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Le Gouvernement de la République du Burundi apprécie à leur juste valeur les efforts déployés par la Communauté internationale pour accompagner le peuple burundais vers des élections libres inclusives et pacifiques. C’est dans ce cadre que le Gouvernement salue la nomination d’un nouveau facilitateur en la personne du professeur Abdoulaye Bathily après que son prédécesseur Saïd Djennit ait été contraint de démissionner par les partis de l’opposition hostiles à la tenue des élections.
Dans le même cadre, le Gouvernement a pris acte du communiqué publié par le Conseil de l’Union Européenne après son retrait du processus électoral auquel le Gouvernement l’avait convié à observer et assister avant, pendant et après les scrutins, pour éviter toute spéculation sur leurs résultats.
1.- Concernant le nouveau facilitateur, le Gouvernement attend que cette haute personnalité une fois installée officiellement, poursuive le travail louable et hautement apprécié par toute la Communauté internationale que son prédécesseur a laissé inachevé sur contrainte, en invitant tous les partenaires concernés à participer aux élections prévues dans les délais respectant les échéances constitutionnelles.
2.- Pour ce qui est du communiqué de l’Union Européenne, le Gouvernement apprécie ses soucis permanents à assurer la paix et la sécurité aux Burundais, et rassure l’Union Européenne que la plupart des préoccupations exprimées ont déjà trouvé des solutions à travers les nombreux efforts consentis par le Gouvernement sur appel des différents partenaires particulièrement la famille de la Communauté de l’Afrique de l’Est dont le Burundi est membre, ainsi que l’Union Africaine.
Il convient toutefois de rappeler que l’Accord de Cotonou repris dans le Communiqué comporte des obligations réciproques entre les Etats parties et l’Union Européenne en ce qui concerne le respect de la souveraineté et des institutions constitutionnellement mis en place par les Etats.
3.- Ainsi, le Gouvernement du Burundi déplore la décision unilatérale de l’Union Européenne de se retirer de l’observation des élections ainsi que la suspension également unilatérale de l’appui au processus électoral, attitude qui ne cadre pas tout à fait avec l’esprit de partenariat des Accords de Cotonou.
Cette décision a encouragé les forces politiques hostiles à la tenue des élections à se radicaliser et à multiplier les actes de violence pour perturber les élections en cours de préparation.
4.- Concernant le Calendrier électoral, le Gouvernement a consenti son report à trois échéances successives sur recommandation des différents partenaires entre autres le sommet des Chefs d’ Etats de l’Afrique de l’Est tenu en date du 31 mai 2015, pour donner le temps aux partis qui refusaient de participer aux élections de se préparer, et ainsi éviter tout prétexte.
De toutes les façons, étant donné que dans tous les pays du monde, les élections constituent le socle de l’indépendance et de la démocratie, même si le Gouvernement est d’accord avec le principe d’un dialogue avec tous ses partenaires politiques, ce dernier ne pourrait s’inscrire en dehors des contraintes constitutionnelles, car l’autorité en charge de la convocation des élections à savoir le Chef de l’Etat, tomberait sous l’accusation de haute trahison, au terme de l’article 117 de la Constitution sur laquelle il a juré avant d’entrer dans ses fonctions de Président de la République.
Par ailleurs, la population, les partis politiques et coalitions politiques présents sur terrain en pleine campagne électorale depuis plus d’un mois sont déjà fatigués part les reports successifs des élections et se montrent de plus en plus impatients d’aller aux scrutins. Ils ne pourraient tolérer que leurs droits civiques d’élire leurs dirigeants soient confisqués par les caprices de quelques politiciens, et la Communauté internationale doit comprendre cette légitime revendication.
Ainsi comme déjà annoncé, le calendrier, le plus reculé possible, techniquement et constitutionnellement acceptable pour éviter le vide institutionnel et le désordre politique qui s’en suivrait reste le suivant :

a.- Elections des Conseillers Communaux et des Députés : le 29 juin 2015,
b.- Election du Président de la République : 15 juillet 2015,
c.- Election des Sénateurs : 24 juillet 2015.
4.- Pour ce qui est du dialogue politique recommandé, il ya lieu de rappeler que le report successif des élections de la part du Gouvernement ainsi que la mesure de suspendre l’exécution des mandats d’arrêt contre les organisateurs des manifestations violentes, sont des preuves de plus de sa bonne foi, alors qu’en contre partie, aucun geste positif n’apparait du côté de l’opposition radicale opposée aux élections.
Le dialogue, qui par ailleurs fait partie du processus de paix, se poursuivra bien entendu même après les élections, car celles-ci sont incontournables pour une paix durable, le Gouvernement n’attend que l’équipe désignée à cet effet par le sommet de Chefs d’ Etats de la Communauté de l’Afrique de l’Est pour piloter ce dialogue soit sur place.
5.- Quant au climat sécuritaire des élections, le programme de désarmement des populations civiles se poursuit normalement et le Gouvernement rappelle à l’opinion, que des instructions ont été données à la Commission nationale en charge du Désarmement, d’accélérer le rythme de récupération de toutes les armes détenues illégalement par la Population. En plus de plus de cent mille armes à feu déjà récupérées par les forces de l’ordre dans le cadre du programme de désarmement, plusieurs autres sont en train d’être saisies ces dernier jours un peu partout dans le pays, particulièrement dans les quartiers dernièrement occupés par les insurgés dans la capitale Bujumbura.
Mais pour arriver à des résultats encore plus performants, le Gouvernement a invité tous les partenaires sociaux à contribuer à cette tâche pour que personne ne se sente exclu du domaine sécuritaire particulièrement durant cette période électorale. Pour sa part, le gouvernement tient à rassurer toute la population et les observateurs internationaux, que toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité durant toutes les étapes des élections.
6.- S’agissant du retour des réfugiés, le Gouvernement en fait une de ses préoccupations prioritaires, et se réjouit du retour progressif et satisfaisant de certains, tout en déplorant le départ d’autres suite aux rumeurs propagées par certains activistes pour des fins politiques.
Le rapatriement des réfugiés étant un processus, le Gouvernement s’investit dans la sensibilisation de ces derniers pour leur retour volontaire, et ce en partenariat avec le HCR et les pays d’accueil. Des missions ont été régulièrement envoyées et d’autres sont prévues pour échanger sur les modalités de leur retour, qui sans nul doute, sera plus accéléré une fois les élections terminées.
Le Secrétaire Général du Gouvernement et
Porte-parole du Gouvernement
Philippe NZOBONARIBA