Quand Kigali prétend pro africain, lisez le contraire: envers et contre tout Kigali défend les intérêts de l’Occident.
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Par Nzabandora P.
 
Il y a un mois à peine une vaste offensive diplomatique à caractère belliqueux était engagée par la France et ses satellites contre le Burundi via certains circuits diplomatiques et certaines Ongs internationales dont l’hostilité envers Gitega n’est plus à démontrer. Je me suis demandé l’objectif de cette démarche visiblement portée par la France et je me suis rappelé certains faits diplomatiques récents qui m’ont mis la puce à l’oreille. L’arrivée de la rwandaise Louise MUSHIKIWABO à la tête de l’OIF était l’aboutissement d’une stratégie franco-rwandaise qui consistait à isoler le Burundi diplomatiquement afin de mieux l’étouffer. Si le rapprochement entre Kigali et Paris avait pour objectif de mieux lorgner sur les richesses de la RDC, les Rwandais ont mis dans la balance le harcèlement et la mise à genoux de Bujumbura du moins sur le plan diplomatique et financier puisque militairement cela s’est avéré être une mission impossible.
 
Aveuglé par la perspective d’un contrôle de la riche RDC, les français ont foncé tête baissé dans la  déstabilisation du Burundi, ce qui explique la vaste campagne de propagande anti-Gitega que nous avons observé dans les médias francophones ces derniers jours. Le moindre incident sécuritaire est amplifié dans des proportions exorbitantes pour présenter à l’opinion l’image d’un Burundi à la dérive, au bord du chaos et dont les dirigeants devraient être voués aux gémonies.
 
L’objet de ma réflexion est de comprendre le pourquoi de cette animosité de nos chers voisins. Les relations entre le Burundi et le Rwanda ont toujours connu des hauts et des bas, cela peut sembler normal dans deux pays voisins et trop proche, tellement proche qu’ils ont presque la même langue. Depuis l’avènement des deux pays en tant que territoire sociologiquement et politiquement organisé, les deux pays d’Afrique centrale se sont livrés moult batailles pour se ravir mutuellement des territoires. Certaines régions dans les deux pays portent des noms symboles des combats acharnés qui s’y sont déroulés dans la période pré-coloniale. Le Bugesera, Kirundo sont autant des noms évocateurs des hécatombes qui ont eu lieu suite à des batailles entre les armées des deux pays. Les historiens s’accordent à dire que c’est durant cette période que des affrontements ont eu lieu de manière suivie et régulière entre les deux pays sans qu’aucun ne puisse prendre le dessus sur l’autre. Les anciens racontent souvent les éclatantes déroutes de l’armée rwandaise chaque fois qu’elle a tenté de franchir la frontière entre les deux pays.
 
Bref deux constats majeurs ici : les affrontements militaires entre le Rwanda et le Burundi ont toujours été à l’initiative du premier à savoir le Rwanda. Deuxième chaque tentative d’envahissement du territoire Burundais s’est toujours soldée par un échec cuisant. La venue de la colonisation a radicalement changé la donne puisque les dirigeants de deux nations n’avaient plus leur destin en main, une période d’accalmie a suivi les troubles pré-coloniaux. Ainsi que ce soit sous le joug allemand ou la tutelle Belge aucun affrontement direct ou indirectement n’a jamais été signalé entre les deux pays. C’est à la fin de la colonisation que la situation entre les deux pays s’est de nouveau dégradée avec une différence notable qu’il n’y a pas d’affrontement directe entre les armées des deux pays mais des tentatives de déstabilisation entre les deux gouvernements en place au moment des indépendances.
 
