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Réplique à l’article du Devoir de ce matin sur le ‪‎Burundi‬
UN ACCIDENT, DÎTES-VOUS?

Deux erreurs de fait dans l’article de Moda Dieng et d’Émile Ouedraogo sur le Burundi et la force africaine proposée par l’UA ont pour effet de vicier tout l’argumentaire des deux universitaires.

Première erreur: feu Cyprien Ntaryamira, qui remplaçait le premier président Hutu du Burundi, Melchior Ndadaye, assassiné en octobre 1993 par des militaires Tutsis, n’a pas trouvé la mort en 1994 dans « l’accident d’avion qui a aussi coûté la vie au président rwandais, Juvénal Habyarimana. » Non, il a trouvé la mort quand l’avion a été frappé par un missile sol-air tiré par des militaires du Front patriotique rwandais, aujourd’hui au pouvoir à Kigali. Ce sont par ailleurs d’anciens dirigeants du FPR qui ont témoigné à cet effet. Et des milieux Tutsis à Bujumbura ont fêté à la suite de cet attentat aux conséquences désastreuses.

Deuxième erreur: les auteurs prétendent qu’en 2005, après l’adoption d’une nouvelle constitution, « Pierre Nkurunziza remporte les élections. » Non, Pierre Nkurunziza a été choisi par les parlementaires burundais pour diriger le pays jusqu’aux premières élections au suffrage général de 2010. Aussi, il a gagné les deuxièmes élections générales en 2015 en toute conformité avec la Constitution. Et le président Nkurunziza exige maintenant, avec raison, le respect de la souveraineté du Burundi et refuse le déploiement de troupes africaines.

Comment peut-on partager la conclusion favorable à l’envoi de troupes de l’Union africaine de ces deux universitaires quand on voit de telles erreurs de fait qui cachent une interprétation tendancieuse de l’histoire récente de l’Afrique des Grands lacs?

Robin Philpot