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” Certains sont convaincus que l’examen et enquête éventuelle de la CPI seront nécessairement orientés”.
Les insurgés Burundais et leurs commanditaires qui pour faire entendre leur cause ont opté pour la violence, dès le déclenchement de leurs actions se sont réjouis trop vite à l’annonce ce 25 Avril 2016, par Fatou BENSOUDA, Procureure générale à la Cour Internationale de Justice, d’un examen préliminaire et ouverture d’enquête possible, sur les cas de violences au Burundi. Ils ont cru, à tort, que ces devoirs de justice se feraient en direction d’une seule partie, et qu’ils ne se limiteraient qu’aux seuls cas et à la période qui les arrangent.
La CPI est aujourd’hui fortement critiquée et contestée, notamment à cause de ses méthodes sélectives quand au choix de personnalités à inculper ou de leurs pays de provenance , ainsi que d’autres pratiques indignes d’une instance de cette envergure. Cependant, on aurait tort de croire que cette mauvaise façon de procéder restera toujours d’application.
Ainsi, échaudés par le cas du Rwanda où l’instruction et les inculpations se sont faites de façon unilatérale, bénéficiant de la sympathie et des lobbying à Kigali et en Occident, confiants dans leur art de manipulation de l’opinion, bénéficiant de services d’avocats bien introduits dans le système de la CPI , habitués aux protections diverses et rassurés par la méconnaissance fragrante des dossiers par certains décideurs, les tenants de l’insurrection au Burundi, ont cru pouvoir s’en tirer à bon compte et faire endosser uniquement l’autre partie, comme d’habitude.
Or, la Procureure et son bureau qui, avant les dernières sollicitations, ignoraient vraisemblablement le dossier Burundi, ne pourront raisonnablement se permettre de prendre une quelconque décision, sans tenir compte de ce qui s’est passé de plus grave dans ce pays: Le génocide anti hutu de 1972, ayant fait 300.000 morts, selon certaines estimations.
Vu l’énormité des faits et de leur notoriété publique, la procureure générale de la CPI, si elle veut garder la crédibilité de cette institution, n’attendra pas non plus de plainte, pour s’enquérir des circonstances de l’assassinat du roi NTARE V , Charles NDIZEYE du Burundi, en avril 1972, du Président Mélchior NDADAYE en Octobre 1993 , de l’attentat du 6 avril 1994, ayant emporté entre autres les Présidents Burundais et Rwandais, Cyprien NTARYAMIRA et Juvénal HAVYARIMANA, sans oublier toutes les conséquences gravissimes qui ont suivi ces forfaits.
Pour ce cas de Génocide avéré de 1972, d’assassinats et attentats fragrants contre chefs d’Etats, l’étape d’examen n’est donc point nécessaire. La CPI qui se décide enfin d’ouvrir le dossier Burundi, devra faire preuve de grande indépendance, car vu l’importance de personnalités, voire de puissances pouvant être en jeu, ce dossier est un des plus délicats .
Si la CPI suit cette voie logique de recherche de toute la vérité sur les événements passés et en cours, je me demande même si les promoteurs de cet examen du dossier Burundais, ne vont pas regretter ou tenter de stopper la procédure. En effet, pour eux ils ne faudrait s’occuper que de certains cas et pas d’autres, surtout pas ceux dans lesquels eux mêmes ou leurs proches risquent d’être impliqués.
Finalement, dans cette crise Burundaise, la bonne nouvelle pourrait venir précisément de la CPI, si sa démarche contribue à lutter contre l’impunité dont souffre le Burundi depuis quelques décennies. Cependant, compte tenu de la conjoncture internationale, il se pourrait que toutes ces tractations ne se limitent qu’à l’effet d’annonce, et que malheureusement, le statu quo sur ce plan de l’impunité, reste encore de mise pour longtemps.
Anatole BACANAMWO