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Le Président Pierre Nkurunziza est en visite au Rwanda où il a rencontré ce matin à Huye (Sud du Rwanda) son homologue Paul Kagame. Au menu des échanges: la question des Burundais qui fuient vers le Rwanda en avançant des arguments liés à l’insécurité. Le président Nkurunziza est allé solliciter la compréhension des autorités rwandaises et souligner que ceux qui fuient ne sont nullement menacés mais qu’il y a une famine que le gouvernement s’efforce de juguler. Il a bien entendu eu à regretter qu’à l’approche des élections, certaines puissances occidentales financent les activistes et certains médias au Burundi pour qu’ils multiplient des rumeurs et fassent croire à une crise grave dans le pays! Le président rwandais qui est partisan d’une prise de conscience des Africains dans leur droit de décider de leur destin, a-t-il compris son homologue?

Déjà les ONG internationales commencent à alerter contre un retour forcé des réfugiés! Elles se préoccupent tout à fait logiquement du sort de ces “donneurs d’emplois” car le retour des réfugiés serait synonyme de perte d’emplois pour ces spécialistes du business de l’humanitaire! Les témoignages des Burundais vivant dans les communes des provinces de Kirundo et de Muyinga qui sont restés sur place sont rejettés par les ONG internationales. Et pourtant, il est attesté que ces réfugiés faisaient face à la famine et que les menaces liées à l’insécurité sont fabriquées par certains hommes politiques et activistes de la société civile burundaise. Dans ces conditions, le Rwanda est fondé à envoyer des experts sur place au Burundi et à répondre favorablement à la requête du Burundi.

Une campagne conjointe (gouvernement burundais et rwandais) de sensibilisation au retour des réfugiés pourrait démarrer bientôt. Il faut dire que les conditions précaires dans les camps de réfugiés seraient déterminantes pour ce retour. Et l’arrivée des réfugiés, malgré les aides des ONG et du gouvernement rwandais constitue toujours une menace à l’environnement et au marché de l’emploi. Ces Burundais ont le droit d’être protégé contre les manipulations et contre toute exploitation.

Sous un autre angle, le haut commissaire de l’ONU chargé des droits de l’homme est en visite au Burundi depuis le dimanche 12 avril. Il est prévu une table ronde régionale sur la question des droits de l’homme dans la région es Grands Lacs. L’ONU compte attirer l’attention sur l’importance de réussir les processus électoraux pour éviter que l’échec ne débouche sur des rivalités sanglantes. L’ONU se base sur l’importance du nombre d’élections prévues dans la région dans un intervalle de 2 ans: au Burundi, en RDC, en Tanzanie et au Rwanda! Cette table ronde est censée donner un signal fort aux décideurs et acteurs étatiques et non étatiques afin qu’ils se préoccupent de la question des droits de l’homme.

Le haut commissaire de l’ONU Zeid Ra’ad Al Hussein mène des consultations à Bujumbura. Il a rencontré les responsables de la société civile. Une séance de travail prévue avec le président de l’assemblée nationale n’a pas eu lieu et a été reportée pour des raisons de calendrier. La RPA est sautée sur cette information du report pour accuser le gouvernement d’avoir empêché cette rencontre. Comme le haut commissaire est encore à Bujumbura, la rencontre pourra avoir bien lieu. Et à coup sûr, la RPA n’y reviendra pas. Elle est intéressée par des scoops et tout ce qui est sensationnel!

Toujours au chapitre de l’actualité burundaise, le pape François a évoqué le génocide commis au Burundi depuis l’accession à l’indépendance et qui a touché l’ethnie Hutue. 43 ans après, le génocide commis par la junte militaire au pouvoir de 1966 à 2003 vient d’être dénoncé par une personnalité très importante: le souverain pontife! Les cérémonies de commémoration du génocide de 1972 se déroulent surtout dans les communautés de la diaspora burundaise au Canada et en Belgique.

Depuis 1972, le mois d’avril est un mois de deuil dans des milliers de familles burundaises. Et cela bien avant ce deuil tant médiatisé du génocide rwandais de 1994. Evidement tous ces deuils invitent à la retenue et à être au service de la vie.

Paul Sorongo