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Le congrès extraordinaire de ce samedi 20 août à Gitega a confié le conseil des sages, la plus haute instance du parti présidentiel, aux combattants de premières heures de l’ancien mouvement Cndd-Fdd.

Quatre anciens combattants sur les cinq membres qui composent le nouveau conseil des sages. Le général Evariste Ndayishimiye est désormais l’homme fort du « parti de l’Aigle » après le président Nkurunziza. Il a été élu par approbation secrétaire général (SG).

En effet, selon les nouveaux statuts du parti adoptés lors de la première phase du congrès à Ngozi du 18 au 19 juin, la présidence du parti a été supprimée au profit du secrétariat général qui rend compte au conseil de sages . Le SG est d’office secrétaire du conseil des sages qui est présidé par Pierre Nkurunziza.

Hormis ces deux plus hautes personnalités du parti, l’ancien premier vice-président du parti Joseph Ntakarutimana siège aussi au conseil de sages en sa qualité de secrétaire général adjoint. Il est le seul qui n’a pas fait le maquis dans ce conseil.

Autres membres : Daniel-Gélase Ndabirabe (alias Ndasubiramwo, selon le président Nkurunziza), porte-parole sortant du parti et Zénon Ndaruvukanye. Ces deux anciens maquisards ont été approuvés comme secrétaires exécutifs : le premier est en charge de la vie du parti (suivi et évaluation), le second est le trésorier général.

Selon les nouveaux statuts, le conseil des sages est comme un conseil d’administration qui supervise les activités de huit départements dirigés par des secrétaires exécutifs.

Six autres secrétaires exécutifs de l’équipe dirigeante

A part Gélase-Daniel Ndabirabe et Zénon Ndaruvukanye qui siègent aussi dans le conseil des sages, les autres secrétaires exécutifs sont : Anastase Manirambona, chargé de l’idéologie, mobilisation et diaspora. Godeliève Nininahazwe devient secrétaire exécutif chargée des questions politiques, administratives et juridiques. Emmanuel Sinzohagera est à la tête du département chargé des questions de développement. Athanase Hatungimana se voit confier le département chargé des questions socio-culturelles tandis que Sylvestre Ndayizeye et Nancy-Ninette Mutoni dirigent les départements chargés respectivement de la coordination des ligues affiliées au parti et de la communication.

Quelques messages-phares

Le président sortant et actuel président de l’Assemblée nationale, Pascal Nyabenda, a reconnu que le parti traverse une zone de turbulence en matière de diplomatie, de politique et d’économie. Il conseille à la nouvelle équipe dirigeante de se souvenir à chaque instant que « le Cndd-Fdd est un parti du peuple. » Pour cela, les dirigeants doivent se mettre à l’écoute de tous, « surtout des va-nu-pieds ». Il l’exhorte à travailler dans la discrétion. La nouvelle équipe devra envisager une passation en douce de témoin avec l’équipe qui lui succédera.

Enfin, dans une métaphore filée, M. Nyabenda a exhorté la nouvelle équipe à diriger le « bus Cndd-Fdd dans les quartiers Nyakabiga, Ngagara, Cibitoke, Musaga et Jabe pour y embarquer les habitants. » L’on se souviendra que ces quartiers sont dits « contestataires du troisième mandat. »

Quant au général Evariste Ndayishimiye, il a insisté sur le « travail pour lutter contre la pauvreté. » Pour cela, il faut travailler en synergie. Et d’annoncer qu’il sera érigé un building de dix-huit niveaux ; la tâche revenant à chacune des dix-huit provinces du pays d’ériger un niveau. Dans une allégorie, il qualifie les détracteurs du Cndd-Fdd comme le « hibou qui use de frêles oreilles pour terroriser les non avisés qui les prennent pour des cornes. »

Le président Nkurunziza précisera que l’immeuble sera construit à Gitega pour deux raisons : d’abord, c’est là où l’idée est née et approuvée par les congressistes. Ensuite c’est la province natale du général Ndayishimiye. Le président Nkurinziza martèlera que « ce mandat est un mandat de Dieu ». Aussi s’est-il lancé dans de longues louanges envers Dieu. Il discernera un certificat d’honneur à tous les membres du conseil des sages sortant. Une coulisse : l’ombudsman Muhamed Rukara ne sera pas fortement acclamé lors de la remise des certificats. Le président Nkurunziza discernera des certificats d’honneur à six militants pour « leurs faits exceptionnels ». Parmi ces derniers figurent l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel vice-président de l’Assemblée nationale, Edouard Nduwimana.

Signalons que parmi les invités d’honneur figuraient entre autres les représentants de l’Afrique du Sud, du Nigéria, de la RD Congo, de l’Ouganda, de la Tanzanie, de la Chine et de l’Egypte. Aucune représentation d’un pays occidental n’a été signalée. Les partis et les associations de la société civile de la mouvance présidentielle avaient répondu présents.

A noter aussi que la sécurité était renforcée. A l’exception de l’équipe de communication de la présidence de la République, personne d’autre n’entrait dans les enceintes de la gare routière de Zege où s’est déroulé le congrès avec son téléphone portable ou sa montre. Une fois à l’intérieur, même le diplomates, personne n’était autorisé de sortir. Enfin, par quatre fois au moins, l’équipe médicale a été sollicitée pour des interventions d’urgence.

Signalons que ce congrès a coïncidé avec le jour du premier anniversaire de la date de prestation de serment de Pierre Nkurunziza pour son troisième mandat.

A noter également que le général Ndayishimiye avait exprimé par écrit son intention de quitter définitivement l’armée le 11 février 2016 ; démission acceptée par le président Nkurunziza le 18 juillet.