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Bilan d’étape de la visite du facilitateur tanzanien, qui entame sa deuxième journée de consultations dans le cadre du dialogue inter-burundais. Au menu: les positions divergentes des deux principaux leaders politiques à Bujumbura, sur l’épineuse question des invités au dialogue.

Le Secrétariat de l’EAC a publié hier dans la soirée le bilan des premières rencontres du facilitateur Mkapa à Bujumbura. On apprenait que Mkapa a rencontré les ambassadeurs UE et celui de la Russie séparément, a été reçu par le président Nkurunziza, avant de s’entretenir avec toute une palette d’acteurs politiques divers.
Dont le Secrétaire Général du Cndd-Fdd, l’Ombudsman, Agathon Rwasa, l’ancien numéro un burundais Domitien Ndayizeye, les partis politiques agréés au Burundi, les religieux, et les représentants des femmes, jeunes et société civile.

Et le moins que l’on puisse dire, les rencontres de ce jeudi ont largement été marquées par deux sons de cloche divergents sur les personnes à inviter au dialogue. D’un côté, le Cndd-Fdd a rappelé par le biais de son Secrétaire Général « qu’il n’est pas question de dialoguer avec les personnes poursuivies par la justice », paraphrasant le gouvernement, pour lequel dialoguer avec les putschistes est une ligne rouge.

De l’autre côté, Agathon Rwasa qui n’y est pas allé de main morte, en appelant le Cndd-Fdd à “dépasser le passé et se poser dans le présent, pour construire le futur”.

Des propos qui ont le mérite d’être clairs. Malgré les accusations feutrées de jouer pour le Cndd-Fdd, Agathon Rwasa parvient ainsi à maintenir un discours ferme face au pouvoir, tout en endossant le rôle de l’opposant responsable. L’équipe Mkapa qui le décrivait comme « un acteur politique-clé » ne s’était pas trop trompée…

Les propos de Rwasa viennent rappeler les deux camps en face, qui rythment le dialogue en cours.

Outre le Cndd-Fdd qui tient à châtier les putschistes de 2015, le CNARED campe officiellement sur sa position-fondatrice: en vertu des Accords d’Arusha, les institutions actuellement en charge de la République sont « de facto », et doivent s’écarter pour laisser place à un gouvernement de transition.

Mais dans les coulisses, cette ligne fracture la coalition: d’une part, sous le leadership du MSD d’Alexis Sinduhije, certains opposants pensent que le seul moyen de contraindre Bujumbura à discuter est par les armes. De l’autre part, les frondeurs et certains anciens dignitaires politiques burundais (issus notamment du Sahwanya Frodebu), qui tiennent à une ligne moins ferme face à leurs anciens collaborateurs, sont prêts à des compromis pour peu que « des garanties d’élections libres et transparents soient obtenues en 2020, sans Nkurunziza en course.

En attendant de voir l’évolution de la visite de Mkapa, qui prendra fin ce dimanche 11 décembre, on notera également que les positions tranchées sur la scène politique se retrouvent généralement aussi dans la société civile, entre pro-Bujumbura et pro-CNARED.
Pas facile de prédire l’issue des consultations et les rôles qu’occuperont les uns et les autres dans quelques mois, alors que le facilitateur s’est donné six mois pour arriver à un accord, à la mi-2017.

Sur ces six mois, Mkapa devrait rencontrer de nouveau le directoire du CNARED, avant de lancer trois rencontres autour d’une dizaine de points de discussion « qui reviennent dans toutes les consultations avec les parties prenantes », selon l’entourage du facilitateur.

by Axelle Kakunze