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Gikoro est un prince (muganwa) qui gouvernait dans les années ’50 la région actuelle de Ngozi. Un homme de grand humour. Une de ses plus belles perles, il la raconte ainsi: « Un soir je rentrais d’un voyage, et quand je fus près de chez moi, je fus attaqué par des ennemis (Sindumuja de l’époque ?) qui s’étaient embusqués dans la bananeraie. Mais je réussis à m’échapper. Je courus et je sautai l’enclos. Tandis que j’étais encore en l’air, je vis un autre groupe d’ennemis qui avaient planté leurs lances dans la cour intérieure, pour que je m’empalle dessus. Et alors je changeai de direction et j’allai atterrir chez mon oncle à quelques kilomètres de là ». Et il demandait à son page: « Tu l’as vu toi aussi, n’est-ce pas ? » Et le page confirmait, tandis que l’auditoire éclatait de rire.

burundi-enqueteurs-onu-03La veille de l’arrivée de la Commission UN des droits de l’homme, la Police a découvert une fosse commune dans le quartier de Mutakura, sur indication des insurgés qui ont choisi de déposer les armes. Ce fut une découverte très embarrassante pour cette commission qui avait été mandatée pour enquêter sur les violations des droits humains, et surtout pour enfin mettre la main sur de prétendus charniers où le gouvernement aurait enterré les victimes de ces violations. Depuis deux mois, une campagne de Human Right Watch, Amnesty International et du Commissaire UN Zeid battait son plein. Des pseudo-preuves satellitaires avaient été livrées à la presse. Bref, il ne restait qu’à arrêter le coupable. Ces activistes et fonctionnaires n’avaient pas mis en compte le fait que le Burundi est un cimetière à ciel ouvert, qu’il y a plus de 1000 fosses communes disséminées sur tout le territoire, témoins de la cruauté des régimes Micombero et Buyoya.

Ils comprirent alors que découvrir ces fosses risquait d’envoyer à la Haye ceux qui les avaient mandatés: BUYOYA et ses Sindumuja. Pour cela, très élégamment ils déclarèrent: « Nous ne sommes pas venus pour enquêter sur les fosses communes, mais sur les morts du 11 et 12 décembre 2015 ». Très chic ! Comme si les corps entassés dans la fosse commune de Mutakura n’étaient pas des personnes pour lesquelles cette commission devait demander des comptes. Une esquive à la Gikoro ! Alors nous avons réalisé que ces enquêteurs n’étaient pas venus pour voir des corps, mais pour AVOIR LA TETE de quelqu’un, celle de notre Président de la République. Si en effet il y a eu des morts le 11 décembre, c’est une conséquence de l’attaque d’envergure des Sindumuja à trois camps militaires, qui mettait en péril toute la nation. Les militaires ne sont pas des policiers. Quand ils sont attaqués ils doivent se défendre avec des armes, et ils ont le droit de poursuivre l’ennemi. Il y a certainement des innocents qui périssent dans ces combats.

Les occidentaux les appellent « les effets collatéraux », pour dire qu’ils n’étaient pas visés principalement. Quelqu’un a-t-il jamais poursuivi les USA pour les nombreuses victimes de ses drones quand ils poursuivent Al Qaeda, Daech ou autres jihadistes ? Personne. Et pourquoi poursuivre les autorités burundaises ? Toutefois, convaincus que la personne humaine n’a pas de prix, nous pensons les militaires qui ont pris pour cible des personnes inermes, doivent être punis.

Dans la même logique, que ces enquêteurs des Droits Humains soient impartiaux: qu’ils chargent aussi les auteurs des assassinats et disparitions qui ont rempli les fosses communes (Mutakura et ailleurs) de corps des innocents. Autrement, cette commission sera perçue comme le prolongement du bras agresseur du Burundi, télécommandé depuis la Belgique ou ailleurs en Occident.

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