateur souhaite voir convoqué, pour examiner les éléments posant un obstacle au processus.

Ce qu’il faut comprendre ici : La Sénatrice Evelyne Butoyi ne demande que le respect de la résolution 2248(2015) du Conseil de Sécurité des Nations Unies à sa 7557 séance du 12 novembre 2015, à son point 6, celui-ci dit que : Le Conseil déclare son intention d’envisager des mesures additionnelles à l’encontre de tous les acteurs burundais qui, par leurs actes ou leurs propos concourent à perpétuer la violence et entravent la recherche d’une solution pacifique. Honorable Hafsa Mossi a été sauvagement assassinée le 13 juillet 2016 et plusieurs autres….ont été tués par des éléments venus du Rwanda voisin, peut-être que c’est la raison pour laquelle la Police Nationale du Burundi (PNB) a boycotté les travaux de l’EAPCCO (East African Police Chiefs Coopération Organisation) qui se tiennent à Kigali capitale rwandaise. En effet, la rencontre a pour objet d’étudier les stratégies concertées de collaboration étroite dans la lutte contre le « TERRORISME » et les extrémismes de tous bords (sic..) Le thème est curieux…

Quant au président du PARENA, ce n’est qu’un honneur de revoir le parti de Jean Baptiste Bagaza pouvoir faire entendre sa voix dans le concert des nations. Tandis que Me Nyamoya souhaite que ce soit les chefs d’Etats de la Communauté de l’Afrique de l’Est s’il ne voulait pas parler de Yoweri Museveni qui a invité et qui a radié plusieurs partis de la liste des partis agréés au Burundi ainsi que Paul Kagamé qui héberge les putschistes et qui autorise les médias de la haine à émettre à partir du sol rwandais qui prennent les choses en main.

A suivre

Alain Desire Karorero