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On voit l’Union Européenne et ses alliés burundais sortir de leur léthargie ou, ils ne dormaient que d’un œil ? Les Eurodéputés viennent de demander à la Cour Pénale Internationale avec qui le Burundi a divorcé, d’ouvrir une enquête sur les violations des droits de l’homme commis au Burundi depuis fin avril 2015, son allié CNARED vient de tenir une réunion dans la matinée de mercredi 25 janvier 2017 à Bruxelles, où se trouve le siège de ce parlement. Ce dernier, espère qu’avec l’appui de son parrain finira dans les institutions. L’espoir fait vivre dit-on. Le gel des aides destinées au Burundi par l’UE n’a pas commencé avec l’annonce de la candidature du président sortant Pierre Nkurunziza à sa propre succession, fin avril 2015.

Mais bien, depuis la conférence de Genève tenue en 2012, parmi les 2 milliards et demi promis par les bailleurs du Burundi, pour la lutte contre la pauvreté, jusqu’en 2014, même pas un quart de cette somme n’est entré dans les caisses de la Banque Centrale. Le Burundi était déjà condamné sans le savoir.Et pour rendre plus pauvre les Burundais, en moins de deux ans à partir de cette même année qu’est 2012, 13 marchés ont été incendiés. Du jamais vu ! Plusieurs milliards sont partis en fumée et nombreux de ces commerçants qui tenaient des stands dans ces marchés utilisaient des capitaux obtenus à crédit, heureusement en moins d’un mois les marchés incendiés rouvraient leurs portes. Les attaques contre les banques et les micro-finances suivront pour mettre à terre l’économie du pays et l’insurrection violente quant à elle allait rendre le pays ingouvernable, infréquentable si elle n’était pas maîtrisée rapidement. En moins de trois semaines le pays a enregistré un manque à gagner s’élevant à plus de 50 milliards de francs burundais suite à l’arrêt du trafic routier, la fermeture des marchés et boutiques, la destruction des infrastructures publiques etc dans ces quartiers dits « Contestataires ».

A quoi a servi cette manne promise par les bailleurs ? A armer de façon hétéroclite les « Insurgés », d’armes blanches et d’armes à feu en leur demandant de prendre comme prétexte le refus de se retrouver réduits en esclaves d’un seul homme « Abaja », le jour venu, en perpétrant des actes de violence extrême contre les pro-Nkurunziza, « Hutu » dans leur majorité. Chose faite, fin avril 2015 alimentant ainsi le spectre d’un nouveau conflit ethnique ou pire de « Génocide ».Terme cher à l’occident. C’était un piège tendu contre le parti au pouvoir. Il fallait agresser les Imbonerakure pour qu’ils réagissent, afin d’accréditer la thèse selon laquelle le parti au pouvoir a planifié un « Génocide» contre la minorité Tutsi.

Cette jeunesse, innocente, manipulée, droguée, par son intolérance a laissé libre cours à la violence, en attaquant des innocents dans des places publiques. Cette rage aveugle a entrainé plusieurs morts et le déplacement de près d’un quart de la population des quartiers dits : « contestataires ». Les anciens réfugiés habitant ces quartiers se sont déplacés, mais ont refusé de reprendre le chemin de l’exil. « Patrie ou la mort » disaient-ils. Mais, curieusement, c’est le contraire qui s’est observé. Tout comme en politique. Ceux qui demandaient le dialogue avant le déclenchement de l’insurrection, sont ceux qui refusent le dialogue avec les insurgés aujourd’hui. Et ceux qui ont refusé le dialogue avec les officiels burundais avant et pendant l’insurrection, sont ceux-là, qui souhaiteraient dialoguer avec le gouvernement aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle, Anicet Niyonkuru, Secrétaire Exécutif du CNARED est sorti de la salle découragé à cause de l’absence de l’absence des représentants du gouvernement.

Revenons au partage du pouvoir, qui est l’enjeu principal dans toutes ces tractations. Ceux qui se présentaient hier comme des défenseurs de la Constitution demandent aujourd’hui, qu’elle soit violée par des arrangements en leur ouvrant la porte du gouvernement. Plus étonnant encore : peut-on être représentant d’un président et d’une nation à l’étranger après avoir demandé des sanctions contre ces derniers ? Après avoir demandé le gel des salaires des militaires de leur pays qui ont abandonné femmes et enfants, parents, amis et connaissances et qui suent eau et sang dans le désert somalien depuis 12 mois sans percevoir leur solde ? Et ces 10 ambassades que rêve le CNARED ? Quant à la formation d’un gouvernement dit d’ « Union Nationale », c’est demander la lune. Revenons à la formation du gouvernement de Pierre Buyoya en 1989, juste après les évènements de Ntega et Marangara. Gouvernement qu’il a appelé d’ « Unité». Et donc : « D’Union Nationale ». A y regarder de près, il a nommé Adrien Sibomana à la tête de ce gouvernement d’une vingtaine de ministres dans lequel, tous les observateurs de la vie politique burundaise qui connaissaient la racine du mal burundais s’accordaient à reconnaitre un dosage ethnique et régional déséquilibré. Tous ceux que Buyoya soupçonnait d’avoir des affinités avec son prédécesseur Jean Baptiste Bagaza ou d’être membres du Palipehutu ont purement et simplement été éjectés, s’ils n’étaient pas emprisonnés et les femmes presque oubliées. Buyoya a pris soin de s’entourer des hommes qu’il connaissait et facile à manipuler. Ce n’était que la poudre aux yeux, puisque lorsqu’il est revenu au pouvoir en septembre 1996, la désillusion a fait cinq ans plus tard place à la résignation, alimentée par une faible représentativité de ses opposants dans des ministères clé. Pour former un gouvernement véritablement national, il faut se rendre aux urnes et laisser le peuple opérer son choix.

Le constat est qu’au Burundi, à défaut de se rendre aux urnes, faute d’électorat, on déclenche la violence pour aboutir au partage du gâteau. C’est, ce qu’on a fait en 1965, c’est ce qui s’est passé au début des années 90. C’est ce qu’on a tenté de faire au milieu de l’année 2015 et c’est ce que les radicalistes s’évertuent à faire aujourd’hui.

Alain Desire KARORERO