Partage

Economiquement, le Burundi a poursuivi la mise en œuvre des réformes économiques imposées par la BANQUE MONDIALE, notamment le renforcement de la libéralisation et privatisation de la filière à café dans un contexte particulier des réformes placées dans le cadre du processus de désengagement de l’Etat des filières de rente en général et de la filière à café en particulier.
La première étape de privatisation a été effective en 2009 par la vente de 13 stations de lavage, la deuxième étape a été effective en mai 2012 par la vente de 41 stations de lavage et une usine de déparchage du café de Songa.

La privatisation-libéralisation de la filière à café étant prévue en trois étapes ; la première (en 2009) et la deuxième (en 2012) sont déjà clôturées, la troisième étant en cours de préparation.
Une mission de la Banque mondiale (BM) (élément à la base de la privatisation de la filière à café au BURUNDI) a séjourné au Burundi du 4 au 8 novembre 2013 dans le cadre d’une mission de concertation sur la réforme du secteur café
La mission avait pour objectif de faire le point sur l’état d’avancement de la réforme du secteur café dont l’exécution a commencé avec l’adoption de la stratégie de privatisation des stations de lavage (SDL) par l’Assemblée Nationale du Burundi le 17 décembre 2008.
Dans cette perspective, la mission a analysé avec le Gouvernement et les autres acteurs du secteur les différentes étapes parcourues, les difficultés rencontrées, les défis à relever et les étapes ultérieures en vue de la finalisation du processus.

1. Constats depuis la première vente des stations de lavage en 2009 :

a. Il y a eu l’apparition des coopératives de producteurs qui ont investi dans leurs propres mini stations de lavage (SDL). Parmi les 16 coopératives de producteurs agréées par l’ARFIC en 2013 et possédant des SDL, 14 sont membres du Consortium des Coopératives de Caféiculteurs du Burundi (COCOCA). D’après le CNAC, la présence de ces coopératives a introduit un nouvel acteur organisé dans le secteur ; notons que les gérants du Consortium expriment l’objectif d’agrandir leur champ de travail et l’intérêt de participer dans la prochaine phase de vente des stations de lavage et de déparchage de l’Etat

b. Bien que le CNAC s’accorde à affirmer que le COCOCA est un nouvel acteur bien organisé qui vient de naitre avec la privatisation avec comme ambitions d’agrandir leur champ de travail, des contraintes majeures d’accès au financement se sont observées depuis la privatisation et se sont accentuées depuis la campagne 2012-2013. Ces problèmes de financement affectent surtout les investisseurs privés qui ont acheté des SDL et les coopératives qui sont activées dans la transformation et l’exportation du café.
Etant dépourvus de garanties bancaires comparativement aux SOGESTALS où le Gouvernement pourvoit des garanties auprès des Banques, ces investisseurs nationaux et coopératives ont du mal à acquérir des crédits pour financer leurs opérations. Les contraintes financières se sont accentuées au cours de ces dernières années à cause surtout des défauts de paiement de certaines des SDL qui avaient pu obtenir des crédits mais aussi à cause du manque de confiance des banques envers d’autres SDL jugées inexpérimentées (cas des coopératives).

c. A cause de ces contraintes d’accès au crédit, surtout lors de la campagne café, certains investisseurs et coopératives ont des difficultés à payer les producteurs qui vendent leurs cerises aux SDL dans les délais requis. Dans la grande majorité des cas, c’est seulement au moment du paiement du café vert exporté que ces opérateurs de SDL sont capables de payer leurs fournisseurs de cerises. Ces retards de paiement découragent sérieusement les producteurs de café qui en conséquence mettent moins d’efforts dans l’entretien des caféiers, préférant consacrer le peu de moyens à leur disposition aux cultures vivrières dont les prix semblent mieux rémunérer leurs durs labeurs.

d. Alors c’est seulement à ce stade qu’intervient la multinationale (SOCAFINA) boostée en moyen techniques et financiers sans précédent du moins au niveau national, pour régler tous ces problèmes de préfinancement des campagnes café, depuis la distribution des engrais chimiques ; la conscientisation-suivi des caféiculteurs à la base à travers BUDGESTAL & compagnies ; le préfinancement sans intérêt des propriétaires privés des SDL dans l’achat du cerise, etc.
Avec cette politique, la suite est que presque toute la production nationale de café parche est acheminée pour déparchage vers les usines (BUCAFE, BUDECA)filiales de la multinationale SOCAFINA, cela étant l’une des conditions pour acquérir le préfinancement sans intérêt. Les Sogestal’s et usines nationales à participation publique dont la SODECO BUTERERE se voient entrain de disparaitre petit à petit de la filière à café.

