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Le mouvement insurrectionnel contre le mandat de son excellence Pierre Nkurunziza n’est pas à prendre comme un événement spontané, c’est un plan de complot savamment mûri et bien planifié depuis la signature des Accords d’Arusha. Des irréductibles extrémistes qui n’ont pas pu digérer le changement, qui n’ont pas pu s’adapter à la réalité sociale du Burundi ont continué à travailler dans leur laboratoire pour trouver la formule adéquate pour mettre fin à ce qu’ils ont appelé l’invasion des rebelles hutus. Actuellement, Gervais Rufyikiri, Pie Ntavyohanyuma et Onesime Nduwimana semblent étonnés et surpris par la tournure ethnique de la contestation. Pourtant avant même le déclanchement de la contestation, il y avait des signes qui montraient que le « troisième mandat » n’était qu’un alibi pour combattre et anéantir le parti CNDD-FDD. On se souvient que quand le Burundi a été attaqué par des rebelles, que l’armée burundaise a anéanti, qui se souvient de ceux qui sont monté au créneau alerter l’opinion internationale pour réclamer justice aux rebelles tués ? Qui se souvient des cadavres en provenance du Rwanda jetés dans le lac Rweru, pour faire croire à la communauté internationale que le gouvernement commet des atrocités ? Qui se souvient de ceux qui intoxiquaient l’opinion internationale que le gouvernement burundais préparait un génocide ? N’est-ce pas que tous ces agissements étaient bien orchestrés avant même la candidature de Pierre Nkurunziza ? Oui, ce n’est pas Onésime Nduwimana qui dirait le contraire de tant plus qu’il s’est longuement inscrit en faux contre ces complots en tant que porte parole du CNDD-FDD.

Comment alors les frondeurs qui ont tout eu, qui ont participé à la prise de toute décision de l’Etat et qui étaient sensés avoir les capacités poussées d’analyse politique, se soient vus embarquer dans le catemara des extrémistes ethniques Sinduhije-Sindumuja et compagnie ? Qu’ils disent que c’est la faute de Pierre Nkurunziza c’est pas un argument, qu’ils disent que c’est la faute des généraux c’est pas un argument. Qu’ils disent plutôt qu’ils étaient aveuglés par l’appétit de monter sur le fauteuil présidentiel, jusqu’à oublier qui ils sont, où ils étaient et d’où ils venaient, c’est un bon argument. Mais alors étaient-ils vraiment dans une position de classe moyenne jusqu’à vouloir le beurre et l’argent du beurre ? Jusqu’à vouloir tout ou tous perdre tout ? Faut-il vraiment confirmer la thèse qui dit que les hutus ne voient qu’au but de leurs gros nez ? Ou que la vision à long terme n’est pas leur truc ? Les frondeurs auront à parler mais ils ne parviendront jamais à convaincre comment ils ont préféré couper la branche où ils étaient assis. C’est ni plus ni moins leur manque de clairvoyance, leur manque de réalité sociale, leur égoïsme, leurs ambitions extravagantes, leur faiblesse à se laisser manipuler par une main étrangère qui vont les hanter.

Quant aux Sinduhije-Sindumuja et compagnie, poussés aux ailes par les frondeurs, ils continuent les exercices militaires d’une part, parce que leurs plans d’attaques armées ont échoué lamentablement, parce que leur plan d’insurrection et de paralysie de la capitale Bujumbura ont échoué et parce que le coup d’état tant espéré a échoué. D’autre part ils s’activent sur le terrain de propagande mensongère sur les reseaux sociaux où ils qualifient les policiers burundais d’interahamwe du FDLR pour les dénigrer et les présenter comme bourreaux afin de justifier leurs attaques meurtrières contre ces forces de l’ordre. Pourtant, dans certains pays dits civilisés et hyper démocratiques, s’attaquer à un policier, c’est creuser sa tombe. Aux USA comme en Israël, on peut allonger la liste. Mais au Burundi, ça devient barbare si un policier se défend.

