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L’Europe et les USA se disaient que les élections n’allaient pas se dérouler dans le calme et avec une si forte participation des électeurs. Ils se fiaient aveuglément aux rapports de leurs ambassadeurs et de la société civile à leur solde. C’est la désillusion mais ils refusent l’échec. C’est ainsi que nous voyons Barack Obama déclarer avec gêne évident que l’élection présidentielle n’est pas crédible! En même temps, il appelle le président Nkurunziza à poursuivre le dialogue avec l’opposition. Si l’élection n’était pas crédible, il aurait dû appeler à un nouveau scrutin et à des mesures sévères contre le régime de Bujumbura. Mais Obama a compris que Nkurunziza est un partenaire qu’il faudra bientôt ménager comme il fait déjà avec le régime d’Éthiopie.

Le triomphe est demeuré pudique du côté des vainqueurs. Mais la victoire n’a pas été facile du tout. Au contraire, c’était un combat d’Hercule. Les ennemis de la démocratie avaient le soutien du monde riche et puissant. Ils étaient parvenus à manipuler quasiment tous les médias de l’Occident et de l’Afrique de l’Ouest. D’aucuns ont confondu le problème burundais avec les folies de grandeur de Blaise Compaoré. Et l’insurrection des jeunes soudoyés et drogués a été transformée en révolution populaire alors que plus de 95% du territoire était en paix et derrière le régime issu des élections démocratiques! Désormais, il est permis de pousser un ouf de soulagement et de se féliciter de l’exploit: la démocratie vient de triompher encore une fois au Burundi! Saluons le calme, la mobilisation des électeurs et leur détermination à faire entendre leur voix. Exhortons la FDN, les forces de sécurité, le service de renseignement, tous les Burundais épris de paix à relever la tête avec fierté et dire aux fauteurs de troubles qui font le chantage d’une guerre que c’est une voie sans issue.

Oui, les Burundais ont massivement voté pour le CNDD-FDD. N’en déplaise à Agathon Rwasa qui se donne en spectacle en croyant jouer les troubles fête! Il dit ne pas reconnaître les résultats. C’est son droit. Mais c’est aussi son erreur qui pourrait être fatale à son avenir politique. Il vient de rater le rendez vous d’offrir des postes de sénateurs à quelques supporters lui dévoués. Il va être surpris de voir que les députés élus au nom de sa coalition avec les anciens caciques de l’UPRONA radical ne vont pas suivre son exemple. Quant à Domitien NDAYIZEYE qui accuse Nkurunziza de coup d’Etat institutionnel, il aurait mieux fait de se taire et de retrouver tranquillement son siège de sénateur à vie. On sait qu’il a perdu son tournevis de même que le bon sens! Sinon, il n’aurait jamais pensé à être candidat après son échec de tripatouiller la constitution en 2005 et son retour raté en 2010! Que dire de Sylvestre Ntibantunganya? Il a fait son temps et 1996 a signé sa retraite! Il devrait demeurer reconnaissant envers le CNDD-FDD et ne pas se croire malin ou sage!

D’autres politiciens ou activistes méritent qu’on évoque leur position sur les élections? Pierre Claver Mbonimpa s’est exprimé. Comme un pet dans un vent fort! Vital Nshimirimana a ouvert son bec d’oiseau de mauvais augures. Il le faisait pour donner la matière à exploiter par l’ONG européenne EURAC! Cette dernière s’est empressée de dénoncer l’élection de Nkurunziza et d’appeler à des sanctions et plus de financements en faveur de la société civile du Burundi! Une manière de tirer profit de la crise tout en faisant croire que l’Europe ferme le robinet de la manne financière à l’égard du Burundi! Bref, les affaires de d’EURAC doivent continuer à tourner avec les mêmes associations de la société civile politiquement rangée du côté des intérêts de l’Occident! Mais EURAC oublie que FORSC, FOCODE, COSOME ou Ligue Iteka peuvent fermer les portes! Les responsables de ces associations redoutent plus que jamais le revers de la médaille des souffrances infligées aux jeunes qui ont cru au triomphe du soulèvement lancé le 26 avril 2015! Ceux qui ont été désabusés ne vont pas se taire indéfiniment. Les femmes qui ont été recrutées pour préparer la nourriture des manifestants; les jeunes qui ont été abandonnés à eux mêmes avec des blessures ou des familles qui ont perdu des enfants et dont les images sont utilisées par les activistes comme leurs martyrs! Un fond de commerce.

L’heure n’est plus aux diversions ni aux règlements de comptes. Il faut encourager certes le dialogue mais surtout le respect des institutions élues. Le régime de Bujumbura doit constater que le mépris des institutions a été une faille très grave. Depuis 2010, les activistes organisaient des conférences et jetaient des tomates aux autorités. Aucune suite. Au nom de la démocratie. Des associations sans but politique ont pu facilement occuper le terrain habituellement dévolu à l’opposition et tout le monde s’en est accommodé! Le gouvernement signait des conventions de financement avec les Européens ou les USA et ne suivait rien de l’utilisation des fonds! Même les transactions bancaires échappaient au regard de la banque centrale. Et cet argent a sûrement financé l’insurrection! Que dire des recrutements du personnel local par les ONG étrangères et les organisations internationales sur des critères ethniques scandaleux? Il ne s’agit pas de régler les comptes à ces ONG internationales mais de pousser à plus d’équité et de respect des réalités burundaises: l’esprit de l’Accord d’Arusha!

Avec le succès des élections malgré l’hostilité des Occidentaux, les Burundais viennent de démontrer que c’est un peuple courageux et libre. C’est aux institutions de se montrer à la hauteur de cette victoire et de galvaniser toutes les bonnes volontés pour bâtir. Avec 10 ans d’expérience aux commandes de l’Etat, le CNDD-FDD n’a plus d’excuse. Il ne pourra point se dédouaner en accusant les bailleurs de fonds d’avoir supprimé les aides. Il est engagé sur un chantier national avec un peuple conscient des efforts à fournir pour faire face à cette conjoncture économique. Le peuple demande aux dirigeants d’être des gens compétents, corrects et créatifs et non des opportunistes qui veulent sucer et s’envoler vendre des larmes de crocodile à la fin du mandat comme ce fut le cas de Gervais Rufyikiri, Pie Ntavyohanyuma, Onésime Nduwimana ou Pontien Gaciyubwenge. Laissons les perdants se lamenter et construisons un pays où la responsabilité des actes et l’obligation de rendre des comptes aux electeurs ne soient plus des slogans. Et c’est ce changement qui va convaincre même ceux qui rêvent d’une guerre ou d’un embargo de l’Occident contre Bujumbura. Nkurunziza a promis de multiplier ses bonnes oeuvres par 100 voire 500 fois. Le maçon est attendu au pied du mur. D’abord sur le registre de la sécurité et de la lutte contre le chômage et le désespoir des jeunes.

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