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Décidément la manifestation des militants du parti au pouvoir de ce samedi éprouve dangereusement les nerfs des opposants et des opportunistes de tous genres au Burundi. C’est ainsi que l’on a entendu ce mardi 14 avril 2015, sur les ondes de la Radio Publique Africaine, l’ancien porte-parole du CNDD-FDD appeler au soulevement contre le régime de Nkurunziza. Onésime NDUWIMANA, chassé du parti au pouvoir et réduit au chômage, perd le nord et appelle ouvertement à renverser les institutions démocratiques élues. Il a déclaré que tous les frondeurs sont avec lui et qu’ils rejoignent l’opposition radicale et les activités de la société civile pour constituer un grand mouvement chargé de destituer Nkurunziza!

A peine venait-il de s’exprimer que l’autre oiseau de mauvais augure est entré en scène. Léonce Ngendakumana qui se réclame plus de l’ADC que du FRODEBU a abondé dans le sens de l’ancien poids lourd du CNDD-FDD. Il a clarifié l’objectif du soulevement: obtenir le départ de Nkurunziza et de la CENI, et le début d’une transition afin de bien organiser les élections. Tout est donc clair: les frondeurs et les opposants radicaux préfèrent que le pays soit plongé dans le chaos plutôt que de voir le peuple renouveler sa confiance au président Nkurunziza! Quel excès de haine! Est-ce une vengeance chaude?

Avec les revendications de Léonce Ngendakumana, il devient on ne peut plus clair que les propos de défense des accords d’Arusha sont des échappatoires. Si ces frondeurs et pêcheurs en eaux troubles mobilisent pour empêcher Nkurunziza de violer les accords d’Arusha, il faut avouer qu’ils ne proposent pas mieux: car renvoyer les élections aux calendes grecques revient à enterrer définitivement lesdits accords! Les naifs peuvent se féliciter de ce mouvement mais c’est un gouffre qu’ils préparent à la démocratie et à la nation. Ceux qui défendent les accords de paix se placent plutôt dans le processus électoral en cours et sensibiliseraient le peuple à ne pas voter pour Nkurunziza. Or, les opposants se heurtent à la popularité de Nkurunziza et s’irritent.

Toujours au chapitre des solutions folles, l’ancien président Ndayizeye disait récemment que les paysans devraient être exclus du vote! Autrement dit, il faut instaurer le vote en faveur des élites ou des riches et pourquoi pas l’exclusion des femmes et des déshérités? C’est une honte pour un personnage qui a connu l’exil, la prison, la torture et la gloire, d’être maintenant prisonnier des ambitions démesurées pour débiter des balivernes de ce bas niveau de réflexion! “Science sans conscience, est ruine de l’âme”, dit l’adage.

Les frondeurs du CNDD-FDD, les opposants radicaux ou aux abois et les activistes se coalisent pour appeler le peuple à marcher ce mercredi dans tout le pays. Pourquoi cette paralysie souhaitée du pays, le jour de travail? Est-ce une provocation de mauvais goût ou le signe que leur impatience est à son comble? Est-ce la peur de l’échec pour se dédouanner après coup en disant que les employeurs ont empêché leurs supporters de manifester? Et s’il ne s’agissait que d’un énième bluff ou rumeur bien rodée?

Ils dénoncent la candidature de Nkurunziza! Or cette candidature n’est que dans les esprits et jamais officialisée, étant donné que l’intéressé n’a fait aucun commentaire des appels du pied des militants de son parti à se présenter! Léonce Ngendakumana affirme que la candidature est déjà certaine. Et pour preuve, il cite les messages lancés par les manifestants samedi passé. C’est de bonne guerre. Mais quand on a été un président de l’assemblée nationale et qu’on aspire à diriger le pays, il faut agir dans le respect de la loi et non être guidé par des émotions ou folies.

Un appel qui provoque une avalanche de questions: le peuple va-t-il répondre à cet appel à descendre dans la rue ce mercredi? Et quel est le plan B en cas de camouflet du peuple? A notre avis, le peuple observe et reste prudent. Ces politiciens ont des passeports et des billets d’avion. Leurs familles ont été mises à l’abri. Ils veulent des sacrifices comme feu Nzeyimana du temps des villes mortes!

D’une part cette manifestation sera déclarée rapidement illégale et interdite par les autorités. D’autre part, les Burundais savent où les paralysies de la capitale ont mené le pays. Il faut dire qu’une fois la manifestation interdite, les forces de l’ordre ne vont pas encadrer mais prévenir et réprimer. Et c’est cette confrontation que souhaitent les frondeurs et les opposants car ils s’impatiennent de voir les tireurs qu’ils ont recrutés remuer les pouces trop longtemps. Et pour manipuler l’opinion internationale, ils mettent en garde contre le risque de bain de sang à cause des armes qui auraient été distribuées aux Imbonerakure. Ils oublient que les Imbonerakure étaient parmi les manifestants de samedi et qu’il n’y a eu aucun dégât! Les opposants attendent, à vrai dire, une attaque qui pourrait surprendre l’armée encore une fois du côté de la frontière avec la RDC où Alexis Sinduhije est signalé ces derniers temps.

Le complot contre la démocratie est une réalité et cela explique pourquoi certains frondeurs auraient déjà pris le chemin de l’exil et d’autres se seraient placés sous protection des ambassades occidentaes à Bujumbura. Du côté des activistes, il se raconte que personne n’oserait prendre la tête de cette manifestation mais que des sommes seraient en train d’être proposées aux conducteurs de taxis véls et aux motards. Ces derniers peuvent jouer malin: empocher le pactole et ne pas s’exposer aux pluises de cocktails molotov et des gaz lacrymogènes que les forces de sécurité se jurent d’utiliser en cas de mépris des décisions des autorités en place. Espérons que les opposants vont écouter les conseils de ce haut commissaire des droits de l’home qui appelle à la retenue. Le congrès du CNDD-FDD serait prévu pour le 25 avril. Et même après ce congrès, la manifestation d’envergure n’aura pas lieu. Wait and see.

Paul Sorongo