Mais dans leur plan, deux phénomènes étranges sont observés. Premièrement, c’est de voir les alertes et les messages postés sur les reseaux sociaux par les Sinduhije-Sindumuja compagnie, ils ne manquent d’ingéniosité pour intoxiquer l’opinion, ils se camouflent sous des faux noms et se font passer pour des hutus qui appellent à la haine ethnique jusqu’ à inciter à massacrer les tutsi. Quelle honte pour Nininahazwe pacifique ! Quelle honte pour Libérat Ntibashirakandi ! Quelle honte pour Teddy Mazina ! Quelle honte pour Gratien Rukindikiza ! Ils veulent que les tutsi soient massacrés pour qu’ils puissent chasser les hutu et accéder au pouvoir? C’est vraiment cynique et cela n’arrivera jamais ! La majorité du peuple burundais d’aujourd’hui n’a pas la même perception du danger que celle des années 1972 jusqu’en 1993, elle a évolué et n’oublie pas son passé. Deuxièmement, c’est clairement bien défini, ce n’est plus le mandat de Pierre Nkurunziza qui dérange les insurgés, mais c’est plutôt l’alternance ethnique à la présidence qui est mise sur la table à défaut de s’emparer du pouvoir militairement. Ce qui revient à changer l’actuelle constitution qu’ils défendent officiellement mais qu’ils contestent officieusement. Ce qui revient ensuite à reconsidérer les quotas ethniques, donc retoucher profondément les accords d’Arusha qu’ils défendent officiellement mais qu’ils contestent officieusement. La peur des élections par le principe d’un homme une voix qu’ils dénoncent comme discriminatoire et la peur de la démocratie universelle, telles sont leurs motivations à vouloir en découdre d’abord avec le CNDD-FDD et ensuite viendra le moment des autres comme le FRODEBU etc…

Mais pour y arriver ils misent sur des catastrophes, des massacres interethniques. Voilà pourquoi ils alertent que les ex-FAB sont en danger pour les inciter à se rebeller, voilà pourquoi ils implorent l’aide du régime de Kigali, voilà pourquoi ils plaident pour qu’il y ait mutinerie des militaires burundais en Somalie, qu’il ait mutinerie des policiers en Centre Afrique, voilà pourquoi les quartiers où les sans échecs ont semé la terreur vers les années 1994 jusqu’à l’épuration ethnique ont encore récidivé, voilà pourquoi tout site internet qui défend le gouvernement burundais est taxé de média de la haine, voilà pourquoi tout cadavre retrouvé doit être photographié, posté et présenté comme victime d’exaction policière sur les réseaux sociaux. Et quand le PA-AMASEKANYA ainsi que l’AC-GENOCIDE CIRIMOSO s’en mêlent quelle sera la place des frondeurs ? C’est l’embarras !!

Et la Belgique dans tout ça ? L’objectif belge reste inchangé depuis des années, pas question d’un Burundi indépendant. La volonté des belges à coûte que coûte choisir un candidat présidentiel docile et facilement manipulable est tombée dans l’eau froide, c’est dans cette logique qu’il y a eu des frondeurs qui sont actuellement prises en charge par le gouvernement belge. Alors qu’est ce que le gouvernement burundais attend des belges ? Les Aides ? Les aides qui tuent, les aides qui étouffent ? Les aides qui créent la dépendance ? Par ailleurs pourquoi cette aide de la Belgique ? Est-ce par amour ? Est-ce par visibilité sur la scène internationale ? Est-ce par réparation ou par mea-culpa du passé colonial ? Quelque soit, la Belgique s’est mise hors jeu, aux yeux de nombreux burundais, elle n’est plus fiable. Seuls certains médias burundais qu’elle finance pourront peut-être jouer le rôle de griot en ventant les bienfaits de ce royaume.

Quand à l’Union européenne, elle a du mal à expliquer pourquoi elle s’acharne à Pierre Nkurunziza qui n’a pas changé la constitution pour briguer son mandat présidentiel et fermer les yeux ou bénir Paul Kagame dans son projet de changer la constitution pour un autre mandat. Par ailleurs certains eurodéputés s’indignent de ce deux poids deux mesures. Que certains pays de l’UE soient amoureux de Kagamé ou que le Rwanda soit considéré comme un cas particuliers c’est leur affaire. Mais faire un chantage sur Pierre Nkurunziza sur base des considérations fausses, ça n’honore pas l’Union européenne.

Pour l’instant ce qui est très important, c’est la prise de conscience générale, que les frodebustes et leurs semblables ainsi que les frondeurs ne tournent pas les pouces, qu’ils n’applaudissent pas en scandant à haute voix « crucifier les DD pro Nkurunziza ». Même s’ils le feraient par famine, car ventre affamé n’a point raison, être « Mpemuke ndamuke » c’est lâche. Quoiqu’il arrive les hutus et les Tutsi épris de paix sont nombreux, le Burundi ne sombrera pas. C’est d’ailleurs ce qu’on trouve dans notre hymne national « Warapfunywe ntiwapfuye, warahabishijwe ntiwahababuka ». Et dans le cas de nécessité urgente, la marseillaise pourra nous inspirer « Aux armes citoyens, formez vos bataillons, Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! ».

Bacinoni Roberto