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La nouvelle qui défraie la chronique au Burundi est celle d’un faux caporal ou mieux un officier de l’armée rwandaise qui a été exhibé aux médias comme “poisson” tombé dans le filet des services de renseignements burundais alors qu’il espionnait à Muyinga. Si le Rwandais affirme être un espion agissant pour le compte du gouvernement rwandais dans un plan de déstabilisation du régime de Bujumbura, quelque transfuge du FPR, Théogène Rudasingwa affirme autre chose plus accablant pour Kigali. Cette ancienne éminence grise du régime de Paul Kagame a confié à quelque freelance journaliste de la diaspora rwandaise avoir été le chef de l’espion en question. Il déclare que ledit agent de DMI n’est pas un caporal mais un officier qui n’a jamais évolué en Ouganda mais qui est né et est resté au Rwanda.

Il accuse l’espion de mentir sur son identité et fait remarquer que le Rwanda n’aurait pas osé confier une mission de libération des putschistes emprisonnés à Gitega à un homme de troupes! Du côté de Kigali, ils se dédouanent en disant qu’aucun militaire ne manque à l’appel! Sans doute parce que l’homme arrêté au Burundi utilise une fausse identité et que Kigali espère le libérer un jour selon les scénarii connus des romans policiers de Marco Linge ou James Bond!

La nouvelle qui réjouit bien des Burundais est celle du retour des Américains à Bujumbura. Il vous souviendra que le gouvernement américain avait pris la mesure d’évacuer tous ses ressortissants dont la présence n’était pas indispensable au Burundi. Les avions américains avaient alors effectué des navettes vers Kigali et Nairobi. Le gouvernement américain avait gobé les discours des oiseaux de mauvais augures comme Pacifique Nininahazwe, Vital Nshimirimana et Samantha Power tablant sur l’imminence d’un génocide contre les Tutsis.

Il faut reconnaître que l’évacuation des étrangers faisait partie des mesures de pression sur les autorités de Bujumbura en démoralisant la population et les forces de défense et de sécurité. Car les Américains avaient des intérêts dans le renversement du régime et du système CNDD-FDD. Quelles concessions ont-elles obtenues des autorités hier condamnées à déguérpir ou à finir dans les cellules dorées de Scheveningen comme Laurent Gbagbo? Nous pouvons dire que l’effet escompté par ceux qui ont déclenché l’insurrection, la tentative de putsch et les troubles n’a pas été atteint. Malgré les moyens combien impressionnants surtout au niveau médiatique et dans la terreur des attaques violentes.

Le génocide n’a pas eu lieu. Dieu soit loué. Nkurunziza et son équipe n’ont pas paniqué. Au Rwanda de 1990 à 1994, le FPR a diabolisé le régime de Habyarimana et la majorité des Rwandais a lâché pour se réveiller après un génocide et dans la prison à ciel ouvert du régime féroce de Paul Kagame. Combien de Rwandais regrettent maintenant les années de Habyarimana malgré ses crimes qui ressemblent à des peccadilles en face de l’enfer confectionné par l’homme fort de Kigali aujourd’hui? Au Burundi, les militaires et les policiers ont fait d’une bouchée tous les assaillants des camps militaires de Bujumbura. La menace de la rébellion brandie par Alexis Sinduhije, le CNARED et autres mauvais perdants est devenue un mirage. D’où le retour des Américains par la petite porte. lls reviennent comme ils étaient partis et les Burundais les accueillent très fraternellement. Du côté des insurgés, c’est ici bien entendu un coup de poignard dans le dos!

Cette bonne nouvelle venant des USA contraste avec les propos de la Secrétaire Générale de la Francophonie, Michel Jean. Cette Canadienne avait décidé unilatéralement de dépêcher un émissaire auprès des autorités de Bujumbura pour obtenir l’engagement pour un dialogue avec tous les opposants en exil et sans délais. Le gouvernement du Burundi vient d’opposer un refus poli audit émissaire. Car les propos de Michel Jean sur TV5 étaient peu courtois envers Bujumbura qu’elle accuse de deni de la réalité. Mais de quelle réalité parle-t-elle? Combien de fois le gouvernement de Nkurunziza doit-il réitérer son engagement pour le dialogue mais pas avec les acteurs prônant la rébellion? L’ambassadeur du Burundi auprès de la Francophonie devrait sans tarder solliciter une entrevue avec Michel Jean pour lui brosser la réalité sur terrain et l’inviter si nécessaire à faire le déplacement de Kampala et de Dar es salaam car la balle est dans le camp de Museveni et de Benjamin Mpaka.

Les Américains qui reviennent, et à quand une telle mesure de la part des Européens? Et quid de la reprise des coopérations? Avec la persistance des actes de sabotage du Rwanda et du discours moins réaliste de la part de l’Union Européenne et de la Francophonie, l’heure n’est pas au relachement de la vigilance. Souhaitons tout de même que la paix qui revient soit synonyme de fin des répresailles et de folies dans les quartiers de la subversion.

Paul Sorongo