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Ces derniers temps et à la veille des élections générales prévues cet été au Burundi, la communauté internationale, et surtout les partenaires du Burundi, sont plus que jamais mobilisés pour aider le Burundi à organiser ces élections dans un environnement apaisé, transparent et inclusif. Toutefois, comme dans la plupart des pays où des élections sont organisées sur fond d’une histoire récente de guerre civile, au Burundi, des incompréhensions politiques tant du point de vue logistique que constitutionnel s’enlisent de plus en plus.

Alors que du côté du gouvernement burundais on rassure; du côté de l’opposition et de la société civile radicales on n’y croit pas, et une certaine opinion est à pied d’œuvre pour faire avorter par tous les moyens ces élections et initier un gouvernement de transition. Ces dernières, en misant sur certaines sensibilités occidentales, parcourent les capitales occidentales pour alerter les partenaires et bailleurs de fonds du Burundi sur certains préalables et des éventuels risques de la tenue de ces élections. Certes, cette démarche est tout à fait normale, car tout partenaire soucieux d’aider le Burundi a besoin d’être informé, de consulter et de conseiller toutes les parties concernées ; l’objectif étant en effet d’organiser et d’avoir des élections apaisées, transparentes et inclusives. Mais il est déplorable de constater que parmi ces partenaires, certains prennent au pied de la lettre les propos des leaders de cette opposition et de cette société civile, en les relayant haut et fort tout en ignorant les réalités sur le terrain. Or un partenaire ne peut pas être juge et partie. Un tel comportement donc (à l’instar de la proposition de résolution du Parlement Européen, du Parlement Fédéral Belge ou encore de la fameuse sortie médiatique de la Représentante Permanente des USA aux Nations Unies, Madame Samantha Power, lors de la visite des membres du Conseil de Sécurité au Burundi début mars, etc.), plutôt qu’aider à atteindre cet objectif, constitue de l’interférence et peut contribuer à rallumer les tensions entre Burundais.

En effet, sans tenir compte de l’histoire récente du Burundi et en usant d’un positionnement international pour donner un message musclé à une partie, ces déclarations risquent d’une part de semer la peur au sein de la population et d’autre part de galvaniser les ambitions des partisans de la violence. Plus les déclarations se multiplient, plus l’opposition et la société civile croient voir un feu vert pour enfin en découdre avec le pouvoir en place, par tous les moyens. Devant une telle menace, nul ne peut imaginer une seconde que le pouvoir va baisser les bras, surtout lorsque ces comportements mettent en danger la paix au Burundi. La dernière attaque de Cibitoke en dit plus. Dans une telle situation, où la majorité des Burundais ne rêvent que de continuer à vivre en paix, il est du devoir et de la responsabilité des partenaires du Burundi de s’abstenir de faire des déclarations et/ou résolutions pouvant compromettre les incontestables acquis de paix enregistrés au Burundi ces dernières années.

Pour conclure, il est donc urgent que les partenaires du Burundi interpellent toutes les parties concernées par ces élections, pour leur signifier que leurs déclarations ne visent pas à soutenir l’une ou l’autre partie, et que par conséquent toute exploitation de leurs propos dans une démarche belliqueuse, de déstabilisation, ou de prise de pouvoir par la force, relève d’une dérive insupportable. Le combat pour un Etat de Droit étant partagé, le pouvoir, l’opposition et la société civile doivent laisser la place à la loi pour dissiper leurs différends ou incompréhensions politiques. En l’absence donc d’un tel message de paix de la part de l’ensemble des partenaires du Burundi, chacun devra un jour répondre de ses responsabilités devant l’humanité et l’histoire. Au 21ème siècle, le Burundi et les Burundais n’ont pas besoin d’un partenariat qui contribue au conflit et à la violence, mais d’un partenariat qui unit les peuples et in fine contribue plutôt à leur bien-être.
Par Innocent BANO