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Les ministres des affaires étrangères du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie sont arrivés ce mercredi 6 mai à Bujumbura. Ils ont entamé des discussions avec les responsables des partis politiques, certains activistes de la société et certaines autorités gouvernementales pour entendre les positions et revendications des protagonistes. Il faut signaler que cette intervention de la Communauté Est Africaine tombe au moment où l’envoyé spécial de Ban Ki-Moon dans la région des Grands mène aussi des discussions avec les organisateurs des manifestations et le gouvernement. Jusqu’à maintenant les organisateurs des manifestations campent sur leurs revendications: retrait de la candidature de Nkurunziza, mise en place d’une nouvelle équipe de la CENI et report des élections. Ce à quoi le gouvernement a opposé une fin de non recevoir tout en proposant des concessions: libération de tous les manifestants, levée des mandats d’arrêt émis contre certains activistes et réouverture de l’espace médiatique. Le ministre de l’Intérieur rejette le report des élections en accusant l’opposition et les activistes de chercher à créer un vide institutionnel dans le but d’avoir un régime de transition.

Pierre Claver Mbonimpa de l’APRODH aurait appelé l’armée à provoquer un coup d’Etat. Il considère que seule l’armée inspire confiance à la population. Une déclaration que bien des observateurs des réalités burundaises condamnent et placent dans la stratégie tant dénoncée de diaboliser la police pour séduire l’armée. Or, les deux corps ont fait montre de retenue devant des manifestants violents et très remontés contre toute personne favorable à la candidature de Nkurunziza. On note que ce mercredi, les manifestants en sont venus aux mains entre eux suite aux divergences sur la nécessité de cesser la violence. Les médias ont rapporté 9 grenades lancées entre manifestants et qui avaient été attribués au départ aux Imbonerakure.

Ces tractations des protagonistes déçoivent déjà les médiations qui font remarquer que la crise ne peut plus durer, que le fardeau des réfugiés s’alourdit chaque jour pour les pays limitrophes du Burundi et pour la communauté internationale. Certains partenaires dénoncent l’égoïsme des politiciens burundais devant la famine qui menace certains quartiers et la régression économique inévitable. C’est pour prendre leurs responsabilités si les Burundais ne s’entendent pas rapidement que le ministre tanzanien a annoncé un sommet des chefs d’Etat de l’EAC pour le 13 mai prochain en Tanzanie. Il est prévu que les chefs de la diplomatie de l’EAC rencontrent le président Nkurunziza avant de quitter Bujumbura.

A côté de ces tractations, les manifestations se sont poursuivies à Cibitoke, Mutakura, Ngagara, Bwiza, Nyakabiga, Musaga, Kinindo et Kanyosha. La police a dû recourir aux tirs à balles réelles du côté de Bwiza. A Musaga, l’armée est intervenue pour séparer deux groupes de manifestants qui s’affrontaient et avec des grenades qui ont fait beaucoup de blessés graves. Dans certains quartiers les manifestants et les policiers montraient des signes évidents de lassitude tandis que la grogne monte dans les ménages qui n’en peuvent et ne savent plus à quel saint se vouer: la misère, la dépression des travailleurs condamnés à rester chez eux jour et nuit, la rage des Imbonerakure qui s’excitent à l’idée de pouvoir entrer en scène à leur tour! Ce qui a poussé un diplomate africain à dire:”les manifestations ont fragilisé le régime de Bujumbura mais pousser trop loin risque de tout gâcher! ”

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