Rwanda : une étude de la banque mondiale montre que 190 millions de dollars d’aide sont transférés vers les paradis fiscaux
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Dans son édition du 19 février 2020, The chronicles publie un article montrant qu’une étude menée par des responsables de la Banque mondiale fait état de 190 millions de dollars d’aide rwandaise détournés et transférés vers des paradis fiscaux. La recherche a été effectuée par Penny Goldberg, économiste en chef de la Banque mondiale, épaulée par ses collègues de deux universités européennes.

Le document porte sur les données de 22 pays dont le Rwanda et  montre que l’aide accordée par la Banque mondiale tombe entre les mains des prédateurs qui s’empressent à aller faire des dépôts dans des banques extérieures où le secret bancaire est garanti, comme la Suisse, le Luxembourg, les îles Caïmans ou Singapour.

Les résultats de cette recherche se sont révélés trop embarrassants pour la Banque mondiale pour être publiés. Mais les chercheurs ont passé outre, et pour avoir les mains libres, Penny Goldberg a décidé de démissionner et a publié les 46 pages du document. Penny Goldberg montre que l’aide mondiale aux pays les plus pauvres comme le Rwanda est plutôt transférée vers des paradis fiscaux.

L’enquête montre que la Banque mondiale a fait des largesses à l’égard du Rwanda qui a obtenu, en 2018, le double de l’aide qu’il avait l’habitude d’obtenir les années précédentes, passant à 545 millions de dollars. Les chercheurs ont découvert, lors de leur enquête, que 190 millions de dollars ont quitté le Rwanda et ont été déposés dans des paradis fiscaux. Pour ces dépôts illicites d’argent, les chercheurs ont constaté une augmentation trimestrielle de 0,06% pour le cas du Rwanda.

Ce n’est pas la première fois que le Rwanda est mis en évidence pour ce genre de détournements des deniers publics.

Début avril 2016, « Le Monde » publiait les résultats d’une enquête internationale connue sous le nom de « Panama Papers » et qui révélait les noms des personnes qui avaient caché des millions de dollars dans des paradis fiscaux, dont le Panama. Parmi celles-ci figurait en bonne place Emmanuel Ndahiro, ex-conseiller à la sécurité du président Paul Kagamé et patron des services de renseignement de 2004 à 2011 et nommé général en 2015. Il a été directeur d’une société maffieuse, Debden Investments Limited, enregistrée aux îles Vierges britanniques et dont le propriétaire est l’ancien militaire devenu homme d’affaires Hatari Sekoko, à la tête de plusieurs biens immobiliers dont l’hôtel Marriott à Kigali. Parmi d’autres rwandais dénoncés par les « Panama Papers » se trouve Bertrand Ndengeyingoma, beau-fils du président Paul Kagame.

Une carte rouge est à donner à la Banque mondiale qui n’a cessé de vanter les performances économiques et la bonne gouvernance du Rwanda, malgré les informations en sa possession sur le détournement des aides qu’elle accorde généreusement à ce pays.

Par Gaspard Musabyimana