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Les manifestations organisées depuis le 26 avril 2015 à Bujumbura contre la candidature du Président Pierre Nkurunziza prennent une ampleur inquiétante au point que beaucoup de gens s’accordent à penser à une insurrection pure et simple. Insurrection car au moment où la police tente d’assurer la sécurité des citoyens de la capitale et de leurs biens, et de contenir les manifestants violents, ceux-ci n’hésitent aucun instant à faire usage des armes à feu. Le bilan est très lourd du côté de la police. Malheureusement, les médias et une partie de la Société civile confiants du soutien de certains groupes et puissances extérieures, plutôt que donner un message de paix, continuent à dresser ces manifestants contre la police en diffusant des slogans dénigrants, haineux et hostiles à son endroit. Que des groupes et puissances extérieures soutiennent une insurrection est inacceptable au 21ème siècle.
Je suis révolté de voir que ni l’Union Européenne ni les Etats-Unis, qui financent en grande partie l’opposition, certains Médias et Société Civile au Burundi, ne dénoncent ni ne condamnent les graves violences perpétrées par les manifestants, sous les ordres de certains acteurs politiques déguisés en Société Civile, tels que par exemple Pacifique Nininahazwe. S’agit-il, de la part de ces puissances, d’une lecture erronée de la situation qui prévaut au Burundi, ou bien d’une volonté assumée ? Des forces de l’ordre et des civils sont tués chaque jour, ce qui fait perdre aux manifestations leur sens premier et courir le risque de dégénérer.
Rappelez-vous les slogans de haine utilisés en 1993, lors de la chasse ethnique dans les quartiers de la capitale burundaise. En 1993, on utilisait les termes “Assaillant” ou “Iboro”. Aujourd’hui on utilise les termes d”Imbonerakure” ou “Interahamwe” pour désigner péjorativement une ethnie précise, la police et tous ceux qui adhéreraient de près ou de loin au parti au pouvoir. Ceci, vue l’Histoire récente de la région des Grands Lacs (génocide au Rwanda) devrait inquiéter. De tels slogans ont notamment pour objectif de séduire la communauté régionale et internationale via des sympathies ethniques et/ou politiques. Ce comportement est une humiliation envers tout un peuple qui a pourtant fait de grands efforts pour retrouver la paix, dépasser ses clivages ethniques et se réconcilier avec lui-même.
Malheureusement, comme l’Histoire l’a montré un peu partout dans le monde, le prix de l’humiliation demeure la haine, la radicalisation et la vengeance. Même si la géopolitique peut dicter le jeu, pourquoi raviver encore des tensions dans un pays qui venait à peine de sortir d’une guerre civile et était en train de panser ses blessures ? A qui profite cette situation ? Dans le contexte actuel de recours à la violence, je doute que l’équation soit facile à résoudre. C’est pourquoi j’appelle ceux qui soutiennent les manifestations à dénoncer immédiatement toute forme de violence et d’incitation à la haine, et à requérir leur déroulement pacifique. Les intérêts de quelques individus engagés politiquement et qui encouragent cette violence ne méritent pas la mort de nos concitoyens.
Par ailleurs, rappelons que le Burundi fait face à une menace terroriste en lien avec son engagement en Somalie et ailleurs en Afrique dans la guerre contre le terrorisme. Une éventuelle instabilité ouvrirait certainement un autre front sur le sol burundais. Ce qui n’arrangerait ni les contestés, ni les contestataires ni les financiers de cette violente manifestation. Que les voies légales régissant le Burundi soient respectées pour enfin résoudre tous les différends politiques à la veille des échéances électorales. Que la priorité soit donnée aux urnes et non aux armes. Ce sera une victoire non seulement pour les Burundais, mais aussi pour la communauté internationale dans son rôle de préserver la paix et la sécurité dans la région des Grands-Lacs !
Par Innocent Bano