RDC: la politique de l’aveuglement
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Une délégation belge de “très haut niveau”, composée de notre Première ministre Sophie Wilmès, du vice-Premier ministre et ministre des Finances et de la Coopération au développement, Alexander De Croo, et du ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et du Commerce extérieur, Pieter De Crem, est arrivée en République démocratique du Congo.

Objectif annoncé ce jeudi, depuis Kinshasa, par le chef de notre gouvernement en affaires courantes : “marquer le début d’une nouvelle ère dans l’histoire commune de nos deux pays”. Et Mme Wilmès d’insister : “Nous avons pu entendre le programme ambitieux qu’il (le gouvernement de RDC) s’est donné au bénéfice de la population. Et à ce titre, la Belgique, en tant que partenaire dans un dialogue franc et bienveillant, souhaite prêter assistance à ces réformes qui sont particulièrement ambitieuses.”
Certes, le message du chef de l’État congolais est ambitieux. Certes, la Belgique et la République démocratique du Congo ont une évidente histoire commune.

Mais, pourquoi fallait-il trois ministres (dont le chef du gouvernement!) en affaires courantes et donc à la marge de manœuvre restreinte pour ce déplacement?

En un an au pouvoir, Félix Tshisekedi peut se targuer d’avoir multiplié les déclarations de bonnes intentions tout en affichant clairement les limites évidentes de son pouvoir face à la mainmise sur les institutions nationales de son prédécesseur, Joseph Kabila.
Un président mal élu et sans pouvoir réel recevant une délégation en affaires courantes, une forme de diplomatie pour le moins surréaliste. Mais cette visite doit mettre un peu de baume au cœur de la présidence congolaise qui vient d’apprendre que le passage du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, attendu pour la semaine prochaine à Kinshasa, n’aurait pas lieu.

Car si la Belgique, et en particulier les libéraux francophones, multiplie les gestes de bonne volonté à l’égard du chef de l’État congolais, les Américains, eux, plus… pragmatiques, s’éloignent de plus en plus d’un pouvoir qui tarde à transformer des paroles en action et plonge le pays dans une crise morale et financière sans précédent. “Il faut regarder positivement vers l’avenir”, a encore expliqué Mme Wilmès. Pour regarder, il faut ouvrir les yeux. Et ouvrir les yeux sur les errements du pouvoir congolais devrait interdire toute forme de naïveté

https://afrique.lalibre.be/46464/la-politique-de-lautruche/

La Libre