e. Le processus ne s’arrête pas seulement au stade de déparchage de toute la production nationale de café par SOCAFINA, ce dernier achète sur place tout le café vert produite dans ses usines de déparchage (une autre deuxième condition), ensuite cette production est acheminé en grande quantité à l’extérieur du pays en camions remorques.
Pour le moment, personne ne peut affirmer que ces opérations profitent au pays, si les déclarations pour payement des impôts sont faites dans la transparence totale.

f. Ce qui peut être considéré comme avenir pour le pays et pour la filière à café :
1. Premièrement pour les acteurs nationaux à participation publique de la filière à café : il ne reste pas plus de deux campagnes café c à d cc2015-2016 & cc2016-2017 avant leur disparition totale.
2. Deuxièmement, pour les acteurs nationaux à participation privé : après la disparition des nationaux à participation publique qui constituaient en quelque sorte la concurrence avec la multinationale SOCAFINA, ces privés se verront dans la situation où ils auront à accepter tout ce que la SOCAFINA leur imposera comme conditions entre autre les prix d’achat, etc.
3. Troisièmement, le pays ne devrait pas ignorer que le secteur café génère des rentrées de devises sans précédent par rapport à tout ce qui est exportable comme produit du Burundi ; la SOCAFINA est entrain de s’approprier de ce volet à part entière.
Le pays doit impérativement s’attendre à ce que lui aussi soit esclave de la multinationale dans la prise de certaines décisions de grande envergures. Quel supplice plus dur pour notre pays que de décider du sort du pays en concertation avec un étranger!!!!!!!!

4. Aujourd’hui il s’agit de la filière à café, demain il s’agira du pétrole du lac Tanganyika, de l’Uranium, de l’or, du Nikel de Musongati, etc., vous verrez au final que tout cela convergeait à ce que notre chère pays le BURUNDI ne puisse pas sortir de la malheureuse impasse de sous-développement, laquelle impasse toujours brandit par la BM qui ne fait que nous enfoncer davantage en prenant les airs d’un bienfaiteur ; ne vous trompez pas, cet amour est un leurre.
Dans ce foulé, il y a la RDC qui ne sera pas épargnée puisqu’elle aura un pays limitrophe (le Burundi) en pleine instabilité politique et économique sans précédent. Par contre le Rwanda pourra y trouver son compte puisqu’il est l’acteur ne fut-ce que minime dans cette affaire, ou du moins leur chef d’Etat actuelle.

5. Malgré cet état de fait, vous allez entendre la BANQUE MONDIALE (elle sait ce qu’elle fait car elle ne fait rien au hasard) qui continue à faire pression sur le BURUNDI afin que ce dernier accélère le processus de privatisation de la filière sans que nous ayons le temps de constater que c’est dans un gouffre énorme où le pays est entrain de s’engouffrer.
Vous allez ensuite constater que le pays à travers le SCEP et le Comité Interministériel de Privatisation (CIP) sont entrain d’accélérer la troisième étape de privatisation de la filière à café (la dernière qui portera le coup dur).

g. L’Etat pourrait se tromper en attribuant, même à crédit l’usine de déparchage de SODECO BUTERERE à CNAC, espérant qu’il aura contourné la multinationale afin que cette dernière ne prenne pas le monopole de la filière ; la réalité en est qu’il y aura toujours ce problème de financement jusqu’à ce que le CNAC se retrouve dans la même situation que la SODECO d’aujourd’hui.
La CNAC est actuellement entrain de déployer tout son énergie dans différentes plaidoyer afin que la BANQUE MONDIALE puisse financer ses opérations dans la filière ou encore que l’Etat puisse lui vendre l’usine de BUTERERE et quelques 30 SDL à crédit; la réalité en est que cette BM ne financera jamais le CNAC ou du moins ne permettra jamais à la CNAC d’être le concurrent de même calibre que la SOCAFINA (SVP vérifier les actionnaires de la SOCAFINA s’ils n’ont pas une certaine parenté ou similarité avec certains membres de la BM)

Contributions des lecteurs de B-24