Partage

Le Conseil des Ministres de l’EAC tenu fin février 2016 avait ordonné au Secrétariat Général d’organiser une mission d’investigation sur la situation sécuritaire au Burundi. Puis de soumettre son rapport au Conseil sectoriel des ministres chargés des Affaires de l’EAC, qui allait se tenir fin juin 2016 à Nairobi, au Kenya.

C’est ainsi qu’entre le 20 et 24 juin derniers, les pays membres effectifs de l’EAC à l’exception du Rwanda avaient dépêché un total de 13 experts à Bujumbura pour participer aux réunions d’évaluation. Ces rencontres ont impliqué des auditions d’acteurs très différents, des Nations Unies à l’Union Africaine et le gouvernement burundais en passant par les entrepreneurs venus du Kenya, Tanzanie ou du Rwanda.
A Bujumbura, l’ambassade du Rwanda a été sollicitée à plusieurs reprises et, malgré ses bonnes promesses, ne s’est pas présentée une seule fois aux réunions.

Ce 30 juin, le Conseil des Ministres vient donc d’accuser réception du rapport issu de cette mission d’investigation de l’EAC. La réunion validant le rapport n’a pas été facile: le Rwanda s’est farouchement battu pour que ledit rapport ne soit ni considéré, ni approuvé. Pas étonnant car les conclusions des 13 experts de l’EAC sont à l’opposé de ce que le pouvoir de Kigali, ses relais burundais,
certains partenaires étrangers ainsi que la plupart des médias mainstream martèlent à qui veut les entendre. C’est à dire que la situation au Burundi s’aggrave et que le pays est au bord de l’apocalypse .

Le verdict des experts est sans appel : au Burundi, le retour à la paix et à la sécurité évolue fort positivement (voir slider en bas ).
Les enjeux pour les Rwandais étaient multiples: entre autres, ils savaient bien que si l’EAC acceptait que la sécurité est garantie au Burundi, il n’y aurait plus aucune raison d’empêcher certaines grandes réunions et rencontres de la Communauté de s’y tenir. Et c’est exactement ce qui s’est passé: le calendrier des activités de l’EAC entre juillet et décembre 2016 a été adopté, et le Burundi va héberger le même nombre de réunions et événements que les autres pays membres de l’EAC.

Aussi, le rapport recommande que l’EAC fasse tout pour que les rapports entre le Rwanda et le Burundi reviennent à la normale. Conscient du rapport négatif américain sur le recrutement des réfugiés pour des fins de rébellion au Burundi, Kigali ne souhaite pas une autre mention qui alimente des accusations de déstabilisation de son voisin burundais.
Ainsi, les Rwandais ont obtenu du Conseil que le rapport final ne mentionne que les questions sécuritaires et non celles relatives aux relations bilatérales entre le Rwanda et le Burundi.
Enfin, il a été convenu qu’une autre mission d’évaluation se rendra à Bujumbura fin juillet 2016.

La réalité sur terrain vient de nouveau de démentir les experts de la propagande négative sur le Burundi lors d’un Conseil de l’EAC fort significatif. De quoi alimenter les débats lors de la prochaine session du dialogue inter-burundais prévue du 9 au 12 juillet prochain.

Axelle Kakunze