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Samedi dernier, le peuple burundais s’est levé comme un seul homme pour dire non aux fossoyeurs de l’unité nationale. Les manifestations anti divisionnistes se sont déroulées dans toutes les communes que compte le pays. Combien d’hommes, combien de femmes, combien de jeunes avaient répondu à cette important rendez-vous que d’aucuns qualifient déjà d’historique ? Nul ne saurait le dire avec précision de l’horloge, tellement ils étaient nombreux tous ces Burundais lassés par des violences inexplicables venus de tous les coins du pays pour jeter l’anathème sur ces vulgaires divisionnistes qui se battent pour leurs intérêts égoïstes, qui induisent en erreur la population burundaise en abusant de sa bonne foi.

Au Burundi, la paysannerie constitue de loin la catégorie sociale la plus importante de la population. Les structures actuelles de notre économie font que plus de 90% des habitants vivent de la terre, à travers toute la campagne. Et en l’absence d’un tissu industriel encore développé, le secteur primaire produit l’essentiel des richesses tant pour la consommation intérieure que pour l’exportation. Le monde rurale revêt donc un poids extrêmement important aussi bien au point de vue numérique qu’au niveau de la production économique.

Au sein de cette population, tous les paysans de toutes les ethnies, toutes les régions et tous les clans partagent les mêmes conditions liées au travail de la terre. Ils vivent les mêmes saisons culturales, ils sont exposés aux mêmes aléas climatiques bref, ils partagent les mêmes préoccupations.
Ils aspirent ensemble à améliorer leurs conditions de vie dans la paix, l’unité et la tranquillité. Sur les collines où ils vivent en symbiose, ils partagent les mêmes conditions de vie et se témoignent aide et solidarité, dans le bonheur comme dans le malheur. Objectivement donc, les querelles qui ont secoué le Burundi à maintes reprises n’auraient pas dû les concerner.

L’essentiel pour eux se situe au niveau de programmes de développement économique et social à même de résoudre leurs problèmes. Après les différentes tragédies qui se sont abattues sur notre pays en 1965, 1972, 1988 et 1993, l’opinion publique internationale trompée par les fossoyeurs de l’unité nationale, croit toujours que le Burundi est une nation marquée par des clivages insurmontables, c’est en tout cas ce qui transparait dans certains écrits et dans certains propos.
Et pourtant une analyse minutieuse de la situation montre que l’immense majorité de la population désire vivre en paix, dans l’unité. Il s’agit de toutes ces forces de paix, ces millions d’hommes, de femmes et de jeunes qui ont compris qu’il faut aujourd‘hui se surpasser et s’accorder le pardon pour la réconciliation nationale effective. Tous ces millions de patriotes veulent rompre avec le passé et construire courageusement un avenir plus prometteur.

Avec les manifestations anti divisionnistes de samedi dernier organisées dans toutes les communes du pays, les gens de bonne foi, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ont vite compris qu’aujourd’hui, l’appartenance ethnique n’a aucun sens qui puisse justifier des clivages de quelque nature que ce soit. Ils ont vite compris qu’en face des tragédies du passé se trouvent incontestablement des atouts qui permettent d’envisager l’avenir du peuple burundais avec optimisme. Ils ont vite compris qu’en dépit d’un passé douloureux, le peuple burundais reste ancré dans la foi inébranlable et la volonté tenace d’édifier la nation burundaise, dans toute son unité. Les Burundais ont décidé de vivre ensemble comme des frères, pour éviter la disparition de leur cher Etat-Nation.

Pascaline Biduda

Le Renouveau