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Les républiques bananières ne naissent pas des bananeraies! Elles viennent plutôt du viol du mode de gouvernance multiséculaire par une horde de vandales européens. Ces vandales ont transformé des nations nanties en ressources naturelles en peuples mondialement pauvres et friands des cercles vicieux des coups d’Etat militaires ou des massacres cycliques. Des images que les télévisions internationales inondent leurs populations transformées en machines à produire sans arrêt et en consommateurs insatiables!

L’Europe dite riche fait face au tsunami des réfugiés venant de Syrie, d’Irak, d’Érythrée et du Soudan. La Méditerranée déverse chaque jour des foules d’humains apparemment aux abois. Les capacités d’intervention sont débordées et les murs que certains pays comme la Hongrie, ou les mesures de fermeture des frontières par le Danemark sont balayées comme des barrières de fortune. Face au tsunami, l’homme attend tout simplement que la nature se calme ou que la cause reçoive toute l’attention qu’elle mérite.

Hélas, l’Europe épilogue toujours sur les effets et occulte les causes! Car il s’agit des boîtes de Pandore: le non-dit de la guerre contre Saddam Hussein, la création de l’Etat Islamique pour chasser Bachar Al-Assad, la guerre contre Kadhafi, la révolution en trompe-l’oeil au Burkina Faso, l’insurrection au Burundi, le mouvement des frondeurs en RDC et l’indifférence voulue sur la dictature de Paul Kagame! Si l’Europe persiste à suivre aveuglément les folies dictées par les intérêts américains, elle court vers la catastrophe.

Parmi ces folies, il y a la tentative toujours infructueuse de faire main basse sur le Burundi. Il faut dire que ce qui se passe maintenant au Burkina Faso n’est pas étranger au succès de la résistance populaire et des leaders patriotes du Burundi. Il y a une année, un groupe d’activistes était parvenu à mobiliser une foule surexcitée à Ouagadougou, il avait incendié le siège du parlement et s’était emparé de la télévision officielle. Blaise Compaoré, au lieu de résister, avait écouté les instructions du président Obama et était monté comme un lâche dans un hélicoptère français pour un exil doré. Les activistes ont installé un régime de transition. Ils étaient en train d’imposer un processus électoral qui bannisse tout l’héritage du président déchu!

Or, dans cet héritage, il y a l’armée et l’ancien parti au pouvoir assez représentés dans tout le pays! En coulisses, les caciques du parti de Blaise Compaoré ont fait l’analyse et fait recours à l’armée. Ils ont compris que l’affaire du “balai” était une imposture internationale. Sinon? Un mouvement qui n’avait eu lieu que dans quelques quartiers de la capitale et dont les médias financés par l’étranger avaient dramatisé la portée! Il fallait corriger à temps le tir. Décidément les Burundais derrière Pierre Nkurunziza ont été mieux inspirés! Il y a eu des pertes énormes en vies humaines et c’est très regrettable. Mais c’est toujours ainsi quand il y a la main invisible des vandales occidentaux.

Le nouvel homme fort du Burkina Faso hérite d’une poudrière, du moins dans la capitale, mais il a l’expérience des affaires d’État. Les élites africaines devraient défendre la stabilité des institutions et encourager des élections libres et inclusives. Ce que le “balai” préparait pour le Burkina Faso n’était qu’une bombe à retardement. Elle vient d’être désamorcée avec quelques dégâts humains.

Revenons au Burundi. Le calme semble revenir sérieusement à Bujumbura. Les fouilles perquisitions des forces de défense et de sécurité se poursuivent avec des succès évidents en termes de découvertes de caches d’armes, de munitions ou de tenues militaires et policières. Il ne serait pas moins honnête de dire que les insurgés arrêtés passent de plus en plus aux aveux et dévoilent les caches d’armes, les complicités et les plans des leaders de l’insurrection. C’est ainsi que des jeunes apparemment inoffensifs sont interpellés parfois brutalement et arrêtés devant des passants médusés.

cnared.pngL’attente de l’action d’envergure du CNARED a été trop longue. Même les militaires qui avaient pris de la sympathie pour les insurgés font marche en arrière. Ils ont compris que les activistes ont migré en opposants politiques et cette opposition radicale réclame des négociations pour entrer dans les institutions! La guerre médiatique et diplomatique a été perdue. Il ne lui reste que des yeux grandement ouverts devant des chancelleries européennes!

Le CNARED était dès le départ une structure peu rassurante pour ses membres et pour les insurgés sur terrain au Burundi. Cette coalition politique marriait des prétendants aux ambitions concurrentes. Un mariage entre prétendants et en l’absence de la mariée: la nation burundaise! Les prétendants espéraient la gagner en conquérants ou en bombardant collines et vallées après avoir ciblé par des attentats terroristes tous les remparts de la cité. Nous apprenons qu’au décollage, le bombardier CNARED a pris feu. Les frondeurs du CNDD FDD ont refusé d’être pris pour des pestiférés: pendant plus de dix ans, ils ont pourtant fait la pluie et le beau temps aux côtés de Nkurunziza! Ils ont été pris à leur propre piège.

Les activistes devenus opposants pour récolter les dividendes de l’insurrection ont été sommés de quitter le terrain politique! Léonard Nyangoma a été considéré comme attentiste et peu rassurant pour l’opinion nationale! Pour le moment, les Occidentaux sont occupés à éteindre l’incendie interne au CNARED et se rendent compte des graves erreurs d’appréciation qu’ils ont commises dans le cas du Burundi.

En lisant une note verbale de l’ambassadeur des Pays Bas annonçant le gel de certains financements destinés au Burundi, on comprend les folies incurables des vandales européens. Oui, les Pays Bas se sont impliqués dans les négociations à Arusha. Oui, les Pays Bas ont appuyé le “camp Espoir” pour la démobilisation des combattants des mouvements rebelles. Oui, les Pays Bas ont aidé des secteurs clés comme l’agriculture, la sécurité et la défense. Mais de là à exiger la mise entre parenthèses des institutions héritées d’Arusha pour respecter le diktat des USA, il y a anguille sous roche. En effet, dans ladite note verbale, l’ambassadeur déclare que son pays constate que le président Nkurunziza a rempilé pour un troisième mandat alors qu’il lui avait été conseillé de ne pas le faire; qu’il a prêté serment. Donc qu’il a passé outre les instructions des bailleurs de fonds. Mais de quel droit les Pays Bas se permettent-ils de se substituer aux instances compétentes en matière d’interprétation de la constitution du Burundi? Juste parce qu’un juge sur six de la prestigieuse cour a fait défection pour s’exiler en Belgique? Le prétexte du mandat ne tient plus la route. Il était un piège que les patriotes burundais ont déjoué courageusement.

Voir le bombardier CNARED partir en fumée sur le tarmac de l’aéroport en Belgique, on se dit que Dieu aime le Burundi. Il est grand temps que les Occidentaux renoncent à provoquer des hécatombes humaines en Afrique sous prétexte d’apporter la Bonne Gouvernance.

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