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La neutralisation, d’une manière ou d’une autre, du président burundais, Pierre Nkurunziza, est à peu près l’objectif final du chaos meurtrier qui s’est abattu sur le Burundi depuis le mois de Mars dernier selon un scénario que nous connaissons bien. Cela avait commencé par une tentative de révolution de couleur apparemment dirigée depuis l’ambassade américaine de Bujumbura, vers laquelle avaient reflué les manifestants après la réaction musclée des autorités burundaises. Après l’échec de la révolution, suivie par un cours moment de chaos, il y eut, au mois de Mai, une tentative de coup d’état qui n’eut pas plus de succès.

Le but des manifestants et des putschistes, ou de leurs commanditaires, était d’empêcher le président Pierre Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat, qui correspondrait pour lui à une seconde réélection, ayant obtenu son premier mandat hors du cadre de la constitution actuelle. Les élections ont finalement eu lieu au mois de Juillet, dans un climat d’attentats, de sabotage et de tension extrême. Sans surprise, Pierre Nkurunziza les a remportées haut la main, mais l’opposition armée et les forces qui l’animent n’ont pas baissé les bras pour autant.

Aujourd’hui, le Burundi est au bord de la guerre civile. En Afrique, pour faire partir un président élu d’un petit pays comme le Burundi, il n’est pas besoin de créer des groupes islamistes comme pour la Syrie. Les Africains peuvent, eux-mêmes, faire le boulot, grâce à leurs propres Armées, regroupées en Forces supranationales régionales pour « défendre la Paix et la Sécurité », un peu comme des mini OTAN. Et l’on sait ce que « paix et sécurité » veulent dire pour l’OTAN.

Une récente attaque, le 11 décembre, de trois camps militaires par les rebelles armés, a servi de prétexte au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union Africaine pour décider de la création d’une mission militaire de 5000 hommes destinés à être déployés au Burundi. Seulement les autorités burundaises n’en veulent pas, et annoncent clairement que ce déploiement serait considéré comme « une force d’invasion et d’occupation ». Malgré ce refus des autorités burundaises d’être « aidées », l’UA persiste, et menace même, donnant quatre jours à Bujumbura pour accepter ce déploiement, faute de quoi le bloc panafricain prendrait des « mesures supplémentaires » pour l’obliger à accepter.

L’affaire est maintenant entre les mains de l’ONU, car le Burundi participe lui-même à des missions de paix de l’ONU par le biais de l’un de ces mini OTAN, et ne peut donc voir un de ces organismes débarquer chez lui de force, ça ferait désordre. Pour l’instant, le gouvernement burundais tient bon, contre les rebelles, les médias, et les institutions africaines. Mais, sans des alliés comme ceux de la Syrie, combien de temps résistera-t-il ?