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Dr. Elie NAHIMANA – 04/06/2016

Le Secrétaire Général (SG) de l’EAC fait l’objet d’un harcèlement et de manipulations médiatiques inouïs depuis des jours; les attaques fusent et sont désormais quotidiennes. Alors qu’hier le magazine rwandais IGIHE affirmait que c’est lui qui a fait libérer Alexis Sinduhije détenu pendant quelques jours à Bruxelles, aujourd’hui Christopher Kayumba, professeur de communication à la Police Academy du Rwanda a visé le SG de l’EAC, le tenant responsable de ce qu’il qualifie de “monologue burundais” conduit par le Président Mkapa. Le magazine The EastAfrican a vite fait de relayer à l’échelle régionale l’attaque de Christopher Kayumba; normal car ce magazine appartient à un groupe dont un rwandais partisan du FPR est l’un des grands actionnaires. Et quel grand hasard que ce fameux “monologue” “dénoncé” par le Rwandais soit le même que répète depuis une semaine les opposants au pouvoir de Bujumbura réunis au sein du CNARED en Belgique! Quel coïncidence que ledit monologue soit régulièrement chanté par les radios Inzamba et Humura, médias installés au Rwanda et dédiés au front radiophonique contre le pouvoir du Président Pierre Nkurunziza.

Bref, force est de constater que le dénigrement du dialogue conduit par le Pres. MKAPA est bel et bien coordonné et le SG de l’EAC est la cible désignée … En effet, attaquer directement le Pres. MKAPA, donc la Tanzanie, est plus risqué.
Pour savoir les raisons de ces assauts incessants de l’opposition radicale burundaise, j’ai interrogé plusieurs sources internes et périphériques à l’EAC ainsi que des personnes suivant de près ce processus conduit par le President Mkapa; j’ai été bien servi au delà de mes attentes!

En fait:
1. La campagne contre la prise du poste de SG de l’EAC par le Burundi aurait été menée par le Rwanda et l’opposition radicale burundaise depuis 2015; ils ont tenté par tous les moyens de prolonger le mandat de l’Amb. SEZIBERA Richard mais ont essuyé un échec cuisant. Donc ils bavent de rage et en veulent beaucoup à ce SG dont ils ne voulaient pas entendre parler; ils ont donc décidé de le salir à défaut de pouvoir s’en débarrasser … car son mandat court jusqu’à 2021.

2. La gestion de la question burundaise par l’EAC sous le règne de l’amb. SEZIBERA avait été confiée principalement aux employés rwandais et rwando-ougandais de l’EAC nommés Joseph Birungi, Patrice Mulama, Ben Rutsinga, Steven Agaba, etc. Tous, dit-on, sont des poulains du FPR ainsi que du DMI, les services de renseignement rwandais. Or, depuis fin avril 2016, le SG MFUMUKEKO a intégralement balayé cette équipe; désormais le Rwanda et l’opposition radicale burundaise n’ont plus leur dispositif pour avoir une main-mise sur le dialogue inter-burundais; ils sont, dit-on, fort désespérés et prêts à tous les coups bas pour écarter le SG de l’EAC du dialogue inter-burundais… Et / ou pour faire échouer ce dernier.

3. Début avril 2016, les opposants Jean Minani, Pancrace Cimpaye et Bernard Busokoza sont allés séduire le Facilitateur Mkapa à Dar es Salam tout en l’informant qu’ils ne viendraient pas à Arusha s’ils n’étaient pas invités en tant que membres de la coalition CNARED; après consultation avec le Sommet des Chefs d’Etat de l’EAC, le Facilitateur n’a pas invité le CNARED mais plutôt certains individus et Partis politiques qui le composent; une véritable honte qu’ils n’ont pas pu digérer. Par conséquent il fallait un motif plus ou moins honorable ! C’est ainsi que l’intervention imaginaire d’un SG burundais au sein de l’EAC fut avancé comme motif explicatif valable du choix du Facilitateur. Une explication artificielle pour essuyer ce lourd échec par le CNARED et ses amis était ainsi trouvé; mais un braquage contre toute facilitation tanzanienne et son abattage devenaient désormais un sérieux objectif.

4. Pour en finir avec le Pres Mkapa il semble que la coalition anti-Nkurunziza ait fait les yeux doux à la communauté internationale frustrée de ne pas être au centre de l’arbitrage de la crise burundaise, soit pour des raisons de business humanitaire ou pour l’influence qu’ils pourraient y exercer en faveur des intérêts de certains pays alliés à l’opposition radicale burundaise. Parmi ces marchands de la crise burundaise les équipes de Jamal BENOMAR (ONU Burundi) et d’Ibrahima FALL (Union Africaine), ainsi que Mr. Tom Perriello (USA) seraient en première ligne. Apparemment ils avaient déjà réuni l’argent et les ressources humaines nécessaires pour conduire le dialogue inter-burundais; mais le Conseil de sécurité des Nations Unies en a décidé autrement ! Mais s’ils n’avaient pas leur place ils seraient prêts à tout mettre en œuvre pour faire échouer le Pres. MKAPA.

La résolution de la problématique burundaise est ainsi devenue un cratère où les intérêts internationaux ont accepté d’ensevelir la démocratie qu’ils prêchent ainsi que de la paix dans ce pays des mille et une collines.