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Votre site (burundi-24.com) a posté une vidéo sur les aveux des anciens rebelles qui se sont rendus aux forces de défense du Burundi. Il faut concéder déjà que ce genre sindumuterroriste.pngde pratique trahit une certaine négligence de notre part. Mais des fois, le temps nous manque pour accompagner les vidéos de textes pour stimuler l’intérêt des lecteurs ou du moins cadrer la communication. Nous nous en excusons. Etant donné que la vidéo appelle des commentaires de notre part, nous choisissons juste de nous arrêter sur certains faits pour faire court.

La vidéo sur laquelle nous revenons parce que bien de nos fidèles lecteurs se demandent ce qu’elle comporte au juste nous semble être un outil de communication qui a été réalisé par la RTNB (office gouvernemental de radio et TV) pour le compte du pouvoir. Les témoignages reviennent sur des crimes crapuleux, sur des ramifications de la crise vers le Rwanda et sont récurrents autour d’Alexis Sinduhije! Malgré la gravité des confessions, la vidéo est uniquement en langue nationale du Burundi. Aucun sous-titrage. Aucune traduction française ou anglaise. Un oubli ou travail en cours?

Pour dire que le public-cible demeurent les locuteurs du Kirundi et du Kinyarwanda, car langues très proches. Mais déjà, faut-il le souligner, une faiblesse de la communication du pouvoir de Bujumbura. Comme si le pouvoir se trompait toujours de cibles et s’attaquait à des chasseurs de larcins et d’assassinats au lieu de prendre toute l’ampleur de la crise!

Comme aveux, il faut dire que les criminels ne sont pas avares ni actes ni en détails. Ils ont l’aplomb des croque-morts, aucun sentiment pour les familles qui ont perdu les leurs dans ce qu’ils décrivent. Est-ce leur nature de monstres froids malgré leur jeunesse et la naiveté qui guide toutes leurs mésaventures? C’est désespérant pour la nation et accablant pour ceux qui détruisent la jeunesse.

Incendie au Supermarché T2000: pour s’attaquer aux intérêts chinois?

C’est Clovis Kwizera alias Désiré qui confesse avoir préparé et exécuté, comme dans un jeu d’enfants, le crime qui a fait partir en fumée ce qui était un grand investissement d’une famille chinoise au Burundi. En guise de justification, celui qui n’éprouve aucun remord devant les caméras des journalistes lâche tout simplement qu’il s’agissait de s’attaquer aux Chinois qui soutiennent le président Nkurunziza! Et qui était le commanditaire de cet incendie? “Alexis Sinduhije”, déclare-t-il. Reste à savoir si les Chinois vont se limiter à encaisser le forfait après ces révélations!

Assassinat des trois religieuses italiennes à Kamenge: on reste sur sa soif!

Celui qui se présente comme un ancien “rebelle au service de Sinduhije”, pour ne pas nommer Clovis Kwizera alias Désiré cherche à faire croire qu’il faisait partie du commando qui a assassiné les trois religieuses d’origine italienne à Kamenge. L’opération aurait été menée par quatre personnes. Puis s’y ajoute un chauffeur qui a déplacé le commando. Puis on en revient aux frères jumeaux dont l’un est connu dans le quartier de Kamenge comme étant un déséquilibré mental! Kwizera affirme avoir assassiné la religieuse au prénom d’Olga. Mais quand il explique que son complice Eric Nshimirimana s’est déguisé en prêtre pour pénétrer de nouveau dans les enceintes d’un bâtiment alors sous haute surveillance, qu’il a pu assassiner la troisième religieuse et sortir sans être remarqué ni inquiété, on reste sur sa soif! Nous partageons ici les observations d’un lecteur qui a pourtant invité à croire le témoignage de Kwizera: “Parfois en matière d’enquêtes criminelles, le malfrat opère avec une telle facilité que l’enquêteur tombe des nues à la découverte de la vérité! Et de faire remarquer qu’à Molenbeek en Belgique, Salah Abdesalem, le cerveau présumé des attentats de novembre à Paris, était recherché par toutes les polices d’Europe alors qu’il se faisait livrer régulièrement des pizzas chez sa mère au même quartier!”

