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Source : ppbdi.com, le 20 septembre 2016

Lutte contre la pauvreté, éviter le chômage et la pauvreté à l’origine des frustrations sociales, entre autres solutions proposées

En sa deuxième journée de tournée pour le dialogue interburundais dans la province de Rutana, la CNDI (Commission nationale de dialogue interburundais) était dans la commune Musongati, le vendredi 16 septembre 2016. Les activités se sont déroulées au chef-lieu de la Commune Musongati et étaient dirigées par le président de cette Commission, Mgr Justin Nzoyisaba. Les participants marquent une convergence de vues en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté par l’exploitation des richesses minières dont le Burundi dispose. Les divergences s’observent au niveau de la Constitution et de l’Accord d’Arusha.

Dans son mot d’accueil, l’administrateur de la commune Musongati, Jean Damascène Arakaza, a fait savoir que sa commune se trouve dans la paix et la sécurité. La population cohabite pacifiquement dans sa diversité politique, ethnique et religieuse, a-t-il ajouté. Les habitants de la commune Musongati vaquent quotidiennement aux activités de développement mais font face à un défi majeur, à savoir la pauvreté, a dit M. Arakaza. Selon lui ce défi ne devait pas persister étant donné les richesses minières dont regorge cette commune.
Dans son discours d’ouverture des travaux,Mgr Justin Nzoyisaba, président de la CNDI, a annoncé la finalité du dialogue interburundais, à savoir trouver une ou des solutions pour arriver à une démocratie et une paix durables.Il a ainsi annoncé la question à laquelle les participants étaient appelés à répondre pour arriver à la finalité du dialogue interburundais. Mgr Nzoyisaba leur a demandé de s’exprimer librement et avec politesse afin d’apporter une contribution pour la construction du Burundi. Il leur a promis que leurs contributions seront tenues en considération lors du rapport final de la commission.
Gérard Nduwayo commissaire de la CNDI, a passé en revue l’historique des élections au Burundi depuis l’indépendance jusqu’en 2015. Il y a eu des élections au Burundi telles que celles de 1961, 1965, 1993, 2005, 2010 et 2015, a-t-il dit avant de rappeler qu’elles ont été caractérisées par des perturbations et de l’insécurité causant des pertes en vies humaines et les leaders n’ont pas été épargnés.
Il a parlé de l’assassinat du Prince Louis Rwagasore au lendemain de la victoire de son parti en 1961, de l’assassinat du Premier ministre Pierre Ngendandumwe en 1965 et plusieurs parlementaires qui venaient d’être élus. Il a laissé entendre que de 1965 jusqu’en 1993, il n’y a pas eu d’élections parce que les pouvoirs qui se sont succédés étaient militaires et la voie pour y arriver était le coup d’Etat. C’est ainsi qu’après les élections de 1993, le président Melchior Ndadaye fut assassiné avec ses proches collaborateurs qui venaient d’être élus. Il a mentionné que les élections de 2010 et celles de 2015 n’ont pas également été épargnées par des conflits électoraux qui sont devenus comme un destin des Burundais.

Des avis divergents sur l’Accord d’Arusha et la Constitution

Certains intervenants pensent que l’Accord d’Arusha doit être revu de même que la Constitution du Burundi mais cela ne veut pas dire leur suppression. Ils ont souligné l’importance de clarifier certains articles de la Constitution qui ont prêté confusion lors des élections de 2015. D’autres intervenants estiment que l’Accord d’Arusha n’est plus d’actualité, il en est de même pour la Constitution qui doit être amendée selon eux. Un autre intervenant a fait remarquer que le mieux serait d’insérer l’Accord d’Arusha dans la Constitution. Un autre intervenant a dit qu’il serait important de supprimer les quotas ethniques dans la Constitution. Un participant a dit que l’Accord d’Arusha doit être préservé.
Selon une femme qui s’est exprimée, la question des mandats présidentiels est un prétexte. Elle a ainsi souhaité qu’on efface les histoires des mandats car, a-t-elle ajouté, le mandat est accordé par la population à travers les élections.

Accorder le pardon collectif pour permettre le rapatriement effectif

Un intervenant a fait savoir que la solution efficace serait de supprimer les partis politiques qui n’obtiennent pas des voix leur permettant de siéger au Parlement. D’autres participants ont indiqué que le mieux serait d’accorder le pardon collectif, ce qui permettrait un rapatriement effectif. Un autre intervenant demande la mise en place d’un Conseil national qui serait chargé d’inventorier tous les événements qui doivent faire partie de l’Histoire du Burundi.

Formation patriotique et appui des jeunes dans leurs projets

Certains intervenants ont demandé au gouvernement du Burundi d’organiser la formation patriotique pour tous les jeunes du Burundi. Ils ont insisté sur la nécessité de faire suivre cette formation patriotique d’un appui réel des projets des jeunes pour éviter les frustrations de ceux qui terminent les écoles mais qui se retrouvent dans le chômage prolongé. Un intervenant a demandé à l’Etat d’élaborer une politique claire qui aboutirait à la création d’emploi.

Lutter contre l’impunité et établir une justice indépendante

Plusieurs intervenants ont affiché une convergence de vues sur la lutte contre l’impunité. Un d’entre eux pense qu’il y a moyen de faire une enquête sur tous les crimes commis depuis l’indépendance du Burundi jusqu’aujourd’hui et ainsi prévoir des mécanismes de réprimer ces derniers. La justice doit être indépendante pour garantir l’équité dans le pays.

Exploiter les richesses naturelles dont le Burundi dispose

La plupart des participants ont laissé transparaître une soif de voir les richesses minières du Burundi bien exploitées. Les Burundais pourraient jouir des dividendes de l’exploitation du nickel de Musongati et d’autres richesses minières du Burundi. Ils ont demandé au gouvernement de ne plus tarder à planifier et exécuter les travaux d’exploitation de ces richesses dans l’immédiat. Ils pensent que cela serait l’une des solutions efficaces, car les jeunes désœuvrés auront du travail et gagneront leur vie et ne pourront plus être manipulés maladroitement.

Amédée Habimana