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Après l’assassinat du ministre de l’Environnement, Bujumbura renforce le dispositif sécuritaire auprès des personnalités publiques, et se prépare à intensifier son offensive diplomatique contre le CNARED jugé comme “force terroriste”.

Toute la communication du CNARED et de ses relais, sur les réseaux sociaux notamment, vise à poser une seule question, formulée par Pierre Claver Mbonimpa: “Est-ce que l’assassinat du ministre Emmanuel Niyonkuru montre la sécurité que chantent les officiels burundais?” Le CNARED a même précisé que “l’assassinat du Ministre Niyonkuru découle du chaos engendré par le 3ème mandat illégal de Nkurunziza”.

L’assassinat du ministre à Bujumbura s’est accompagné d’autres actes de violence en province, comme à Bubanza où une grenade a été lancée au milieu d’une assemblée en prière lors du réveillon.

Pour l’opposition radicale, le raisonnement est le suivant: si on résout la question du mandat illégal de Nkurunziza, la violence au Burundi va cesser. Ce qui revient à dire que l’opposition radicale maîtrise ceux qui sont derrière ladite violence.

La pression que tente d’exercer l’opposition radicale sur Bujumbura via les assassinats de personnalités gouvernementales s’accompagne de menaces aux tutsis pro-Cndd-Fdd. Toute une campagne numérique a été récemment lancée sur les réseaux sociaux, pour créer une psychose au sein du parti au pouvoir et nourrir la division ethnique.

Ainsi, Teddy Mazina, l’un des communicateurs du mouvement Sindumuja, a recemment traité les personnalités tutsi derrière Nkurunziza de “collabos“, en référence aux soutiens du génocide nazi contre les Juif. Avant de spécifier le sort qui est réservé aux “traîtres” tutsi burundais, dans un tweet qu’il a effacé par après: “On ne vous tuera pas, mais vous serez jugés bientôt”.

Il est clair que les pro-Nkurunziza qui ne seront pas “jugés” par les Sindumuja subiront l’autre sort, c’est à dire la mort.

“Ces appels au meurtre à peine voilés sont tenus par des personnalités qui sont, soit au Rwanda, soit en Belgique. Ces pays hôtes ne condamnent ni ces menaces, ne répondent ni aux mandats d’arrêt émis par le Burundi, tout en continuant de nourrir et loger ceux que nous dénonçons. Tout au plus, ils feintent en annonçant du bout des lèvres leurs bonnes intentions, comme récemment l’ambassadeur belge dans le journal Iwacu”, note un membre du gouvernement burundais, qui parle de “manifestations de relations strictement inamicales”.

Pour sa part, Kigali a déjà annoncé sa position. Tout en reconnaissant abriter des gens recherchés par la justice burundaise, le Président Kagame demande des garanties: “Les implications de chasser les réfugiés burundais du Rwanda sont infiniment plus grandes que ce simple acte”.

Quant à la Belgique, elle héberge les cerveaux de l’opposition radicale, dont le gros du directoire du CNARED: “C’est à partir du territoire belge que les criminels conçoivent la plupart des plans d’éliminations physiques ciblées des officiels burundais”, indiquent des sources dans la police burundaise.

Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les rencontres pro-Cndd-Fdd, beaucoup à Bujumbura se posent la question de savoir pourquoi Bujumbura entretient encore des relations diplomatiques avec la Belgique: “Leur hostilité contre notre parti est limpide”.

D’où l’opportunité de se poser la question suivante: vers une rupture des relations diplomatiques entre le Burundi et la Belgique?

by Irakoze Emmanuel