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Il y a exactement un an jour pour jour le L. Géneral Adolphe Nshimirimana était assassiné à Bujumbura précisément à la gare du nord. J’ai pu rencontrer certains de ses proches, de ses amis, de ses compagnons de lutte qui lui ont parlé le soir de l’ultime samedi. Ils sont tous unanimes, le Général mesurait la gravité de la situation.

J’ai comme certains d’autres mal vécu ce séisme survenu le dimanche matin et qui emporta l’un de nos meilleurs. Lui qui, tout au long de son combat était toujours dans le collimateur de ses détracteurs qui ne cessaient de se déchainer contre sa personne. Tel un story telling ,un scénario idéalisé par ses assassins et leurs complices pour formater les esprits. Le passage à l’acte serait alors vécu comme une légitime défense.

Ce dimanche matin, des millions de burundais étaient choqués, atterrés par cette disparition précoce car derrière ce grand héros ce sont les valeurs de paix, liberté et de la réconciliation visées et pour lesquelles le L.Géneral Adolphe Nshimirimana s’est vaillamment battu. Les hutu, les tutsi et les twa étaient tous bienvenus dans son quotidien. Décrit comme un homme puissant, un roi de la foret, il n’a jamais cherché à abattre ses opposants, pourtant il en avait les moyens. C’est la grande différence avec ces radicaux qui eux n’ont pas hésité une seconde sans se soucier des conséquences. Quelle lâcheté! L.Général portait donc ces valeurs auxquelles adhèrent les burundais en général.

Il est ce combattant pour la liberté de tout un peuple opprimé par un oppresseur pendant plus de 40 ans. Et oui tout ça fait de lui incontestablement une grande figure de l’histoire du Burundi, bref un Héros.
Son parcours héroïque commence en 1993 juste après l’assassinat du feu Ndadaye Melchior .Un premier président démocratiquement élu et lâchement assassiné à une cruauté inouïe trois mois à peine élu.
Lui, Adolphe avait vite compris que le système d’alors avait eu du mal à digérer l’avènement de la démocratie, qu’il décida d’organiser une résistance armée à Kamenge, sa commune de résidence où il mourra abattu par des terroristes. Pas besoin de longue réflexion pour comprendre que ça n’a jamais été une affaire de mandat mais d’une situation socio-politique complexe comme il n’a cessé de le dire. Il a toujours dit que les choses ne sont pas simples qu’elles en ont l’air.
Là, il s’adressait à tous ceux qui pensaient que la démocratie était acquise, à ceux qui n’avaient pas encore pris conscience que malgré un faux semblant, la situation était telle que des loups s’étaient déguisés en agneaux, faisant croire d’adhérer aux valeurs démocratiques. Il a fallu du temps pour certains de comprendre les vrais enjeux. Ce que lui avait compris depuis, l’histoire le confirme aujourd’hui alors que malheureusement il n’est plus. Ce n’est donc pas une affaire de personnes comme le laissaient penser ses détracteurs. C’est un combat entre un peuple longtemps opprimé et qui aspire à la liberté et démocratie contre une minorité d’oppresseurs déchus et des radicaux ayant bénéficié de privilèges d’un long et ancien régime dictatorial. Par contre ses détracteurs ont eu tort de penser qu’en l’éliminant, ils allaient régler le problème. «On a tué Adolphe mais pas les Adolphe». Le même modus operandi a été utilisé lors d’assassinat de Ndadaye Melchior. Ils croyaient pouvoir arriver facilement à leurs fins d’enterrer définitivement la démocratie en lui décapitant sa tête d’abord pour ensuite s’attaquer à ses racines dont le peuple.
Aujourd’hui si le L.Général pouvait revenir, il verrait qu’il a eu tout vrai. D’un côté ses assassins sont traqués partout et leurs complices errent toujours, haineux, enragés en attente d’un pseudo-génocide ou de guerre civile qui les légitimerait. D’un autre côté, la démocratie visée ne cesse de se solidifier. Le peuple se retrouve et devient davantage souverain. En gros, pendant que ses assassins et leurs complices continuent leur descente à l’enfer, la liberté et la souveraineté du peuple Burundi-ais ne cessent de s’affirmer. De ma part, J’ai l’impression d’avoir bu sa réflexion résumant la situation socio politique burundaise : la complexité du combat démocratique et ce n’est pas la simplification préférée par certains acteurs exogènes et endogènes qui résoudra les problèmes s’y rattachant.
En plus, l’une de ses grandes réalisations est sa contribution dans l’institutionnalisation d’une armée mixte, professionnelle. La FDN qui, aujourd’hui fait honneur à notre nation dans son travail de protéger notre territoire d’un côté et par ses missions extérieures de maintien de la paix .Une FDN qui a compris que c’est par l’unité qu’on s’en sortira ensemble. La FDN est donc l’un de ses œuvres au service de la nation et chaque fois que l’on se souviendra de lui, on sera amené à rappeler cette étape importante dans un processus démocratique complexe. On l’oublie souvent, la FDN n’était pas une chose aisée mais un fait ambitieux lui plaçant forcément en position d’un des géants de l’histoire du Burundi, n’en déplaisent ses détracteurs.

De mots géniaux, il en avait. Il disait en ces mots simples: ” personne n’a osé lever le doigt ” et d’ajouter :” quand il y a la paix tout le monde se sent capable” et plus encore: “kiretse twese dupfuye”. Tout cela met en évidence sa détermination qui l’a toujours marqué.
Aujourd’hui, le L.General Adolphe Nshimirimana n’est plus, se repose mais toutes ses paroles continuent à nous parler. Ses valeurs de résistance, tolérance, et Unité sont le combat de tous les jours des burundais dans un contexte d’un Burundi faisant face à des actes de terrorisme et d’agression. Nous sommes conscients de la nécessité de les préserver mais aussi de la menace qui pèse sur tous ces millions de burundais qui se reconnaissent en Adolphe Nshimirimana. Qu’on s’y trompe pas ce n’est pas une affaire de personnes, loin de là c’est un combat démocratique qui prendra du temps nécessaire avec malheureusement un lourd prix à payer.
Rien de nouveau ,on en a déjà payé un lourd prix et rien n’est fini. Pensée à toutes les victimes de cette intolérance. Il faut juste une lucidité face à ces défis. Les burundais ont jusqu’ici montré qu’ils étaient capables de se défendre, se relever ensemble. L.Général Adolphe Nshimirimana est mort pour qu’on puisse vivre et la meilleure reconnaissance que l’on puisse lui faire n’est rien d’autre que de continuer le combat.
Au moment où nous commémorons une année après son assassinat, j’ai encore une fois une profonde pensée à sa famille, ses amis compagnons de lutte et le parti CNDD-FDD dont il est issu ,à qui j’exprime ma compassion. Quant au Général Adolphe Nshimirimana, je lui adresse un salut républicain pour ce second AT’CHAO
Par Félix Mazambo