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Il existe une parole commune à la table de la salle à manger et à la table du studio du journaliste: intoxication. Dans l’un et l’autre cas, la conséquence est une maladie, et des fois la mort. L’on ne peut pas être sourd aux cris des journalistes burundais, surtout ceux qui se sont exilés au Rwanda ou plus au nord, quand ils réclament l’exercice libre de leur métier. Ceux qui sont hôtes de Kagame se seront vite rendus compte que le pays qu’ils idéalisaient dans leurs éditoriaux à partir de Bujumbura, n’est pas l’eldorado dont ils rêvaient.

Son ranking mondial de RSF (Repeorters Sans Frontières) est plus bas que celui du Burundi. Que ces journalistes se hasardent une fois à écrire un papier critique sur la situation rwandaise, on les repêchera dans le lac Rweru. Au Burundi les journalistes avaient plus de liberté qu’en Europe, mais ils en ont abusé. Ils n’ont pas servi les nouvelles, mais de l’intoxication. Mettre de l’ordre dans le journalisme, comme est en train de procéder le CNC , n’est pas enfreindre la liberté de communication; comme la réglémentation de la filière alimentaire n’est pas un déni de liberté de manger. L’Etat ne peut pas permettre à une institution de servir aux gens une nourriture qui les tue. Ceux qui habitent aux USA ou en Europe savent bien comment les aliments sont ipercontrolés; un nouveau produit doit passer par des dizaines de laboratoires et de commissions avant d’atterrir sur le marché. Au Burundi, la lutte contre les boissons prohibées comme le kanyanga n’est pas une entorse à la liberté de boire, car cette boisson tue.

Le journalisme informatif peut gêner, mais il est salutaire comme un bon médicament, et il construit la démocratie. Pourvu qu’il se fasse à 360°, embrassant tous et toutes les situations, au lieu de se focaliser sur une personne ou un parti. Par contre quand le journalisme constitue une lance à tirer contre ses adversaires, il devient militant et non informatif. C’est la mauvaise voie qu’a empruntée le journalisme burundais dit « indépendant » à partir de 2013: il s’est inféodé au Kibiri, confondant « journalisme indépendant » et « journalisme au service de l’opposition ». Or, ce sont deux choses totalement différentes. Comme journalisme voix de l’opposition, il a servi à la population tous les mensonges dont sont capables les politiciens pour arriver à conquérir le pouvoir. C’est de l’intoxication journalistique.

Le peuple en est tombé malade, des individus sont morts, des dizaines de milliers sont allés en exil. Un journalisme qui provoque des résultats pareils ne devrait pas être fier de s’appeler « journalisme », c’est un laboratoire qui distille non du kanyanga, mais du poison littéraire. Nous espérons qu’avec les réglages et équilibrages nécessaires, nous auront de nouveau le pluralisme de l’information. Un dernier clin d’oeil, le journaliste doit aimer son pays, parce que c’est sa mère. Plutôt il faut agir comme un fils adulte, qui défend sa chère maman. Ailleurs dans le monde ils agissent ainsi.

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