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L’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation est crédité pour avoir ramené la paix au Burundi. Il nous a été imposé. Cet accord aurait dû être expliqué au peuple et voté par référendum avant d’être mis en application. Si telle avait était la procédure, l’accord d’Arusha aurait-il pu passer?

Selon les termes de l’accord, les Tutsi sont statistiquement plus ou moins 13% de la population mais l’accord leur octroie 50% du Sénat, 40 % de l’Assemblée Nationale, 50% de l’armée, la première vice-présidence et bien d’autres avantages. Est-il vraiment un accord équitable ? Non. Mis de côté le langage diplomatique, même le Conseil National pour le Respect de l’Accord d’Arusha et de l’État de Droit au Burundi – CNARED n’y croit pas. Leur schéma de penser relate celle qui a été consignée dans les notes explicatives de l’Accord d’Arusha, dans Appendice 1, B Les Propositions, 16 Équilibre.

Au regard de cette note, j’ai loyalement transféré le crédit de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation à la sage population civile du pays, Hutu et Tutsi confondus, celle-là même qui ne faisait pas partie des négociations, mais qui avait plutôt besoin de vivre en paix. Le problème n’était pas dans l’accord mais dans le fait d’occulter les courants de pensée du genre maître-apprenti. Les idées maîtresses des parties en négociation ont concouru à finir avec des résultats médiocres pour le négociateur Hutu parce qu’ils se sont chevauchées au lieu de s’affronter. L’accord d’Arusha résolvait tout de même la question d’associer la majorité Hutu en lui octroyant quelques postes pour lui permettre d’apprendre la gestion du pouvoir.

Cet accord avait été forgée pour une application graduelle le long de laquelle les Tutsis lâcheraient les avantages qui ne leurs reviennent pas démocratiquement et aurait permis aux Hutus d’acquérir des compétences techniques en quelques années. Cet esprit d’apprendre par ‘’job shadowing’’ avait prévalu dans les milieux du FRODEBU avant les élections qui avaient portés feu Melchior Ndadaye au pouvoir. Il transparait donc dans les proportions de partage du pouvoir qu’une forte représentation de ce parti a négocié. Il transparaît aussi que l’autre partie n’avait aucun soucis de bâtir un futur national sur des bases solides. Intéressé plus par des gains non équitables, certains négociateurs parmi les plus privilégiés par l’accord l‘avaient signé en y ajoutant des réserves.

La population riche de cette expérience se demande si le dialogue que les parrains de l’Accord d’Arusha demandent avec insistance pour les partis qui ont fui les élections, n’a pas pour but de pérenniser ces proportions qui entament la justice à l’emploi dont la majorité devrait jouir démocratiquement. Les temps sont donc mûrs pour qu’un partage des pouvoirs fondé sur un socle solide incluant toutes les composantes de la population du pays ne prétexte pas une démocratie du nombre pour refuser à la composante majoritaire ce qui lui revient surtout que les temps des relations maître-apprenti sont désormais histoire du passé. La majorité avait accepté les miettes pour donner la chance à une démocratie évolutive. C’était dans cette perspective que le CNDD-FDD avait tout fait pour mettre un couvercle étanche sur une jeunesse qui s’oppose à l’injustice de l’Accord d’Arusha à son endroit et aussi pour continuer à plaire à ceux qui se sont accaparé du rendement de la sueur du peuple pendant des décennies.

On se demande sérieusement à quand ces proportions où la minorité se taille la part du lion va changer. Quelles sont les mécanismes dont nous disposons pour accomplir paisiblement cette tâche ? Pourquoi le CNARED foule au pied le fondement même de cet accord – la paix – tout en disant vouloir la protéger ?

Pour tailler les proportions de partage du gâteau à son goût, le CNARED promet un génocide à grande échelle soutenue par des personnalités importantes qui ont occupé des postes de responsabilité, des gens qui, on le dirait sans trop se tromper, n’ont jamais voulu porter les espoirs de la majorité. Au vu de ce holdup de notre existence, nous le bas peuple, déclarons solennellement que nous n’avons mandaté personne d’autre pour protéger nos droits. Cette tâche revient exclusivement à nos élus, à nos institutions et surtout à nous-même. La ruse politique ne marchera pas, il faut que CNARED, comme BOKOHARAM, commence à dire ouvertement que ses missions se résument uniquement à semer le chaos comme en témoignent les 3e et 4e tiret de ses missions :
http://www.cndd-burundi.com/actualites/processus-electoral/597-acte-cons…

​Pour contrer la réapparition d’un autre accord du genre Arusha, j’interpelle nos élus pour qu’ils érigent incessamment des garde-fous, une loi pérenne qui obligera les parties en négociation à devoir expliquer leurs accords à la population et les soumettre au référendum avant de les mettre en application.

Les temps sont durs; le CNARED a dernièrement abattu une figure de proue de notre résistance, le Général Adolphe Nshimirimana. Par la voie de l’une des associations membres, Il promet bientôt d’abattre notre président. Nous l’avons compris et le peuple devra maintenant composer avec la nouvelle donne : cette guerre n’est pas contre nos institutions, elle est plutôt contre nous. Il sera facile au CNARED d’asservir ceux qui parmi nous survivrons le génocide si l’occident lui passe une partie de son arsenal nucléaire. Sinon les élections de l’an 2020, lui ouvrent grandement la porte s’il fait montre de détermination à travailler pour le Burundi en évitant toute velléité de nous asservir par sa masse musculaire.

Elie Hakizimana