La fin de la colonisation a apporté une nouvelle donne qui comme nous le verrons jouera un rôle très important dans l’histoire des relations entre le Rwanda et le Burundi.  Les divisions ethniques auront un impact important sur les relations entre les deux pays car à chaque crise politique interne de l’un, il y aura des répercussions sur la situation de l’autre. Ainsi les enchainements des massacres cycliques entre les deux pays ont-ils indubitablement créé un froid entre leurs dirigeants respectifs sans conduire à l’escalade militaire. Nous avons tous en mémoire les joutes verbales entre les Présidents MICOMBERO et KAYIBANDA sur les stations radios des deux pays. Les deux pays continueront à entretenir des relations de « je t’aime moi non plus » jusqu’à l’avènement du multipartisme et son corollaires d’évènements malheureux que nous connaissons tous. Le génocide au Rwanda, les massacres inter-ethniques que certains qualifieront de génocide au Burundi. En ce qui nous concerne ce sont les changements politiques consécutifs à ces évènements qui sont à l’origine de la situation que nous connaissons actuellement. Quid de la situation actuelle Si les deux pays avaient été engagés dans un processus de négociation dans la ville d’Arusha nous savons tous que l’issue ne fut pas la même. D’un côté le FPR a pris le pouvoir par les armes et de l’autre le CNDD-FDD est arrivé au pouvoir après un processus électoral qui a consacré sa victoire.
 
Certes des élections sont organisées dans les deux pays, mais les processus, tenants et les aboutissants sont loin d’être les même. Si d’un côté nous, au Burundi, nous avons un pouvoir basé sur le soutien de la masse populaire, un pouvoir qui se base sur la majorité de la population pour diriger, un pouvoir plus social et donc enclin au compromis, il y a de l’autre côté, au Rwanda, un pouvoir conquis par les armes après un génocide qui a causé d’énormes ravages dans le pays. Ce qui sert de prétexte aux dirigeants Rwandais pour écraser toute opposition sans que cela n’entraine une quelconque condamnation de la communauté internationale. Nous avons deux pays dont certains se plaisent à qualifier de jumeaux mais dont les évolutions sont diamétralement opposées. Revenons un peu au temps d’avant la colonisation : si le Burundi était une monarchie quasi parlementaire, car le souverain bien qu’étant absolu prenait soin de s’entourer des conseils de toutes les composantes de sa population ce qui n’était pas le cas du Rwanda ou un véritable apartheid existait.
 
Il existe donc un effet miroir entre les deux nations, chacune voulant percevoir dans l’autre soit une menace soit un allié en fonction des affinités politico ethniques des uns et des autres. C’est ce qui a conduit Kigali, sans doute par naïveté à croire qu’il pouvait installer un régime identique à lui-même sur les terres de Ntare-Rushatsi. Les faits à la base de cette affirmation sont nombreux inutile de revenir la dessus. Le soutien actif de Kigali aux actions de déstabilisations du Burundi, l’activisme diplomatique pour chaque fois nuire à Gitega sont les conséquences de cet effet miroir : Un régime dont la légitimité vient des armes et non de la population. Les vaines gesticulations dans les médias pour à chaque fois étouffer les brillantes réalisations de Gitega sont autant de preuves d’une anxiété diffuse des dirigeants qui sont conscient de leur impopularité. Kigali a su profiter du contexte international qui fait que certaines puissances habituées à piller l’Afrique se sont heurtées au refus de Gitega de brader ses richesses minières. Comme Khaddafi à une époque récente, Pierre NKURUNZIZA fut voué aux gémonies et trainé injustement dans la boue par les medias à la solde des Gouvernements Occidentaux. Ayant voulu redonner droit de citer à sa population il a été maltraité et le premier à monter au créneau pour fustiger son attitude fut le Président KAGAME. Il voyait là une opportunité d’installer quelqu’un qui ne lui ferait pas sentir mauvaise conscience juste à ses côtés. Kagame fut le seul dirigeant africain à soutenir SARKHOZY et les Britanniques dans leur entreprise criminel d’assassiner le leader Libyen. L’effet miroir est la cause de l’acharnement de Kigali contre Gitega. Chers amis ne l’oublier pas nous avons eu MOBUTU à une époque et là nous avons le filiforme de Kigali. Alors méfiance !