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Quand on est pote avec ces milieux on peut tout se permettre changer la constitution, falsifier les grands agrégats, tuer qui on veut, rester au pouvoir à vie comme l’autre dans la sous-région qui est au pouvoir depuis 1986, jamais pas un seul mot le concernant, etc… A témoin, ces quelques lignes qui suivent.

C. Braeckman – lesoir.be. A l’unanimité, les députés rwandais ont ouvert la voie au maintien au pouvoir du président Kagame, jusqu’en 2034 s’il le souhaite ! Une fois adopté par le Sénat et ratifié par un referendum dont l’issue ne fait aucun doute, le projet de réforme de la Constitution commence, mezzo voce, par modifier l’article 101 de la loi fondamentale adoptée en 2003 et qui prévoit que le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans et ne peut être réélu qu’une seule fois. S’il ramène à dix ans au maximum les ambitions d’éventuels successeurs, alors que la Constitution actuelle prévoit deux mandats de sept ans, l’article 172, lui, semble taillé sur mesure pour permettre au « Boss » de rester au pouvoir durant deux décennies encore.

En effet, il prévoit que le président Kagame, comme tout autre candidat, peut être élu ou réélu en 2017 pour un mandat de sept ans et qu’il pourra par la suite briguer les deux mandats de cinq ans prévus par la nouvelle loi fondamentale.

Compaoré du Burkina Faso, des hommes scotchés au pouvoir, dont il se gaussait volontiers naguère…

La « bonne gouvernance », euphémisme qui désigne la lutte contre la corruption, est l’une des explications des succès économiques engrangés, mais le revers de progrès réalisés à marches forcées pèse lourd lui aussi : les inégalités sociales se sont creusées, les taxes se sont alourdies, le passage obligatoire à l’anglais a disqualifié bien des cadres locaux et pesé sur la qualité de l’enseignement. Dans le chaudron que représente ce pays surpeuplé, le mécontentement, s’il existe, ne trouve guère d’exutoire, les soupapes sont verrouillées par la peur.

“Le taux de pauvreté a augmenté de 6 %”

Le gouvernement aurait changé les modes de calcul, notamment celui concernant le seuil de pauvreté. “Les paniers de consommation des Rwandais les plus démunis ont été modifiés”, confirme une autre source auprès de France 24. “Ils ont réduit massivement, de plus de 70 %, les quantités de trois ingrédients de base : la patate douce, la pomme de terre irlandaise et la banane”, poursuit-elle. Résultat : la version finale du rapport indique que le taux de pauvreté a diminué “de plusieurs pour cents alors qu’en réalité, il a augmenté de 6 % “, dénonce l’universitaire belge, l’un des meilleurs experts sur le pays, Filip Reyntjens.
Pour justifier ce nouveau mode de calcul, les autorités rwandaises ont expliqué dans le rapport qu’une “mise à jour” s’imposait. Sauf que ces nouvelles données sont comparées avec celles des rapports précédents, qui reposaient sur l’ancienne méthodologie. “Ce n’est pas correct, souligne la source. On ne peut pas se fier au nouveau seuil de pauvreté annoncé.”
Londres ferme les yeux

Alors que le Royaume-Uni figure parmi les plus importants bailleurs de fonds du Rwanda, qui a rejoint le Commonwealth en 2009, le département britannique pour le développement (DFID) au Rwanda a estimé “que la méthodologie utilisée pour estimer les niveaux de pauvreté dans le rapport EICV4 était justifiée”. Londres est régulièrement accusé d’être trop laxiste avec le régime dePaul Kagame, qui dirige “de facto” le pays depuis plus de 20 ans.

Pourquoi un tel silence des Occidentaux ? “Il y a des intérêts stratégiques, explique un spécialiste du dossier, qui préfère rester anonyme. Avant d’ajouter : “Si le Rwanda affiche de bons indicateurs en matière de développement, cela montre l’efficacité de l’aide du Royaume-Uni”.
Pour Filip Reyntjens “le dossier EICV4 est sérieux car le Rwanda se targue d’être fort dans le domaine du développement. La communauté internationale accepte un compromis entre développement et répression. Mais si ce développement n’est pas basé sur des faits réels, comme cela semble être le cas ici, alors il ne reste plus que la répression”.

Selon des informations obtenues par France 24, les autorités rwandaises ont manipulé les dernières statistiques officielles sur la pauvreté. Enquête de notre spécialiste Afrique, Nicolas Germain.
La situation économique du Rwanda est-elle vraiment florissante ? Selon un rapport intitulé “Integrated Household Living Conditions Survey” (EICV4), publié en octobre 2015, la pauvreté est en net recul. Sauf que plusieurs sources, qui préfèrent garder l’anonymat pour des questions de sécurité, affirment auprès de France 24 que ces informations sont faussées.

À l’origine de ce rapport, l’institut privé britannique Oxford Policy Management (OPM) a pour habitude de communiquer des chiffres sur la situation économique aux autorités rwandaises, qui ont ensuite la main pour les publier. “Cette fois-ci, il y a eu un désaccord sur la méthodologie utilisée entre l’institut et les autorités”, explique un expert à France 24.

Et le Burundi dans tout ça ? Il faut suivre l’actualité récente pour alors comprendre que le traitement hostile qu’on lui inflige n’a rien à voir avec les élections, la modification de la constitution, le nombre de mandats, la bonne gouvernance et j’en passe. Ou on est dans le moule ou on n’y est pas.

Ruvyogo Michel