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Il devient évident qu’il faut rappeler à tous ceux qui l’auraient oublié que le Burundi a acquis son indépendance le 1er juillet 1962. Ce n’est donc pas la Communauté Est Africaine ou le reste du monde qui doivent décider quand ou comment les élections doivent s’organiser au Burundi ; j’ai eu beau lire la constitution burundaise malheureusement je n’ai pas vu un seul article qui dit qu’il faut attendre l’injonction des dirigeants étrangers soient-ils nos voisins pour trancher sur les questions d’intérêt national. La réciprocité n’est pas, non plus possible.

Ce pays, ces jours-ci est à la Une des quotidiens du monde malgré lui, des vertes et des pas mûres, des déclarations allant dans tous les sens sont prononcées en son propos mais ne se ressemblent pas mais toutes scandaleuses, certaines menacent d’autres bousculent et veulent amener le Burundi vers un état amorphe sans consistance infantilisé et incapable d’assurer sa destinée en toute indépendance.

Toutefois, nous observons en passant par le territoire national et à travers le monde, une minorité de citoyens burundais qui s’égosillent, qui crient, qui versent des larmes de crocodile appelant le reste du monde à remettre le Burundi sous tutelle, afin disent-ils, permettre le Burundi d’être un Etat démocratique et d’avoir un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, quelle belle contradiction.

Il faut aussi rappeler que le Burundi à son indépendance s’était doté d’une constitution qui garantissait un pluralisme démocratique et l’accès au pouvoir via les élections hormis le fait qu’il s’agissait tout de même d’une monarchie constitutionnelle. C’est le coup d’Etat de 1966 dont le leader était le Muhima Capitaine Michel Micombero, aidé par le célèbre Ntiruhwama, qui mettra fin à cette constitution et instaura un régime totalitaire basé sur le modèle d’un Parti-Etat qui durera jusqu’en 1993 (avec des génocides non encore reconnus à son actif). Pendant cette longue période, seuls les parents proches de ces Hima avaient droit au chapitre de la chose publique. Ceci dit, c’est pour faire comprendre à ceux qui ont une mémoire courte, que la plus part des problèmes que nous vivons aujourd’hui sont la conséquence de cette longue dictature.

Les descendants des tenants de cette dictature appuyés par leurs suppôts sont nombreux parmi ceux qui veulent remettre le Burundi à genou ou à défaut sous tutelle. La nostalgie les pousse et les pousse encore. Pendant la dictature ils étaient toujours en première ligne pour étouffer dans l’œuf toute velléité de revendication démocratique, le mouvement insurrectionnel très violent qu’ils animent aujourd’hui afin de bloquer définitivement le processus démocratique n’est qu’une continuité de leur conviction profonde. Que les naïfs se réveillent.

C’est aussi le laxisme au niveau de l’application des lois en vigueur depuis le retour de la démocratie que les impunis d’hier continuent à narguer tout le monde et qui profitent de ce contexte pour inverser les rôles en se mettant à la place de leurs victimes d’hier. Citoyens il faut que justice soit faite pour que le Burundi retrouve son titre de Nyaburunga.
De toute façon, nous attendons à ce que nos dirigeants appliquent la constitution rien que la constitution. La cour constitutionnelle a tranché, organisez-nous les élections à la période prévue et nous viendrons trancher à travers les urnes.

Minani Pontien