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Ce weekend, pour la première fois depuis 1961, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a dialogué avec son homologue cubain Raul Castro lors du Sommet des Amériques qui se tenait au Panama. Le jeudi précédent, le département d’Etat américain avait recommandé de retirer Cuba de la liste des sponsors du terrorisme d’Etat, une première étape vers la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays.

Bien sûr, ce dégel des relations n’est pas fortuit, et les deux parties ont de bonnes raisons d’engager cette évolution. The Economist a recensé les plus importantes :

Côté Américain :
◾Aux Etats-Unis, la politique d’isolement diplomatique et commercial de Cuba a été un échec complet. Elle n’a pas réussi à briser le régime castriste, en revanche elle a nui au peuple cubain, et favoriser l’anti-américanisme dans les autres pays de l’Amérique du Sud.
◾Désormais, les Américains d’origine cubaine qui souhaitent le maintien de l’embargo ne sont plus qu’une minorité. Les sondages montrent que les Américano-cubains les plus jeunes souhaitent sa levée et ils soutiennent la politique d’Obama.
◾Le rapprochement avec Cuba est aussi une manière de remercier les électeurs Latinos américains qui ont voté pour Obama.
◾Il améliore également l’image des Etats-Unis en Amérique Latine, et favorise le rapprochement avec le Venezuela.

Côté cubain :
◾Le Venezuela envoyait chaque jour près de 100 000 barils de pétrole à Cuba, et lui accordait entre 5 et 15 milliards de dollars d’aide chaque année. Mais avec la chute des cours du pétrole, ce pays a perdu une grande partie de ses revenus et il est très peu probable que ces largesses vont se poursuivre dans le futur. Cuba doit donc trouver une nouvelle source de devises, et l’arrivée de touristes américains, rendue possible par l’assouplissement des restrictions en matière de voyages, devrait permettre de remplir cet objectif.
◾Le gouvernement cubain est aussi soucieux de faire un geste en faveur de la population du pays qui connait toujours les mêmes difficultés économiques, malgré les réformes de libéralisation des entreprises mises en place à l’arrivée de Raul Castro au pouvoir en 2008.
◾Depuis décembre, et l’annonce de l’assouplissement de l’embargo, la population cubaine est de plus en plus pro-américaine et optimiste. Le dégel des relations avec les Etats-Unis a augmenté les attentes de la population et pour la satisfaire, le gouvernement n’a politiquement pas d’autre choix que d’assouplir le régime.

Des sociétés américaines telles que Airbnb, le site de réservations de chambres chez l’habitant, Netflix, le site de programmes de divertissement, et IDT international, une société de téléphonie, ont exploité les nouvelles règles commerciales définies par Obama pour attaquer le marché cubain et contourner le monopole d’Etat.

« Soucieux de ce que cette libéralisation économique signifiera pour son régime, M. Castro se concentre dans un premier temps sur les questions diplomatiques, telles que le désir de Cuba d’être rayé de la liste américaine des sponsors du terrorisme, avant que les deux pays ne rouvrent leurs ambassades. Lorsqu’on en arrivera à la levée de l’embargo, cependant, il pourrait tranquillement s’inquiéter que la vague résultante de commerce et d’investissements ne le balaye hors du pouvoir avec sa clique dirigeante, une bonne fois pour toutes », conclut le journal.