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Le président Barack Obama vient d’effectuer une visite au Kenya et en Ethiopie. Ce chef d’Etat de la grande puissance américaine s’est déclaré américain et d’un père d’origine africaine. Au Kenya, il était très attendu car depuis son arrivée au pouvoir, il n’avait jamais pu honorer le pays de son regretté père d’une visite. Quand il est arrivé à Nairobi, on s’attendait à des retrouvailles d’un fils avec sa famille. Une soirée a certes été organisée avec des danses et de l’ambiance comme les Africains aiment. Mais les retrouvailles étaient une farce!

Dans la culture africaine, quand un homme s’est longtemps absenté et qu’il revient rendre visite à la famille, il est attendu qu’il débarque avec femme et enfants! Or, Barack Obama est venu seul. Lors de la réception d’Etat, c’est madame Susan Rice qui occupait le siège normalement dévolu à Michelle! Pour dire que Barack Obama n’était pas libre et sa visite très contrôlée par le lobby qui l’a placé aux commandes. Le fait que son épouse et ses enfants ne fassent pas le déplacement a beaucoup déçu. Les autorités kenyanes se sont contetées de saluer cette visite officielle mais la famille kenyane attend toujours une visite digne de ce nom. Mais Barack Obama, une fois déchargé du rôle de président des USA, pourra invoquer cette visite et se faire accepter facilement dans le clan Obama. C’est peut être à cela qu’aura servi cette visite!

Barack Obama a plaidé en faveur de la légalisation de l’homosexualité. Sans détour, le président Uhuru Kenyatta a rétorqué que sa demande était indigne de la culture et des valeurs du Kenya! Le demi frère de Barack Obama a interpellé son frère de président:” Si ton père avait été homo, serais-tu né?” Cette demande a suscité une grande désapprobation de la part des Kenyans et a montré que Barack Obama n’est pas libre mais exécute des ordres des lobbies très puissants! En tant qu’Africain, il aurait dû ménager le peuple kenyan par respect pour son père. Mais comme il avait accepté de voyager sans femme ni enfants, il a obéi aux ordres de ses parrains très puissants. L’histoire retient qu’un président américain a été contredit sèchement à Nairobi et qu’il lui a été impossible de faire passer ses leçons de promotion de l’homosexualité dans le monde. Ce fut un échec cuisant.

Après Nairobi, Barack Obama s’est rendu en Ethiopie. C’est un pays où l’opposition est muselée. Un État totalitaire mais qui ne dépend pas de l’aide internationale. L’Ethiopie abrite le siège de l’Union Africaine et cela en fait un État stratégique. Mais surtout, c’est un pays stable, qui compte dans le transport aérien avec sa compagnie Ethiopian Airlines. Il participe aux opérations de maintien de la paix depuis 1963 et dispose d’un centre international de formation en opérations de maintien de la paix. L’Ethiopie est un partenaire qui compte pour le contrôle de la Corne de l’Afrique. Pour toutes ces raisons, Barack Obama l’a salué comme un État démocratique. Il a avalé les couleuvres devant les pétitions des opposants et des organisations non gouvernementales internationales qui sollicitaient son intervention pour une ouverture de cet État au dialogue et aux élections libres et transparentes.

Barack Obama s’est rendu en Ethiopie pour intéresser un pays dont les USA sollicitent un partenariat privilégié. Les histoires de démocratie et de droits de l’homme n’étaient pas à l’ordre du jour! Mais une fois au siège de l’Union Africaine, le président américain né s’est pas gêné de critiquer les élections qui venaient de se dérouler pacifiquement au Burundi! Il a osé, toute honte bue, de parler d’élections non crédibles! Comment pouvait-il être crédible dans ce genre de jeu de clown? Soit il condamnait le régime dictatorial d’Ethiopie et était alors fondé à jeter des tomates au président Nkurunziza! Soit il se taisait et laissait cette sale besogne à son envoyé spécial dans la région des Grands Lacs ou à John Kerry! Mais il fallait que cette attaque contre Bujumbura montre aux autorités éthiopiennes qu’elles bénéficiaient d’un traitement de faveur. La farce jouée, Barack Obama a pu regagner Washington avec le sentiment d’une mission accomplie. Et à coup sûr, il a reçu les félicitations de ses parrains à Washington et de ses alliés d’Europe qu’il espionne!

Mais du côté des Africains en général, ce fut une grande déception. On note par exemple que le ministre congolais des affaires étrangères a déclaré depuis Kinshasa que le ton de donneur de leçons de Barack Obama a beaucoup déplu! D’autres personnalités comme le président de Guinée Équatoriale a constaté avec dégoût que le président Obama n’avait pas de scrupules: “parler d’élections légitimes pour l’Ethiopie et de résultats non crédibles au Burundi, c’est une leçon que nous recevons de son appréciation de la démocratie en Afrique! ” Une manière de marquer son indignation et d’inviter les Africains à ne pas accorder le moindre crédit au jugement rendu par les Occidentaux quant au déroulement des élections en Afrique: tant que les intérêts des Occidentaux ne sont pas menacés, la liberté de presse, la liberté d’opinion, la transparence dans la compétition ou le quitus des observateurs étrangers sont des détails sans importance. Et pourtant, c’est dans ces détails que se cache le diable qui sème les troubles au Burundi!

L’histoire va retenir que la visite de Barack Obama en Afrique en juillet 2015 est tombée au mauvais moment. La révolution de couleur du genre “printemps arabe” venait d’échouer au Burundi. Le Kenya faisait face à une recrudescence des attaques sanglantes à caractère terroriste et le monde puissant n’avait pas encore de solution rapide et efficace à proposer. L’Ethiopie venait de récidiver dans son verrouillage du paysage démocratique mais lançait des chantiers de construction des barrages et des chemins de fer qui le plaçaient en position de force par rapport à l’Égypte. Qui plus est, le Yémen et la Somalie donnaient du fil à retordre aux Américains qu’ils avaient tellement besoin de s’assurer des régimes gagnés à leurs intérêts au Burundi (deuxième contributeur en troupes de maintien de la paix en Somalie et en République centrafricaine, deuxième producteur de nickel dans le monde avec de bonnes perspectives d’exploitation de pétrole dans le lac Tanganyika et avec un aéroport stratégique dans le déploiement des troupes de la MONUSCO à l’Est de la RDC), au Kenya, en Ethiopie et au Nigeria. Fallait-il moins ménager le Burundi, puisque les USA et l’Europe ne peuvent point l’isoler diplomatiquement ni l’asphyxier économiquement?

A la fin de sa visite, Obama a provoqué plus d’indignation, de protestation et de rejet de l’hégémonie américaine. Reste à savoir si les USA vont plutôt tirer les leçons de ce camouflet et adopter une autre approche à l’endroit des pays africains en général. Sinon, ce genre d’échecs profite à la Chine, à la Russie, à l’Inde et à l’Iran. Dans l’avenir, Barack Obama doit comprendre que l’Afrique de son père a beaucoup évolué.

Editeurs B-24