Le piège Rwasa évité, le Burundi peut respirer mais retenons la leçon
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Le plan était facile à exécuter si Rwasa avait été élu à la haute magistrature. Aussitôt, ils allaient neutraliser militairement, policièrement, administrativement et politiquement tout l’héritage du CNDD-FDD et par la suite lui-même Rwasa suivrait pour laisser la place à ceux qui l’avaient hissé haut. cela explique cet engouement qu’on a observé à le soutenir matériellement et humainement pendant sa campagne électorale, il y avait gros à gagner si le plan avait fonctionné comme prévu. C’est la seule explication logique qu’on peut trouver notamment pour expliciter l’attelage contre nature entre Rwasa, le réseau de Buyoya, le mouvement Sindumuja, les Prélats de l’Eglise Catholique du Burundi et le voisin du Burundi.

Effectivement le bien fini toujours par triompher sur le mal. Avec toutes les mauvaises casseroles que traîne Rwasa, c’était le candidat idéal et le pont solide pour permettre aux cerveaux de l’opération d’arriver à leurs fins. Il est accusé d’avoir assassiné les Banyamurenge à Gatumba, tué le Nonce Apostolique, tué une Britannique qui était dans un bus volcano, massacré des centaines de blessés et handicapés du Palipehutu FNL quand il en été encore le Président, il avait dû écourter sa formation universitaire en 1988 car il était traqué comme un terroriste génocidaire par le régime du Major Buyoya, etc… Actuellement, tous ceux qui le soutiennent ne sont que des éléments de ce plan qui, heureusement, vient d’échouer au travers du bulletin de vote.

La stratégie était vraiment d’annihiler définitivement la paix et la concorde nationale qui prévalent aujourd’hui au Burundi, car ça n’est que dans un pays troublé que certains objectifs économiques et intérêts divers sont atteints notamment le contrôle du territoire, son utilisation dans sa sous-région dans un contexte géopolitique de dominants et de dominés sans oublier son exploitation socio-économique au profit des milieux financiers. Dans le monde les exemples sont nombreux.

D’abord, on allait l’obliger à ré-adhérer à la CPI puis le faire signer toute une série d’accords inéquitables, donc en défaveur du Burundi, soi-disant pour se réconcilier avec la Communauté internationale et ce n’est qu’après que tous les dossiers le concernant seraient ressuscités et remis au goût du jour, pour en définitive le traduire devant les tribunaux y compris la CPI et la boucle aurait été alors bouclée.

On peut aisément s’imaginer les conséquences néfastes qu’aurait constitué l’inculpation du Président de la République, son affaiblissement politique, aurait permis aux réseaux de Buyoya et leurs amis néo colons de générer une situation de troubles généralisées dans le pays, créant ainsi le chaos qui aurait alors permis à ces milieux de passer à la vitesse supérieure, en réalisant dans la sous-région ce qu’ils envisagent depuis les années 90.

Tous jureraient la main sur le cœur qu’ils ne savaient pas qu’il traînait autant de sales dossiers et que c’est vraiment très dommage pour le Burundi mais que la Communauté internationale ne va pas laisser tomber le peuple burundais, qu’elle a déjà un plan de sortie de crise. C’est alors qu’ils sortiraient le plan d’asservissement du Burundi des cartons et personne n’aurait pu éviter aux Burundais la libyanisation, la joie des Sindumuja serait au zénith et certains d’entre eux alors en profiteraient pour aller occuper des postes juteux dans ce chaos.

L’opération aurait alors été rentable et aurait justifié les moyens colossaux financiers, matériels et humains consentis par les néocoloniaux, le réseau de Buyoya, le mouvement Sindumuja y compris le voisin, lors de la campagne de Rwasa et la démocratie au Burundi aurait été enterrée pour plusieurs décennies car des purges sans pitié dans le pays auraient des aspects du déjà vu, comme en 1965, 1969, 1972, 1988, 1993-  .

Rappelons que tout ce monde avait refusé de contribuer au financement du processus électoral, car il n’a jamais cru aux valeurs démocratiques, Rwasa en premier et que pire encore, il avait battu campagne pour la non-adoption de l’actuelle constitution et n’a pas, non plus, participé au financement de ces élections-ci alors que la plupart des Burundais avaient mis un point à l’honneur en contribuant dans la mesure de leurs moyens au financement.

N’oublions pas que Rwasa avait annoncé qu’il n’allait pas accepter les résultats des urnes bien avant la tenue des élections, sauf s’il gagnait. On l’a échappé belle. Réjouissons-nous du triomphe de la démocratie au Burundi mais que cela ne nous empêche pas de rester vigilants car le bien et le mal sont deux faces de la même pièce de monnaie. Nta gusinzira umukondora zosi : il faut veiller sans cesse.

 

Ruvyogo Michel