Au niveau du mobile du crime, Kwizera n’apporte rien de nouveau. Il avait été rapporté que les religieuses qui soignaient des indigents en RDC et au Burundi en arrivaient à s’occuper malgré elles, de gens affiliés au parti au pouvoir. Quoi d’anormal dans le quartier de Kamenge où la résistance de 1994 a été lancée? Avec l’entrée du CNDD-FDD dans les institutions en novembre 2003, feu général Adolphe Nshimirimana avait érigé ses quartiers dans cette localité. Bien des jeunes le vénéraient presque et étaient fiers d’être Imbonerakure. Cependant, avec la trouvaille “Kiliba Ondes” placée dans les mains de la société civile hostile au pouvoir de Bujumbura, les jeunes affiliés au parti au pouvoir étaient diabolisés, assimilés à des fins machiavéliques aux Interahamwe de triste mémoire. Dans les enquêtes-montage réalisée par la RPA de Bob Rugurika et Alexis Sinduhije, les trois religieuses étaient présentées commes les victimes des services de renseignements au motif qu’elles auraient refusé de soigner les Imbonerakure qui rentraient de Kiliba Ondes! Et voilà Kwizera qui revient avec quasiment le même motif mais en chargeant Alexis Sinduhije! Le motif change en peu et devient plus plausible: “Assssiner les trois italiennes pour provoquer l’émoi au sein des Occidentaux et que le pouvoir de Bujumbura soit mis sur le ban de la communauté internationale!” Autre détail de Kwizera: ” Alexis Sinduhije accusait les trois Italiennes de transporter les médicaments vers les Imbonerakure en formation militaire à Kiliba Ondes”! Et puisqu’il a été démontré que ces formations n’ont jamais eu lieu!

Le Rwanda comme déstabilisateur du pouvoir de Bujumbura

D’après les aveux de Clovis Kwizera, après le meurtre des religieuses à Kamenge, le commando s’est retrouvé à Nyakabiga avant de se disperser. Trois jours plus tard, un des membres aurait reçu l’argent pour se rendre au Kenya. Son identité: Hategekimana Prosper. Est-ce à dire que des recherches vont se poursuivre et une collaboration sollicitée du côté des autorités et de la police kenyanes? Et si le Burundi ne le fait pas, l’Italie est-elle intéressée par cette piste? Kwizera lui, s’est rendu au Rwanda où il affirme avoir pu éliminer un agent des renseignements burundais! Il donne des détails sur ses lieux de cavale, de détention ou de séjour au Rwanda. Et il nous révèle encore une fois le rôle du Rwanda dans la formation des jeunes rebelles à envoyer au Burundi pour mener la guerre.

Des journalistes occidentaux encore et toujours dans la fabrication des guerres en Afrique!

​Avec la crise, il y a eu plusieurs fois usage des images de montage pour manipuler l’opinion internationale et faire croire qu’une rébellion sérieuse était née au Burundi. L’autre criminel de la vidéo décrit comment il a participé à un montage de viols des femmes pour le compte de Reuters. Et de donner des noms des éclaireurs burundais: Hermès Ntibandetse, Jean Régis Nduwimana, Arakaza Elvis! Et tout ça, pour obtenir le déploiement de la MAPROBU? Certes le gouvernement a été sage de ne pas emprisonner les journalistes arrêtés en flagrat délit d’insurrection, mais qu’est-ce qui manque pour réussir une offensive médiatique d’envergure à l’international?

Et pourtant, le pays est sur le ban de la communauté internationale!

La vidéo est riche en révélations qui appellent des actions de la part des autorités burundaises et de certains pays concernés par tel ou tel autre crime en particulier. Du côté du Rwanda, la réponse est déjà connue: tout nier! Du côté de la France, rien à faire contre Sonia Rolley indexée dans le témoignage. Mais la Chine et l’Italie devraient pousser à aller plus en profondeur. De même que Reuters, MSF ou Croix Rouge devraient réagir ou mieux préfèrent se taire pour ne pas donner une grande portée à un document que le pouvoir de Bujumbura a choisi de limiter la visibilité!

Si par malheur le gouvernement de Bujumbura croit que son grand ennemi est Alexis Sinduhije, il serait en train de se focaliser sur le doigt au lieu de viser plutôt la lune! Il ne s’agit pas de minimiser son rôle dans les troubles mais tout de même! Quand dans plus de vingt pays européens un pouvoir ne parvient pas à faire du lobbying pour obtenir ne fût que le soutien d’un Etat membre de l’U.E et partant éviter des sanctions de manière formelle ou implicite; quand un Etat ne parvient pas à communiquer de manière professionnelle et de mettre le paquet, c’est grave!

Alexis Sinduhije que l’ancien vice-président Yves Sahinguvu traitait de “petit voyou” est déjà frappé de sanctions américaines et aurait perdu toute crédibilité aux yeux de Paul Kagame. A coup sûr, il est un pion et non celui qui tire les ficelles. L’attention devrait être portée aux enjeux qui font que sous prétexte d’un mandat tout un système de gouvernance demeure dans le collimateur des maîtres du monde. L’accalmie qui prévaut dans la capitale burundaise ne doit jamais être interprétée comme une défaite des véritables détracteurs du pouvoir de Nkurunziza! A bon entendeur, salut!

Editeurs B-24